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DE

L'EMPEREUR NAPOLÉON,

DE JOSEPHINE.

ET DE LA FAMILLE IMPERIALE.

On a publié, il y a peu de mois, des Lettres de Napoléon à Joséphine et de Joséphine à Napoléon (Paris, Firmin Didot, 2 vol. in-8). L'accueil empressé qu'a reçu cette publication nous fait regarder comme une bonne fortune la communication qui nous est donnée de deux missives qui ont échappé à l'éditeur de ce recueil, et de lettres d'Eugène Beauharnais, de la reine Hortense et de quelques autres membres de la famille Napoléon. On retrouvera dans la lettre de l'Empereur et dans celle de l'Impératrice cette même ardeur d'af'ection, cette tendresse qui émeut, à laquelle la Corresponlance précédemment publiée a dû son succès, non moins u'aux grands souvenirs qu'elle fait renaître. On retrouve assi l'ame de Joséphine dans les lettres de ses enfans.

A

LA CITOYENNE BEAUHARNAIS,

RUE CHANTEREINE, N. 6,

A PARIS.

MA CHÈRE MAMAN,

J'ai été hier bien étonné de voir Thomas. Je le charge d'une lettre pour toi. Je te prierais bien fort de venir me voir, et tu serais bien aimable si tu pouvais venir sans tarder. Tu ne songes donc pas qu'il y a près d'un mois que je ne t'ai vue. Ainsi, tu sens que ton fils est dans une grande impatience de t'embrasser.

J'espère que le temps ne t'en empêchera pas : dans ce moment-ci, il fait beau.

EUGENE B.

N. B. Je te prie de m'apporter un peu de cassonnade et des livres.

A LA CITOYENNE

LA PAGERIE BUONAPARTE,

RUE CHANTEREine, n. 6,

A PARIS.

Marseille, le 12 germinal an rv Rép.

J'ai reçu votre lettre, Madame; elle n'a pu qu'ajouter à 'idée que je m'étais formée de vous. Mon fils m'avait appris son heureuse union, et dès ce moment vous eûtes avec mon estime mon approbation. Il ne manque à mon bonheur que la satisfaction de vous voir. Soyez assurée que j'ai pour vous coute la tendresse d'une mère, et que je vous chéris autant que mes enfans.

Mon fils m'a fait espérer, et votre lettre me le confirme, que vous passeriez par Marseille pour aller le joindre. Je me réjouis, Madame, du plaisir que me procurera votre séjour ci. Mes filles se joignent à moi pour précipiter l'heureuse époque de votre voyage. En attendant, soyez assurée que nes enfans vous ont voué, à mon exemple, l'amitié et la endresse qu'elles ont pour leur frère.

Croyez, Madame, à l'attachement et à l'affection.

LETIZIA BUONAPARTE mère.

MADAME,

A LA MÊME.

Gênes, le 19 germinal, l'an iv de la République.

J'ai appris avec le plus vif intérêt votre mariage avec mon frère. L'amitié qui m'unit à lui ne me permettait pas d'être insensible au bonheur qu'il trouvera avec vous. J'en suis aussi convaincu que lui d'après l'idée que je me suis formée de vous.

Agréez, je vous prie, l'assurance des sentimens fraternels avec lesquels je suis,

Votre beau-frère,

JOSEPH BUONAPARTE.

RÉPUBLIQUE FRANCAISE,
LIBERTÉ, ÉGALITÉ.

QUARTIER-GÉNÉRAL.

AN IV DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, UNE ET INDIVISIBLE.

Milan, le 29 avril après-midi.

BONAPARTE, GÉNÉRAL EN CHEF DE L'ARMÉE D'ITALI

A JOSEPHINE.

Je ne sais pas pourquoi depuis ce matin je suis plus ontent. J'ai un pressentiment que tu es partie pour ici; ctte

idée me comble de joie. Bien entendu que tu passeras par le Piémont; le chemin est beaucoup meilleur et plus court. Tu viendras à Milan où tu seras très-contente, ce pays-ci étant très-beau : quant à moi, cela me rendra si heureux que j'en serai fou. Je meurs d'envie de voir comment tu portes les enfans. Cela doit te donner un petit air majestueux et respectable qui me paraît devoir être très-plaisant. Ne vas pas surtout être malade. Non, ma bonne amie, tu viendras ici; tu te porteras très-bien; tu feras un petit enfant joli comme sa mère, qui t'aimera comme son père, et quand tu seras bien vieille, bien vieille, que tu auras cent ans, il fera ta consolation et ton bonheur. Mais d'ici à ce temps-là, gardetoi de l'aimer plus que moi : je commence déjà à en être jaloux. Adieu, mio dolce amor; adieu, la bien-aimée. Viens vite entendre la bonne musique et voir la belle Italie. Il ne lui manque que ta vue, tu l'embelliras à mes yeux ; du moins, tu le sais, quand ma Joséphine est quelque part, je ne vois plus qu'elle.

B.

AU GÉNÉRAL BONAPARTE.

A Saint-Cloud, ce 22 brumaire.

Tous mes chagrins ont disparu en lisant ta bonne et touchante lettre qui renferme les expressions aimables de ton sentiment pour moi. Combien je te sais gré de t'être occupé si long-temps de ta Joséphine! Si tu le savais, tu t'applaudirais d'être le maître de causer une joie si vive à la femme que tu aimes. Une lettre est le portrait de l'ame, et je presse celle-ci contre mon cœur. Elle me fait tant de bien !

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