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de l'année, sans doute celui de la fête du patron, où l'on mettait aux enchères la première contre-danse, et l'habitant du village qui avait fait la plus belle offrande à la chapelle de la sainte Vierge devenait l'adjudicataire (1).

Je dois parler encore d'une coutume beaucoup plus conforme aux idées que nous nous faisons des siècles de foi naïve qui ont précédé le nôtre. On célébrait tous les ans, à la messe de minuit, la fête des Bergers. Nous avons peu de détails sur les cérémonies qui s'y pratiquaient ; nous savons seulement que les pasteurs de Berzy se rendaient en procession à l'église pour y faire l'offrande d'un agneau mâle sans tâche. C'était un précieux souvenir des mœurs patriarchales des Hébreux. La même cérémonie s'est conservée, jusqu'à ces dernières années, dans plusieurs paroisses du diocèse de Soissons.

M. de Laprairie fait passer ensuite, sons les yeux de la Société, une médaille en argent de Tibère portant cette inscription :

Ti Cæsar divi Aug. F. Augustus Titi (2).

Rev. Pontif. Maxim.

Figure assise, tenant de la main droite une lance, et de la gauche un rameau.

M. Destrez montre aussi trois médailles trouvées à Condé en draguant dans l'Aisne: un Néron, un Justinien, et une fruste et illisible,

Le Président,

DE LAPRAIRIE.

Le Secrétaire,

L'Abbé POQUET.

(1) Mémoires manuscrits du chanoine Cabaret.

(2) De Tibère Laurée.

DE LA

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE HISTORIQUE

ET SCIENTIFIQUE

DE

SOISSONS.

MEUVIÈME SÉANCE.

Mardi fer Octobre 1850.

Présidence de M. de Laprairie.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. Tauxier, graveur à Paris, est nommé membre correspondant.

OUVRAGES OFFERTS.

Essai sur la vie des frères Lenain, peintres Laonnois. In-8°, de 50 pages in-8°, par M. Champfleury.

Des dictons historiques et populaires de Picardie, par M. l'abbé Jules Corbelet. In-8°, de 15 pages.

Rapport fait à l'académie des inscriptions et belles lettres, par M. Lenormant. In-4o, de 35 pages.

Soissons en 1814, ou récit de son invasion, par M. Letellier, offert par M. Decamp.

M. Lemaire fait don à la Société de plusieurs monnaies romaines et de la renaissance. Un Dèce, deux Faustine, une pièce de Lorraine en argent de Louis XIV, une

amulette russe. Ces objets ont été trouvés à Saint-Crépin le Grand, près de la propriété de M. Lemaire.

CORRESPONDANCE

COMMUNICATIONS.

M. de Bussières, représentant du peuple et membre de la Société, écrit à M. le président :

< MONSIEUR,

› Les précieuses découvert s que l'on doit aux fouilles si habi lement dirigées par la Societé que vous avez l'honneur de présider, ont fait connaitre d'une manière précise l'emplacement d'une ville romaine depuis longtemps ensevelie sous les décombres, et dont les antiquaires n'avaient pu conserver que le nom et le souvenir. La Société archéologique de Soissons, à l'aide d'ur. fonds modique mis à sa di-position par le gouvernement, a exhumé quelques portions de la ville d'Arlaines (Aureliana), située sur les limites de la commune de Fontenoy; il serait fâcheux que ce travail fût interrompu faute de fonds, et il serait bien à désirer, ce me semble, qu'une souscription donnât la faculté de poursuivre cette intéressante entreprise, jusqu'au moment où une nouvelle subvention de l'Etat permettrait d'achever les recherches commencées.

Si cette idée était goûtée, je serais heureux d'avoir fourni à la science mon faible contingent, en priant la Société archéologique de m'inscrire pour la somme de 50 francs dans la souscription que je lui propose d'ouvrir à cet effet.

» J'ai l'honneur d'être avec les sentiments les plus distingués,

› Monsieur le Président,

» Votre très humble et très dévoué serviteur.

> Signé DE BUSSIÈRES,

› Représentant du peuple. >

La Société s'est empressée d'accueillir la proposition de l'honorable membre. Une souscription immédiate

ment ouverte a permis de reprendre les travaux. Il a été décidé qu'une somme de 200 francs provenant, en entier de la cotisation des sociétaires, serait employée à continuer les fouilles si intéressantes de la ville d'Arlène. Une demande sera adressée à M. le ministre pour l'engager à accorder un secours.

M. de Villefroy croit qu'il serait utile de recomencer les nouvelles fouilles par dégager entièrement le gros mur que l'on a rencontré au nord.

M. de Bussières pense qu'il sera très difficile de déterminer la nature de cet établissement, si l'on ne peut laisser les constructions à découvert. Il cite un fait devenu aujourd'hui populaire qu'en 1814, lors de l'invasion de notre territoire, les alliés demandaient la distance qu'il y avait de Soissons à la ville d'Arlène.

M. de Laprairie voudrait qu'on pût se procurer les cartes dont les Russes se seraient servis en cette circonstance.

M. l'abbé Poquet ne pense pas que les Russes aient eu des cartes plus anciennes et plus exactes que celles que uous possédons; on aura mal interprété, selon lui, le renseignement que des officiers étrangers pouvaient demander. Leur idiome slave, leur prononciation défectueuse n'auraient-ils pas donné le change à ceux qui les écoutaient? Delà, à une erreur complète, il n'y a qu'un pas; c'est ce qui est arrivé très vraisemblablement. Il y a plusieurs siècles qu'Arlène a disparu, et la villa d'Arlène, quelle que soit son origine et son importance d'autrefois, n'a probablement été qu'un camp romain qui n'a laissé nulle part, pas même dans les cartes de géographie, ni célébrité, ni souvenir dans l'histoire du pays. Comment admettre que les conquérants du nord, dans leur course rapide, aient songé à en demander des nouvelles et à réveiller Arlène de son long et paisible sommeil? Cette résurrection d'un monument qui n'est

plus n'appartenait qu'à la société. A elle seule done toute la gloire de cette curieuse découverte.

M. de Courval demande quelle a été la destination de ce vaste établissement, et à quelle époque il a pu être construit.

M. Lemaire serait porté à voir une ancienne maladrerie, parce que ce lieu est encore ainsi désigné.

I parait hors de doute, à M. Pécheur et à la plupart des membres de la Société, que cet établissement est plus ancien. Les fragments de mosaïques, les médailles, les fibules, les murs en petit appareil, les aqueducs pavés, les grandes tuiles à rebord semblent attester une origine romaine. Mais la Société n'ose encore se prononcer sur sa destination. Elle n'a pas encore recueilli assez de faits pour émettre une opinion qu'elle puisse défendre. Les nouvelles fouilles l'aideront, sans doute, à résoudre cet intéressant et obscur problème.

M. Bretagne, inspecteur des contributions à Laon, envoie une notice sur un fait obscur de l'histoire de Soissons, mais qui peut avoir son importance comme renseignement pour l'histoire locale.

DENIER INÉDIT

De Robert II, roi de France,
FRAPPÉ A SOISSONS.

La plupart des auteurs qui ont écrit sur l'histoire de Soissons sont d'accord sur cette circonstance, que Hugues Capet, après son avénement au trône, pour récompenser la famille de Vermandois de l'appui qu'il en avait reçu et continuer à se la rendre favorable, aurait cédé,

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