Il règne dans tout l'ouvrage, dit Dom Philippe Lecerf, tant d'ordre et de netteté, et la critique en est si juste, les notes en sont si sensées et si judicieuses qu'on la regarde comme une des plus exactes, des plus complètes, en un mot des plus parfaites qui soient sorties de la plume si savante des Bénédictins. L'ouvrage était terminé et D. Coustant s'occupait de l'impression des tables, lorsqu'il apprit que le chapitre général l'avait nommé prieur de Notre-Dame de Nogent-sous-Coucy, petite abbaye du diocèse de Soissons. Cette nouvelle fut un coup de foudre pour lui; car il avait toujours craint d'être employé dans le gouvernement sa tendresse de conscience lui avait toujours fait appréhender la supériorité et c'était déjà pour l'éviter qu'il avait accepté les travaux les plus pénibles et les moins agréables de l'édition de saint Augustin. Ses remontrances, ses prières, ses larmes même furent inutiles; il fallait obéir. Il se soumit, se hàta d'achever la publication et, dès que la dernière feuille fut tirée, il partit, laissant à un autre l'honneur de faire les présents et de recevoir les éloges dus à l'éditeur, heureux de trouver cette occasion de s'en dispenser et d'éviter les applaudissements du public. Il n'avait demandé pour fruit de ses peines qu'un seul exemplaire qu'il emporta et laissa à son monastère (1). Ainsi finirent les premiers travaux littéraires de D. Coustant. Ces travaux, utiles à l'Eglise et honorables pour lui, durèrent douze ans. Pendant ce temps, le savant bénédictin avait travaillé avec une persévérance infatigable sans rien prendre sur les exercices de piété, sans jamais non plus s'exempter de l'office divin qu'il regardait comme sa première obligation. Ces travaux lui firent une grande réputation au dehors, mais sa régularité de conduite et sa fidélité dans l'observance de tous ses devoirs de religieux lui en avaient acquis, au dire de ses biographes, une bien plus grande encore au sein de la congrégation (2). Dom P. Coustant, prieur de Nogent-sous-Coucy, 1693-1696. Cette âme tendre et studieuse, loin de se montrer faible et inhabile dans l'exercice de cette autorité qu'elle avait voulu fuir, allait (1) Eloge de D. Mopinot. donner de nouveaux gages à l'esprit d'obéissance qui était sa loi, à l'affection de ses semblables qui était sa foi, à l'amour de l'étude qui était son but terrestre. Arrivé à Nogent, dans le lieu de sa supériorité qu'il regardait comme celui de son esclavage, le nouveau prieur se fit une loi de se renfermer dans son cloître et de ne faire d'autres visites que celles dont il ne pouvait se dispenser. Sa conduite eut pour objet d'édifier ses religieux, de gagner leur cœur, de les occuper dignement, de pourvoir à leurs besoins corporels et spirituels. Le soin qu'il mit à remplir la bibliothèque de bons livres leur rendit la solitude agréable, et les attentions qu'il eut pour chacun en particulier firent qu'on ne le quittât jamais sans regrets; il gouvernait l'abbaye avec beaucoup de prudence et de douceur; mais il gémissait chaque jour de sa position, et après avoir fait son triennal en entier pour ne pas s'opposer, disait-il, à la volonté de Dieu et aux ordres de ses supérieurs, il songea à se défaire du pesant fardeau qu'on lui avait imposé. Il écrivit au chapitre général une lettre humble et touchante pour supplier les définiteurs de débarrasser la congrégation d'un si pitoyable supérieur. C'était l'idée qu'il avait de lui-même. Il offrit d'aller dans le monastère qu'on lui désignerait et même de rester dans celui qu'il dirigeait en qualité de simple religieux. Pour fléchir plus efficacement ses supérieurs, il data sa lettre de l'heure de minuit, afin de donner à entendre que le poids de ses fonctions lui ôtaient le repos, mais il n'eut pas besoin de renouveler ses instances. On avait reconnu à Saint-Germain-des-Prés la perte que l'on avait faite en l'éloignant et la résolution était déjà prise de l'y faire revenir (1). D. Coustant rentre à Saint-Germain-des-Prés. Rappelé à Paris, ce qu'il n'avait pas demandé, il fut de retour au mois de juillet de l'année 1696. EDITION DU BRÉVIAIRE. On le chargea d'abord de surveiller une nouvelle édition du Bréviaire et d'en revoir les épreuves (2). (1) D. Tassin. - TABLE GÉNÉRALE DES OEUVRES DE SAINT AUGUSTIN. — L'édition Dom Cl. Guesnié et Dom P. Coustant furent chargés de l'établis- - Table des ouvrages supposés. Il n'en avait pas été fait pour Mais ces travaux ne suffisaient pas à occuper ses veilles. On lui proposa d'abord une nouvelle édition de quelques Pères Plus tard on lui parla d'une nouvelle édition des Lettres des (1) D. Tassin. donner de nouveaux gages à l'esprit d'obéissance qui était sa Le soin qu'il mit à remplir la bibliothèque de bons livres leur - D. Coustant rentre à Saint-Germain-des-Prés. Rappelé à EDITION DU BRÉVIAIRE. - On le chargea d'abord de surveiller (1) D. Tassin. TABLE GÉNÉRALE DES OEUVRES DE SAINT AUGUSTIN. - L'édition Dom Cl. Guesnié et Dom P. Coustant furent chargés de l'établis- - Table des ouvrages supposés. Il n'en avait pas été fait pour Mais ces travaux ne suffisaient pas à occuper ses veilles. On lui proposa d'abord une nouvelle édition de quelques Pères Plus tard on lui parla d'une nouvelle édition des Lettres des 1) D. Tassin. (2) D. Mopinot. |