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Un membre demande qu'on force les communes à entretenir leur église.

M. Martin ne pense pas que dans notre législation actuelle on puisse forcer une commune à des dépenses qu'elle ne veut pas faire. Le mieux serait d'écrire au ministre pour obtenir un secours.

M. Lecomte lit le rapport suivant sur les réparations projetées à la collégiale du Mont-Notre-Dame.

Église du Mont-Notre-Dame.

Messieurs, dans notre dernière séance, la discussion au sujet du plafond à exécuter dans l'église du MontNotre-Dame ne m'ayant pas suffisamment éclairé, j'ai voulu saisir par moi-même les vraies difficultés ou les avantages du projet qui nous avait été soumis par M. de Récourt. Je suis donc allé au Mont-Notre-Dame pour mieux étudier la question. Voici les observations que j'ai à vous soumettre à ce sujet :

Consolider et assainir le monument, telles furent les premières préoccupations de M. Gencourt, et son devis s'en occupe tout d'abord. Vous ne pouvez, Messieurs, qu'applaudir à la précaution prise pour contrebutter cette partie du transept méridional qui tend à s'écarter et à jeter bas le monument; évidemment c'était la plus urgente réparation à faire. Une autre, à laquelle votre ap probation n'est pas moins assurée, consiste à ouvrir plusieurs fenêtres bouchées en ce moment afin d'assainir la partie verdâtre de l'édifice qui, dans cet endroit, manque d'air et de soleil. Enlever les herbes qui croissent partout sur les murailles et dans les ruines si imposantes de ce grand monument est encore une œuvre de conser vation dont on s'est occupé à bien juste titre. Telle est la première partie du devis de M. l'architecte, notre hono. rable collègue. J'aurais vu avec plaisir figurer dans cette

même partie quelques réparations à la voûte du chœur, située au-dessus de la stalle de M. le curé à droite. Cette voûte paraît gravement endommagée; le pignon qui la soutient semblerait avoir perdu son aplomb.

Pour en venir à la deuxième partie du devis, je dirai d'abord qu'il s'était agi de rendre au culte une des deux chapelles en ruines, latérales au portail. Mais en calculant les frais de construction de voûte, de toiture, de réparation des pieds droits de la muraille, M. Gencourt a parfaitement compris l'insuffisance des fonds et a dù abandonner le projet de chapelle pour s'occuper de l'embellissement intérieur de l'église, et a proposé à la fabrique de faire sur le plancher actuel un enduit de plâtre et suie à l'effet d'empêcher l'infiltration des eaux pluviales, et sous ce plancher un plafond conservant cinq poutres en saillie. C'est sur ces deux articles que M. de Recourt, président du conseil de fabrique, a bien voulu, nous consulter pour avoir notre avis.

Vous renfermant dans les bornes de nos attributions scientifiques, vous aviez cherché, Messieurs, dans la dernière séauce, à écarter la question d'embellissement pour vous préoccuper avant tout du monument, d'autant plus que le plafond vous avait paru d'abord d'une beauté suspecte. L'enduit de plâtre sur lequel on a beaucoup disserté semblait à plusieurs tout-à-fait insuffisant pour garantir le plafond des eaux pluviales. La question d'art s'est présentée ensuite. Il me paraissait difficile que la Société, par son approbation au projet, pût condamner à un éternel oubli, dans l'obscurité d'un grenier d'église six magnifiques travées de galeries aux gracieuses colonnettes, tandis qu'il semblait assez facile de les rendre au culte et aux arts, en remontant le plancher actuel sur les tirants de la charpente placée quatre mètres audessus. Cette disposition est assez fréquente dans les constructions ordinaires. Cependant la crainte de mal

juger la question vous ayant fait suspendre jusqu'à plus ample informé, vous attendiez de nouveaux renseignements pour donner à la fabrique de Mont-Notre-Dame une réponse définitive. C'est pour arriver à une prompte solution et vous fournir de nouvelles appréciations sur la valeur des objections touchant le projet du plafond que j'ai fait la démarche dont j'ai parlé plus haut.

Je fus d'abord surpris de voir tout le plancher couvert d'une épaisse couche de neige. Le conseil de fabrique, que M. de Recourt avait convoqué pour nous donner tous les renseignements désirables, m'assura unanimement que dans les grandes pluies l'eau tombait dans l'église par torrent. Les employés de l'église que j'interrogear me certifièrent la même chose, ajoutant que la nef alors était littéralement au blanc d'eau. C'est un point dont M. le curé m'a plusieurs fois attesté la vérité. L'origine du mal était facile à deviner. Un coup-d'œil sur la toiture nous fit voir une charpente faible, des lattes qui commencent à fléchir avec des tuiles trop peu serrées entr'elles. Il y aurait donc le toit à remanier. De cet état des toitures il fallait conclure que l'enduit de plâtre et suie serait insuffisant contre de pareilles inoudations. Et puis supposé qu'il pût y résister quelques années où donc iraient se rendre et se jeter les eaux. Les galeries ne pouvaient après tout servir de citerne; il faudrait établir une pente pour les diriger vers le portail, ou bien les faire écouler à droite et à gauche par les toits latéraux. Mais alors on aurait à traverser la galerie d'abord, la muraille ensuite, les bas-côtés; puis une voûte de moyen appareil en quart de cintre contrebuttant les galeries dans toute la longueur du monument. Que de dépenses, que de caniveaux à pratiquer! Et pourquoi?" pour essayer de sauver un plafond qui, de l'aveu de tous les membres de la fabrique, serait malgré tout cela dé-trempé bientôt, percé, abîmé avant deux ans peut-être,

et ne durerait certainement pas au-delà de cinq années. En face de pareilles attestations, devant des difficultés anssi sérieuses, le plafond ne pouvait tenir. M. le curé, M. de Recourt et M. Marchand, maire du Mont-NotreDame, aussi bien que tout le reste du conseil de fabrique sont tombés d'accord qu'il fallait s'occuper avant tout de la toiture, que c'était une question de sûreté et de salubrité pour le monument, et vous comprenez, Messieurs, que j'ai dû entrer pleinement dans leur pensée, comme aussi je suis persuadé que M. l'architecte auquel ces renseignements paraissent avoir manqué aurait partagé luimême notre avis; car enfin sitôt les murs le toit. Les embellissements ne viennent qu'après. Je n'examine pas ici cette question, si l'ardoise vaut mieux que la tuile pour cet édifice battu des vents, ou bien s'il ne suffirait point d'entrevoûter les tuiles actuelles d'un épais ciment afin d'empêcher l'infiltration des eaux. Les deux convertures seront également bonnes dès qu'elles garantiront de la pluie et ne seront pas d'un trop grand entretien. La nécessité d'un toit en bon état et bien réparé fut donc

reconnu.

La question du plancher m'occupa ensuite. Je tenais à constater si réellement il n'y avait pas moyen de rendre à l'église les galeries ensevelies dans les combles, et si des obstacles insurmontables s'opposaient à relever le plancher par dessus ces intéressantes galeries que j'avais admiré. J'avoue, Messieurs, qu'après un sérieux examen fait de concert avec tous les membres de la fabrique, nous n'avons rien découvert qui pût s'y opposer. Et voici les motifs sur lesquels nous nous sommes appuyés. Par ce plancher l'on gagne tout ce qui reste du monument et l'on agit dans l'intérêt de l'art. Les archivoltes n'ayant que trois assises au-dessus des chapiteaux peuvent se raccorder très bien à un plafond, si l'on veut absolument en faire un quelque jour. Les poutres du plancher actuel

se trouvant toutes placées d'une manière inégale et en porte à faux pour l'œil, exigent un plafond à cinq poutres saillantes, ce qui serait une laide chose; tandis qu'en reportant plus haut le plancher actuel on peut affleurer facilement les poutres et les solives et faire un plafond uni, relié aux murailles par une gorge profonde qui serait encore assez grâcieuse. Je sais que cette opération dépassera les ressources présentes, mais aussi le plafond tel qu'il était projeté ne pouvant plus faire question, celui-là serait un conseil pour l'avenir, et déjà peut-être on pourrait l'exécuter en partie ou le disposer. Il y a bien un moyen excellent d'éviter tous ces plafonds toujours si disparates avec le style élancé de nos églises; il s'agirait d'élever en planches, à partir des archivoltes, unc voûte ogivale en berceau qui laisserait apercevoir plusieurs pièces de la charpente. La dépense d'une pareille voûte s'élèverait-elle bien haut? je l'ignore; mais comme effet et comme art, c'est assurément ce qu'il y a de mieux à faire au Mont-Notre-Dame. Le caractère du monument serait respecté antant que possible.

Si les observations que j'ai l'honneur de vous soumettre ne paraissaient point assez lucides, elles s'expliqueraient d'elles-mêmes à l'aide de la coupe verticale que j'ai dressée par aperçu sur toute la longueur de l'église. La position des planchers, de la charpente, l'existence des galeries, tout y est indiqué de manière à vous faire juger la question d'art d'un seul coup-d'œil. L'avis et la décision que M. de Recourt et la fabrique du Mont-NotreDame réclament de nous, Messieurs, m'a paru une chose grave; il s'agissait d'un monument important, et je n'ai dû négliger aucun renseignement pour éclairer la discussion. Voyez, Messieurs, s'il convient à la Société d'accepter nos conclusions ou de les modifier. En tout cas, la fabrique attend avec impatience votre réponse.

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