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bois Ferain; 2° une médaille de Notre-Dame de Liesse, en forme de croix de Malte.

M. Daras demande ce que l'on pense d'une petite statuette représentant la Sainte-Vierge tenant l'enfant Jésus, Les pieds de la vierge reposent sur un cul-de-lampe occupé par un angelot.

La Société croit que cette statuette ne remonte pas au-dela du 16e siècle.

M. Lecomte avertit la Société que de nouveaux travaux vont s'exécuter à l'église du Mont-Notre-Dame, et qu'il serait utile de les surveiller.

M. le curé de Missy-Sainte-Radegonde demande à la Société quelques avis sur le projet qu'auraient la fabrique et le conseil municipal de relever en commun les murs des bas-côtés et la voûte de l'église paroissiale. Il voudrait l'édifier et sur la question d'art, et sur la dépense présumée.

La Société ne pouvant donner, séance tenante une réponse positive aux diverses questions qui lui sont adressées, se propose de faire une visite à l'église de Missy, afin de se renseigner plus complètement.

La question des membres adjoints proposée dans la deruière séance est ajournée sans recevoir aucune solution.

M. Branche promet un travail sur une verrière de la cathédrale, où il croit avoir découvert ung des plus intéressantes légendes.

M. de Laprairie croit qu'il serait utile de recueillir les divers usages que l'on voit pratiqués dans différents villages, et dont la disparition ôtera à une foule de localités leur type original.

M. l'abbé Poquet rend compte à la Société d'une visite qu'il a eu occasion de faire à l'église de St-Simon, cheflieu de canton de l'arrondissement de Saint-Quentin.

Église de Saint-Simon.

MESSIEURS,

Depuis quelques années, plusieurs constructions religieuses ont été entreprises dans notre département. Les communes de Dallon, de Manicamp, de Bernot, de Brissay-Amégicourt ont eté dotées de nouvelles églises. J'ai entendu parler avec éloge des églises de Brissay et de Bernot que je ne connais pas, Je n'ai aperçu que de loin celle de Dallon; on sait ce que je pense de l'église de Manicamp (4). Je n'ai donc pas à vous entretenir aujourd'hui de ces édifices, mais de celui qu'on achève en ce moment à l'extrémité du diocèse, à Saint-Simon. Vous me pardonnerez, Messieurs, de me prononcer avec une entière franchise sur la valeur esthétique de cette nouvelle construction; car s'il rentre dans les attributions de la Société d'étudier et de conserver les monuments que nous ont légués nos pères, c'est aussi un devoir pour nous de prévenir les restaurations maladroites et de blimer les constructions vicieuses.

Si nous en croyons des personues bien informées, cette église aurait déjà eu tous les malheurs du monde. Et, bien qu'on n'ait pas eu à lutter contre l'influence de ces puissances mystérieuses qui, au moyen-âge, s'opposaient assez souvent à la continuation des monuments utiles, on a éprouvé des contrariétés de toutes sortes pour arriver à son parfait achèvement. Et, encore qu'est-on parvenu à faire avec une somme assez considérable, une position magnifique, des matériaux sous la main? Nous n'osons le dire. Mais les détails dans lesquels nous allons entrer justifieront la raison d'une critique légitime.

(1) Voir le Bulletin de la Société historique et archéologique de Soissons, tome 11, page 62.

La terre de Saint-Simon était autrefois le siége d'un duché-pairie, et le château était célèbre pour avoir donné naissance au duc de Saint-Simon, fameux par son crédit sous la régence et auteur de mémoires historiques d'un puissant intérêt. C'est aujourd'hui un chef-lieu de canton et d'une population d'environ 500 habitants.

Le château et la vieille église ont disparu, et sur leurs ruines on a élevé un nouveau château et une nouvelleéglise. Cette dernière est bâtie sur la pente méridionale. qui s'affaisse sur le canal et domine toute la campagne. De quelque côté qu'on arrive à Saint-Simon, on voit poindre de loin son clocher et resplendir au soleil ses murs de briques vernissées d'un rouge écarlate; mais. on regrette d'avoir sous les yeux une abside aveugle, où l'on n'a pas assez multiplié les ouvertures, une flèche octogonale hérissée de crochets de zinc, des fenêtres à. meneaux de bois comme si la pierre était introuvable dans ces contrées. Puis quand on examine de plus près, peut-on approuver le choix qu'on a fait d'un style d'architecture batard et réprouvé par tous les hommes de goût? Le style ogival du 15e siècle, celui qui a bâti les cathédrales de Laon, de Soissons, les églises de St-Quentin, de Marle, de Braine, d'Essommes, de Longpont, et dont nous retrouvons des modèles jusque dans les plus simples chapelles de village, nous eût certes paru plus convenable et plus digne. Et pourquoi donc, quand nous avons été bercés à la vue de tels chefs-d'œuvre de foi, de piété et de pureté architectonique, irions-nous nous prendre d'amour pour cette dégénérescence de l'art, où l'on reconnaît à peine, à travers de dangereuses innovations, les derniers reflets de je ne sais quel flamboyant marié à toutes les bizarreries de l'architecture moderne?

Expliquons-nous et formulons nettement notre pensée; on a droit de nous demander nos preuves, les voici : Commençons par l'extérieur.

Et d'abord l'abside, masse pentagonale, sans fenêtres inférieures, offrant des trumeaux d'une lourdeur excessive à l'intérieur. Dans le haut, des fenêtres écrasées sans arcature ni archivolte.

Nef. Contreforts surmontés d'une pierre pyramidale conique du plus disgrâcieux effet.

Fenêtres. Meneaux en bois et d'une configuration dont nous défions de trouver des exemples dans aucun monument important.

Clocher. Porte græco-romaine en anse de panier, pignon hors d'œuvre, tour avec fenêtres accolées de tores trapues du bon milieu du 12e siècle. On ne dira pas que nous sommes sévères... Hâtons-nous de franchir le seuil du temple. Il y aura ici de quoi nous édifier.

Il faut cependant en convenir, nous sommes quelque peu surpris, de voir reproduites ici les fautes que nous venons de blâmer à l'extérieur. Le dessous du portail nous écrase, et à vrai dire, entre ces masses qui nous laissent à peine respirer, nous n'aimons pas ces cages en bois, beaucoup mieux placées dans un magasin de nouveautés. Autrefois, on ménageait un escalier dans l'épaisseur des murs, ou bien, on le flanquait dans une tourelle gothique. Mais On n'avait pas encore imaginé de ces spirales à jour, aussi inconvenantes qu'elles sont déplacées dans nos églises. Peut-être l'architecte craignait-il pour son œuvre? Car it paraît que le malencontreux clocher s'était écroulé une première fois, et si l'on en croit la tradition locale, pour le finir, on aurait été obligé de recruter des ouvriers étrangers. Nous ne garantissons pas tout le merveilleux de cette poétique légende; mais nous pouvons assurer que rien n'était plus facile que de faire ce dont nous parlons.

Passons donc vite sous cette arcade; pénétrons dans la nef; elle se présente bien, les proportions en sont bonnes, de grandeur convenable. El'e produirait assuré

ment un très bel effet si la voûte n'était pas trop basse et à plein-cintre surbaissé. Les colonnes n'ont de bien que le fût; la base et les chapiteaux sont mauvais. Les sculptures ne naissent pas de la corbeille du chapiteau, mais elles paraissent clouées à des intervalles qui laissent trop de nu, Le tailloir n'offre qu'une corniche décharnée et sans grâce.

Ne parlons pas des nervures; ce sont de simples arètes profilées en platre, sans beauté, sans durée possible. et dont les retombées pleines de maigreur rentrent de plusieurs centimètres sur les chapiteaux, ou saillissent d'une manière démesurée.

Nous n'approuvons pas non plus ces culs-de-lampe en carton-pierre qui soutiennent les nervures des petites nefs. Il y a dans ces ornements délicats quelque chose de grêle et de mesquin qui s'agence mal avec la sévérité, et en quelque sorte la perpétuité de l'architecture religieuse.

Avançons jusqu'au choeur pour y trouver une balustrade en bois que nous voudrions voir disparaître; on nous dispensera d'en dire les motifs. Le chœur lui-même nous parait trop étroit, trop hermétiquement fermé sur les côtés latéraux. Nous ferons le même reproche au sanctuaire, et nous trouvons que cet autel relégué dans le foud de l'abside est sans convenance et sans dignité. Le prêtre n'y représente pas le sacrifice du calvaire qui s'accomplissait sur le haut de la montagne; c'est plutôt le tombeau enfoncé dans le flanc de la colline.

Ne demandez pas à voir la sacristie, on vous ferait passer par une de ces portes carrées qui s'ouvrent sur le chœur, puis descendre un escalier de douze à quinze marches, et vous vous trouveriez dans un petit caveau de cinq mètres environ sur trois de large; on croirait plutôt une crypte ou un endroit réservé pour loger au besoin les objets ou rentes de la fabrique.

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