Imágenes de páginas
PDF
EPUB

DE LA

SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE HISTORIQUE

ET SCIENTIFIQUE

DE

SOISSONS.

DEUXIÈME SÉANCE.

Mardi 5 Février 1850.

Présidence de M. de Laprairie.

CORRESPONDANCE.

M. le président donne connaissance d'une circulaire de M. le ministre de l'instruction publique contenant les recommandations dans le but de régulariser et d'assurer le service d'échange et de transmission des publications entre les compagnies savantes.

La Société académique de Saint-Quentin, désirant entrer en relation avec la Société de Soissons, lui propose l'échange de ses publications.

Le président de la Société d'émulation d'Abbeville annonce l'envoi prochain du recueil de ses mémoires pour les années 1844 à 1849.

M. Delbarre envoie, au nom de M. Pigeory, rédacteur en chef de la Revue des beaux-arts, deux numéros de ce savant recueil. M. Pigeory sollicite, en échange de sa revue, le bulletetin de la Société.

Dans une des dernières séances, M. de Laprairie avait

avancé que l'enfoncement pratiqué au sommet de l'abside et derrière le maître-autel de l'église romane de Berzy était probablement un sépulcre. Un membre avait émis quelque doute. M. Charles Bazin, correspondant des comités historiques à Senlis, fut consulté. Voici la réponse du docte archéologue :

⚫ MONSIEUR,

› Je regrette de ne pouvoir vous envoyer la description de Folleville qui doit paraître dans le prochain volume des Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie; vous y trouveriez une planche reproduisant le Saint-Sépulcre de Folleville qui vous le rappellerait bien mieux que toute description; mais notre volume est en retard et, à défaut du dessin, je suis forcé d'avoir recours à la description pour vous le remettre en mémoire.

› Au sommet de l'abside de l'église de Folleville derrière le maître-autel, est un enfoncement pratiqué dans la muraille que j'ai crue disposée de manière à recevoir le tombeau du Christ et pouvoir être appelée par conséquent le Saint-Sépulcre. Plusieurs raisons me l'ont fait penser quoique le sujet principal lui-même fit défaut, c'est-à-dire Notre-Seigneur et les autres saints personnages, hommes et femmes qui l'ensevelissent. D'abord François de Lamay, seigneur de Folleville, dit dans son testament daté de 1545: « Je veux être inhumé en la › chapelle de Monsieur saint Jean-Baptiste de Folleville

entre l'autel et les représentations de ma femme el de ➜ moy comme l'on va au sépulcre. › Ce qui, en se figurant la statue de ce seigneur et celle de sa femme placées de leur vivant à l'endroit qu'elles occupent aujourd'hui, désignent parfaitement le fond de l'abside pour l'emplacement du Saint-Sépulcre. Ensuite les sujets qui décorent cette partie de l'église précédent ou suivent l'ensevelis

sement de Notre-Seigneur et lui servent d'une manière toute naturelle d'accompagnement. Ce sont des anges tenant les instruments de la Passion: Croix, éponge, clous, colonne, fouet, et au milieu Notre-Seigneur apparaissant à Marie-Madeleine après sa résurrection sous la figure d'un jardinier.

> D'ailleurs pour confirmer cette opinion, je rapproche de l'arcade absidale de Folleville celle qui se trouve dans l'église de Doullens et qui comprend le tombeau avec tous les personnages qui ensevelissent Notre-Seigneur. Ce Saint-Sépulcre de Doullens reproduit tous les anges de Folleville qui tiennent les instruments de la Passion et aussi l'apparition de Notre-Seigneur à Marie-Madeleine, le tout entièrement semblable à ce qu'on voit à Folleville, quant à la disposition des sujets et aux gestes des personnages. Le monument de Doullens indique donc ce qui manque à Folleville et donne un nom à une arcade dont le testament de François de Lamay avait déjà fait connaître clairement la destination.

› MM. les abbés Jourdain et Duval en décrivant dans leur ouvrage sur les stalles de la cathédrale d'Amiens l'ensevelissement de Notre-Seigneur qui se trouve représenté rappellent, à ce propos, les tombeaux de Notre-Seigneur dans les églises de Saint-Germain d'Amiens, de SaintSépulcre d'Abbeville, de Saint-Sépulcre de Montdidier, etc. qui sont entre mille autres, disent-ils, les plus remarquables de Picardie. (Mémoire de la Société des antiquaires de Picardie, tome vII, page 325.) Ces monuments sont en effet très répandus dans nos églises, j'en ai vu dans l'église de Clermont, dans l'église Saint-Etienne de Beauvais et dans plusieurs églises rurales; nulle part derrière le maître-autel comme à Folleville. J'ai lu seulement dans une note statistique de M. de Caumont publiée dans son Bulletin monumental, tome v, page 415 et copiée par M. l'abbé Bourasé dans ses cathédrales de France,

page 503, que l'église de Moulins possède un sépulcre placé derrière le chœur; et, à cette occasion, il cite Amboise et Troyes comme possédant des monuments de ce genre, et rappelle combien la Picardie est riche en ce point.

› Le Saint-Sépulcre de Folleville se distingue de tous ceux que je connais ailleurs et sans doute de tous ceux qui sont cités, en ce qu'il est le sommet auquel aboutissent les arcades disposées des deux côtés du choeur pour recevoir les seigneurs de Folleville à mesure qu'ils mour raient. Toutes n'ont pas été remplies; mais on n'y recon naît pas moins l'intention pieuse des seigneurs qui bâtissaient l'église de Folleville de mettre leurs tombeaux et ceux de leurs descendants sous la protection du tombeau du Christ, placé en tête à l'exemple de ce qui avait eu lieu à Jérusalem dans l'église du Saint-Sépulcre en faveur de Godefroy de Bouillon et de Baudouin, son frère. Le Saint-Sépulcre de Folleville est encore remarquable en ce sens que placé derrière le maître-autel, celui-ci, par l'effet de la perspective, se trouve encadré dans l'arcade qui le surmonte de manière à présenter un seul tableau parfaitement harmonisé. Les anges qui tiennent les instruments de la Passion au-dessus du Saint-Sépulcre se trouvent rangés des deux côtés de l'autel comme ceux qui, aux époques antérieures, écartaient le maître-autel des églises ainsi qu'il est rapporté par les Annales archéologiques à propos du maitre autel d'Arras où cette disposition se remarque. De plus, l'arcade absidale de Folleville est couronnée par une verrière représentant le calvaire qui qui produit, par rapport au maître-autel, le même effet que la croix terminale dans le maître-autel d'Arras du 13° siècle. En réunissant ainsi ce qu'on embrasse d'un seul coup-d'œil, on trouve au 16° siècle une imitation de ce qui se pratiquait aux époques antérieures, disposition d'autel qui ne mérite pas moins d'être notée à une époque

qu'à une autre. Toutefois ce rapprochement, s'il est exact; n'établit point qu'on ait placé des Saints-Sépulcres dans les églises avant le 15e ou le 16e siècle. Tous les monuments que je connais sont de cette époque. A moins d'indices bien évidents ou d'exemples que j'ignore, il serait donc difficile, ce me semble, de reconnaître un SaintSépulcre au fond du sanctuaire de l'église romane que vous étudiez; mais ce pourrait être très bien un tout autre tombeau. Ainsi les Annales archéologiques (tome IX, page 91), en donnant l'ancienne disposition du chœur de Bourges disent que derrière le maître-autel était le tomTM beau de saint Guillaume. La place qu'il occupe est indiquée au fond de l'abside dans le plan, page 97, et il est dit que plus d'une église renfermait de pareils tombeaux (page 93). »

M. Daras croit que l'enfoncement en question est un souvenir du presbyterium des anciennes basiliques.

Il semblerait plus naturel à M. l'abbé Poquet de voir dans cette disposition un emplacement pour les reliques. Lorsqu'on supprima l'usage des cryptes, on dut choisir dans l'église un endroit apparent pour y exposer ces trésors à la vénération des fidèles.

M. Clouet adresse quelques renseignements sur une découverte qu'on vient de faire au Châtelet commune de Montigny-Lengrain.

Découverte au Châtelet.

J'ai fait hier une petite découverte que je m'empresse de vous communiquer :

Vous savez qu'on a trouvé en 1842 au Châtelet, près de Vic, un vaste tombeau druidique duquel on a extrait des ossements par charretées. On y a trouvé trois haches en bronze; l'une d'elle est en la possession de M. Dar. cosse. J'en possède une petite en porphyre. On voit en

« AnteriorContinuar »