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Aux éloges qu'il décerne à Charles VII, Thomas Basin met une restriction. «On ne peut nier, dit-il, «< que dans les impositions que Charles VII leva sur «<le peuple, surtout lorsque, après l'expulsion des <«< Anglais, il put tenir sous sa main tous ses États en << paix et en tranquillité, ce prince ne sé soit montré << trop rigoureux et trop avide. Au lieu de décharger << des impôts établis à cause de la guerre, des peuples « qui, pour lui conserver leur foi, s'étaient voués à << tant de calamités, au lieu de compâtir à leur afflic<«<tion et aux maux infinis qu'ils avaient endurés pour « lui, il maintint les subsides au chiffre auxquels ils << avaient été portés, si même il ne les éleva (60). » Il y a assurément de l'exagération dans un pareil reproche. Thomas Basin regrettait trop vivement un passé devenu impossible; il était dominé par la crainte de fournir à la royauté des armes trop puissantes; et, sous l'influence de cette préoccupation, il ne se faisait point une juste idée des besoins de son époque. L'action de l'État tendait presque fatalement à devenir de plus en plus générale et énergique; le système féodal s'écroulait, et par cela même les aides, qu'un siècle avant, Charles V regrettait d'avoir imposées, devenaient de plus en plus indispensables, et tendaient à se faire accepter comme une institution nécessaire et permanente. D'ailleurs, indépendamment de cette raison générale, il y en avait une particulière au temps où l'on se trouvait : il ne suffisait pas d'avoir expulsé l'ennemi, il fallait assurer la conquête et organiser une armée qui imposât le respect. Il fallait songer, comme le dit Charles VII lui

(60) Th. Basin, I, 325.

même, que le pays de Normandie était très-voisin du royaume d'Angleterre, qu'en peu de temps on pouvait y débarquer de puissantes armées. Aussi décidat-il, «par l'avis et délibération d'aucuns seigneurs de « son sang et autres gens de son Conseil d'y établir « 800 lances fournies et 800 petites payes, faisant en« semble 4,400 combattans, dont le paiement à la solde « accoutumée monta à 400,000 liv. par an (61). » Les états, dans une assemblée tenue à Rouen à la fin de l'année 1450, votèrent sans difficulté une somme de 75,000 fr. pour un quartier d'année commençant au 1er janvier 1450 (v. s.). Plusieurs fois ils furent appelés à renouveler cet octroi. Ils durent le faire sans regret, parce que, si de telles impositions étaient lourdes, elles n'étaient pas sans fruit pour le pays et lui garantissaient une tranquillité que le gouvernement étranger lui avait vainement promise pendant une domination de trente années.

(64) Arch. de la S.-Inf., ÉTATS, no 314.

APPENDICE

TRÉSORIERS GÉNÉRAUX, RECEVEURS GÉNÉRAUX, DÉPUTÉS

I

TRÉSORIERS GÉNÉRAUX

Guillaume Alyngton, écuyer, fut nommé trésorier général de Normandie le 1er mai 1419 (1). Des lettres royaux du 13 novembre 1421 lui confirmèrent cette charge et celle de receveur général du duché de Normandie, du pays du Maine et des autres parties qui appartenoient au Roy d'Angleterre au royaume de France (2). Alyngton remplissait encore ces fonctions le 14 août 1422. Il est cité comme témoin dans une charte de Richard Aithilwald en faveur du prieuré de Spiney, dans le pays de Cambridge, datée du 26 mai, année sixième de Henri V après la conquête (3). Ce prince lui donna en deux circonstances une preuve signalée de sa confiance : il le nomma, avec Philippe Morgan, pour traiter de la paix avec le régent de France le 16 octobre 1418; au mois de mars 1421 il le chargea de se rendre à Pontorson, avec le comte de Suffolk et Jean de Asheton, bailli du Cotentin, pour conclure une trêve avec les délégués du duc de Bretagne (4).

(1) Bréquigny, no 511.

(2) Ibid., no 894. Cf. no 1375.

(3) Monasticon Anglicanum, ancienne édition, IIe partie, 321.

(4) Odolant Desnos. Mémoires hist. sur Alençon, II, 9. mer, IV, p. iv. 5, 6 et 18; IV p. 111, 196.

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Richard de Wydeville (5), écuyer, paraît comme trésorier général de Normandie dès le 13 décembre 1422. Il avait été nommé bailli de Gisors le 16 novembre 1420, et sénéchal de Normandie le 18 janvier 1421; il fut aussi capitaine de Caen. Il épousa Jacqueline de Luxembourg, veuve du duc de Bedford; de ce mariage sortit Elisabeth Wideville, qui épousa Edouard IV, roi d'Angleterre (6).

Hamon de Belknap, écuyer, d'abord trésorier et maître de la chambre aux deniers de l'hôtel du Régent (7), fut nommé trésorier et gouverneur général des finances de France et du duché de Normandie par lettres du 2 janvier 1423 (8). Il mourut dans les premiers jours de l'année 1429 (9), et ne fut point immédiatement remplacé. Jeanne, sa femme, reçut du régent, le 13 novembre 1423, une somme de 600 1. t., « en con«sidéracion des grans, notables et continuelz services par << elle faitz à très excellent et puissant dame Madame la Ré« gente, duchesse de Bedford (10). » Nous voyons son fils aîné, Jean de Belknap, en possession, en vertu d'une donation royale, des fiefs qui avaient appartenu à Jean Malherbe dans le bailliage de Rouen (11).

A Hamon de Belknap succéda Thomas Blount, chevalier, chambellan du duc de Bedford. Il signe comme trésorier gẻnéral le 27 novembre 1429 et le 11 septembre 1431.

Il eut pour successeur Jean Stanlawe, écuyer, comme lui d'abord trésorier de l'hôtel du duc de Bedford. Les dates extrêmes des pièces où nous voyons figurer son nom sont le 29 mars 1432 et le 26 mai 1447. Cependant Simon Morhier, chevalier, conseiller du roi, que la prise de Paris avait

(5) Arch, du Calvados. Collection de M. Danquin, « Assiette en la vicomté d'Auge du 5e paiement de l'aide de 400,000 l. »

(6) M. l'abbé De La Rue. Essais hist, sur la ville de Caen, t. II, p. 286, 287.

(7) Bib. Imp., 9436 [4], 336.

(8) Ibid.

(9) Bib. Imp. 9436 [5], 793 vo.

(40) Ibid. 345.

(44) Reg. du tabellion de Rouen. Contrats du 9 novembre 1430 et du 25 juillet 1436.

privé de ses emplois, prend concurremment, avec Thomas Blount, le titre de trésorier et général gouverneur des finances de France et de Normandie, du dernier mars 1437 au 14 octobre 1447.

Le dernier trésorier et gouverneur général fut Osbern Mundeford, écuyer; il remplit ces fonctions depuis le 27 décembre 1448 au plus tard, jusqu'à la fin de la domination anglaise. Il est fait mention de ce personnage et du manoir qui lui a donné son nom dans un ouvrage de John Gage, The History and antiquities of Suffolk; London, 1838. Après la violation de la trève, quand les Français se dirigèrent sur Pont-Audemer, Osbern Mundeford et Foulques Eyton, capitaine de Caudebec, vinrent se loger dans cette place avec quatre à cinq cents Anglais. Malgré ce renfort, la ville fut emportée d'assaut le 12 août par l'armée française (12).

RECEVEURS GÉNÉRAUX

Pendant quelque temps Guillaume Alyngton remplit la double charge de trésorier général et de receveur général. Le 26 juillet 1420 Barneby est en possession de ce dernier titre (13).

Pierre Surreau fut nommé à la place de receveur général par lettres du 8 janvier 1422. Il était auparavant receveur du domaine du comté de Ponthieu, appartenant à Jacqueline, duchesse dé Bavière, dauphine de Viennois, comtesse de Hainaut, Hollande, Zélande, et dame de Frise. Il fut receveur général de Normandie jusqu'au mois de février 1433. Il mourut à la fin de l'année 1436, ou dans les premiers jours de l'année suivante. Il prenait, vers la fin de sa vie, le titre de trésorier des finances (14). On conserve à la Bibliothèque impériale trois comptes de sa gestion dont nous nous proposons de publier une analyse. La famille Surreau était originaire de Sens. Laurent Surreau, chanoine de Rouen, que nous supposons avoir été fils de Pierre Surreau, dans son testament, fait le

(12) D. Martène. Thesaurus Anecdot. I, col. 1812. (13) Bréquigny, no 640.

(14) Arch. de la S.-Inf., ÉTATS, no 305.

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