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monceau de ruines au milieu duquel on aperçoit à peine quelques restes de piliers encore debout. Suivant l'au teur qui n'a pu recueillir que des données assez vagues, l'église était, comme toutes celles de l'ordre, d'une grande simplicité à son extérieur; le plein cintre et l'ogive y étaient mélangés; sa forme était celle d'une croix latine; deux clochers se dressaient, l'un à l'extrémité du transept septentrional et l'autre au centre de la croisée; un simple porche peu orné y donnait accès du côté de l'ouest. Elle avait 400 pieds de long sur 80 de large; sa voûte était soutenue par 44 colonnes; 18 chapelles régnaient à son pourtour. Les deux collatéraux étaient surmontés de galeries (ou tribunes) dont les ouvertures donnaient sur la graude nef; ils se prolongaient le long du cœur, mais n'en faisaient pas le tour; cette partie de l'édifice se terminait carrément comme à la cathédrale de Laon; il n'y avait donc ni abside, ni chapelles rayonnante; les dix-huit chapelles dont parle l'auteur devaient être appliquées le long des bas-côtés.

L'histoire de l'abbaye de Foigny est écrite dans un style simple, clair et précis, celui qui convient à l'archéologie sérieuse. On y trouve une foule de détails précieux sur la manière dont les biens des monastères étaient administrés et sur les causes qui concoururent à leur ruine.

Un reproche qu'on serait tenté d'adresser à l'auteur, c'est de n'avoir pas assez souvent cité les sources auxquelles il avait puisé, en un mot de n'avoir pas appuyé son récit de plus de preuves incontestables.

Un des chapitres les plus intéressants du livre de M. Piette est celui qu'il a consacré à la fondation de Landouzy-la-Ville.

En 1468, Raoul Ier de Coucy, seigneur de Vervins et de Marle demande à Foigny pour prix des services qu'il lui a rendus, la concession d'une portion du territoire d'Eparcy, afin d'y bâtir une ville dont lui et l'abbé de Foigny

seraient les seigneurs communs. Cette demande lui est accordée, et trois cents muids de terre sont abandonnés à Raoul, à condition que cette nouvelle seigneurie, la › justice, le terroir, ban, forfaiture, assises, cens, rentes, › et tous les profits seraient communs à Foigny et au » seigneur de Marle, sauf la dîme tant grosse que menue › et la grande place du lieu, lesquelles appartiendraient › à l'abbaye seule, comme seigneur primitif;

› Que le maire de la ville serait établi d'un commun › consentement, et prêterait serment aux deux seigneurs ¿

» Que Raoul ferait bâtir une maison pour lui en forme de › château, pour servir de défense audit lieu, et que l'abbaye en ferait autant. »

Aussitôt après que cette convention eut été conclue, on s'empressa de défricher le sol; un vaste parallélogramme fut destiné à former la place publique; sur un côté s'éleva l'hôtel-de-ville; sur l'autre l'église qui fut construite aux frais de l'abbaye par les frères convers. A cette place vinrent aboutir quatre rues principales coupées par des rues latérales On construisit et on dota même un hôtel-Dieu, une maladrerie, un couvent de cordeliers et une maison de béguines.

Pour attirer des habitants, les deux seigneurs firent annoncer qu'ils donneraient un héritage en toute propriété à quiconque viendrait s'établir dans leur ville, et ils publièrent une charte communale où leurs droits et priviléges, ainsi que ceux qu'ils concédaient aux bourgeois, furent consignés. On répondit de toute part à leur appel, et de tous côtés s'élevèrent bientôt de nombreuses maisons.

En 1243, les bourgeois de Landouzy-la-Ville obtinrent de Thomas II, seigneur de Vervins, une nouvelle charte

confirmative de la première. La découverte de cette dernière charte qu'a faite M. Piette, paraît avoir d'autant plus d'importance qu'elle serait la reproduction de celle de Vervins, qui manque aux archives du pays.

On conçoit que la bonne harmonie ne régna pas toujours entre les deux seigneurs de Landouzy. Cette communauté d'intérêts amena par la suite bien des sujets de difficultés et de dissentiments entre l'abbé de Foigny et le châtelain de Marle.

Il est à regretter que M. Piette n'ait pas joint à son ouvrage un plan qui aurait fait connaître ce qu'était dans cette partie de la France une ville fondée au moyen-âge.

M. F. de Verneilh (1) et M. V. Petit, notre collègue (2) dans des essais sur l'architecture civile à cette époque, sont arrivés à ce résultat assez inattendu que les bourgs ou villes fondés pendant les 12, 15 et 14° siècle ont été. élevés sur un plan régulier, les rues et les places se coupant à angle droit, de sorte que rien ne serait plus faux que cette opinion généralement admise à savoir que ville gothique est nécessairement synonime de ville irrégulière et mal alignée, d'amas confus de maisons.

La Société trouve que la question est assez importante. pour qu'on recherche si le tracé primitif de la ville de. Landouzy pent conduire à la même conclusion.

M. l'abbé Poquet voudrait savoir sur quels documents positifs et incontestables repose l'opinion qui, dans le. midi comme dans le nord de la France, suppose qu'au, 12e siècle on n'a bâti les villages et les villes que sur des plans réguliers. Il demande si, dans l'espèce, Landouzy-. la-Ville offre encore ce tracé régulier dont parle M. Piette, A moins de pièces authentiques conservées dans les

(1) Annales archéologiques, vol. 6, p. 70; 1847.
(2) Idem,
P. 305

archives ou incontestablement certifiées par la configuration du sol, M. Poquet croit qu'il ne faut pas admettre légèrement et d'une manière absolue un système de construction qui, dans la pratique, a pu souffrir de nombreuses exceptions.

M. Decamp ne connait rien qui puisse justifier l'assertion de M. Piette. L'honorable membre fait mention d'un camp romain qui, d'après la tradition, existerait au bois des Huttes.

M. Daras fait une appréciation du cartulaire de SaintLéger de Soissons.

MESSIEURS,

Le cartulaire de l'abbaye de Saint-Léger, recueil officiel de tous les actes émanés de l'autorité soit civile, soit ecclésiastique en faveur de ce monastère, forme un vol. in-4° de 76 folios parchemin, reliare moderne, sans compter les feuilles de garde qui contiennent elles-mêmes deux diplômes du 45° siècle.

Ce manuscrit altéré, déchiré même en plusieurs endroits, est néamoins, quant à l'écriture, d'une conservation parfaite. Sa découverte, dans un moment où l'architecture de cette abbaye semble offrir à la discussion un des plus intéressants problèmes de l'art Soissonnais, est un avantage réel. Il renferme quatre-vingt-quatorze chartes ou diplômes et deux inventaires des possessions de l'abbaye de Saint-Léger sur la commune d'Epagny.Vingthuit de ces chartes ne sont pas datées; parmi les soixante-six qui sont datées, une seule appartient au 11. siècle. Vingt-huit ont été successivement données pendant le 12e siècle; le 13° siècle en possède trente-quatre; le 14° siècle une et le 15° siècle deux.

De ces quatre-vingt-quatorze chartes, soixante éma

nent de l'autorité ecclésiastique et trente-quatre de l'autorité civile. Dix bulles sont accordées par les souverains pontifes de Rome; dix-sept chartes furent délivrées par les évêques de Soissons, et vingt-cinq par les comtes de la même ville. L'archevêché de Reims, la commune de Soissons, l'officialité, la prévôté, les abbés et abbesses des environs, le comte de Flandre, les sires de Coucy et de Pierrefonds, Guidon de Cuffies et Sterus d'Epagny y sont tous représentés séparément par quelques diplômes.

Le manuscrit paraît divisé en deux parties dont la première contient les chartes du 12o siècle, et la deuxième les chartes du 15° siècle. En dehors de cette distinction, aucun ordre n'a présidé à leurs arrangements, ni l'ordre chronologique des dates, ni celui des diverses autorités de juridictions hiérarchiques dont elles émanent.

Cependant la plupart des bulles de Rome sont placées au commencement; quelques-unes de ces chartes ont été publiées, mais peu fidèlement. C'est ainsi que Regnault qui a édité la charte de Conon, sire de Pierrefonds, remplace la véritable date de 1466, par la date énoncée 1176.

Un certain nombre des chartes originales dont la copie a été transportée sur ce cartulaire, s'était conservé jus-, que dans les derniers temps à Saint-Léger, car dans le manuscrit, une main plus moderne a noté en marge que. la charte du comte Raoul de Nesle et le vidimus de l'évêque Jacques de Basoches de 1259, se voyaient en original sur parchemin au chartier de Saint-Léger.

Sans préjuger ici la date de l'écriture et l'authenticité. du manuscrit, question qui mérite de faire le sujet d'une dissertation à part, on peut dire que les caractères em-. ployés par les scribes, sont: 1° le caractère minuscule; 2 le minusculo-cursif, et 5o la cursive.

Caractère minuscule.

-

On distingue dans le manuserit quatre espèces de minuscules. La première est la

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