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MUSÉE DE GRENOBLE

DONS ET ACQUISITIONS

depuis 1890

PAR

M. MARCEL REYMOND

N

ous publions ci-après la liste des œuvres d'art entrées au Musée de Grenoble au cours des quatre dernières années.

Notre Musée est un des plus beaux ornements de notre ville et, en même temps, il est pour elle une importante source de richesses; car il n'est pas douteux que la réputation dont il jouit ne contribue puissamment à attirer et à retenir les étrangers parmi nous.

Parler de notre Musée, c'est être assuré d'intéresser au plus haut point tous les Dauphinois et en particulier les

membres de l'Académie delphinale, de cette Académie qui a été la fondatrice de la Bibliothèque de Grenoble et qui, à ce titre, a obtenu de la Municipalité le droit de siéger dans les salles mêmes du Musée-Bibliothèque.

Toutes les municipalités qui se sont succédé à l'Hôtel de Ville de Grenoble ont compris quel grand intérêt il y avait pour notre ville à entretenir et à augmenter nos collections artistiques. Et la liste des acquisitions faites par la ville de Grenoble depuis la fondation du Musée est le témoignage de ce que l'on peut faire, même avec les plus modestes ressources, lorsqu'elles sont intelligemment employées.

Les principaux chefs-d'œuvre de notre collection, à part quelques pièces exceptionnelles telles que le Rubens et le Véronèse qui sont des dons de l'État, ont été acquis directement par la ville. Je me contenterai de citer à l'appui de cette assertion ces admirables toiles qui sont : l'Hobbema, le Ribeira, les deux portraits de Van Eeckhout, le Saint-Cyran de Philippe de Champagne, la Madeleine de Véronèse, le Rembrandt, le Terburg, le Canaletti, le Maltais, le Licinio, le Palmegiani, le Tintoret, le Portrait espagnol, le Largillière, le Lesueur et enfin les Baigneuses, ce chef-d'œuvre de Pater, dernière acquisition de tableau ancien faite par notre Musée.

Notre ville ne s'est pas contentée d'acheter des tableaux, elle a voulu leur donner une installation digne d'eux et elle a eu la main si heureuse dans le choix de son architecte, M. Questel, que le Musée de Grenoble, au point de vue de la beauté et de la convenance de ses dispositions, est cité comme un véritable modèle.

Cette belle construction a non seulement l'avantage d'installer les tableaux dans des conditions qui assurent

leur parfaite conservation et qui font valoir leurs mérites, mais en outre elle attire l'attention sur notre Musée et elle contribue puissamment à y intéresser les amateurs et à provoquer leurs donations. Il est hors de doute que le très grand nombre de dons qui ont eu lieu dans ces dernières années ont eu pour cause la beauté de l'installation de notre Musée. Je n'en citerai, comme preuve, que le don fait par M. Leconte du Nouy, de son chef-d'œuvre, le Tryptique d'Homère. M. Leconte du Nouy, qu'aucun lien ne rattachait au Dauphiné, nous a donné cette belle toile uniquement parce qu'il savait qu'elle trouverait au Musée de Grenoble une installation digne de son mérite.

L'augmentation des richesses de notre Musée prend de telles proportions, spécialement par suite des dons des amateurs, qu'une question dès aujourd'hui s'impose, celle de son agrandissement.

Notre Musée est trop petit, et nos collections souffrent déjà de cette exiguïté. Dans la Salle des sculptures, c'est un véritable entassement; les statues, trop rapprochées, sont exposées dans des conditions très défavorables. Dans les Salles de peinture, on peut encore trouver aisément à placer des tableaux de grande dimension, qui ne perdent pas à être exposés très haut, mais il n'y a plus de place sur les cymaises, et déjà un certain nombre de petits tableaux de premier ordre ne peuvent obtenir la place qui leur conviendrait. Enfin, ce qu'il faut déplorer surtout, c'est la place si restreinte réservée aux dessins, aquarelles et gravures. Notre Musée possède, sur ce point, de grandes richesses qu'il est impossible de faire connaître au public.

Et cette situation, déjà si fâcheuse actuellement, ira sans cesse en s'aggravant et, dès maintenant, on peut se

demander comment il sera possible d'installer le legs Mesnard, lorsque la ville en prendra possession.

Il ne m'appartient pas de proposer des projets pour remédier à cette situation. Je me contente de faire le vœu que la Municipalité se préoccupe de cette situation et qu'elle réserve, autant que cela lui sera possible, les locaux les plus voisins du Musée.

Une combinaison assez satisfaisante serait celle qui transporterait dans un local spécial les collections ethnographiques, le Musée lapidaire et les collections d'art industriel.

Dans les listes publiées ci-après, on trouvera deux divisions: l'une, concernant les objets d'art confiés à la garde du Conservateur du Musée; l'autre, concernant celle des objets dépendant du Conservateur de la Bibliothèque.

Nos collections d'art sont en effet divisées en deux départements, et cette division peut se justifier.

Le Conservateur du Musée a sous sa garde les peintures, dessins et sculptures, c'est-à-dire tout ce qui est du pur domaine artistique. Au Conservateur de la Bibliothèque, d'autre part, appartiennent les objets ayant un caractère archéologique ou local, tout ce qui touche par quelque côté aux études historiques.

D'autre part, le Conservateur de la Bibliothèque, en raison de la nature de ses fonctions, par ce fait qu'il a un Cabinet à la Bibliothèque où il se tient une partie de la journée, est en relations plus fréquentes avec les personnes qui s'intéressent aux arts et aux belles-lettres, et il peut nouer des relations personnelles qui peuvent être la cause d'importantes donations. Et c'est ainsi que, M. Genin ayant donné ses collections composées en partie

de meubles sculptés, non au Musée, mais à la Bibliothèque, le Conservateur de la Bibliothèque est devenu le Conservateur d'un important Musée industriel.

L'augmentation si rapide des collections dépendant de la Bibliothèque est le témoignage du zèle du Conservateur actuel de notre Bibliothèque, M. Maignien, qui, par son intelligente administration, mérite tous les éloges.

Vous me permettrez, Messieurs, d'adresser les mêmes félicitations au Conservateur du Musée, M. Bernard, qui apporte le plus entier dévoûment aux collections qui lui sont confiées et qui, dans ses acquisitions, témoigne de la plus remarquable intelligence artistique.

Les listes publiées ci-après ne sont accompagnées d'aucun commentaire; mais je crois devoir signaler d'une façon particulière les dons les plus importants faits à notre Musée : le legs Chevalier de Saint-Robert, le legs Mesnard, comprenant 20 tableaux, plus de 2,000 dessins et un très grand nombre d'objets d'art; la collection Marjolin, comprenant plus de 30,000 gravures; le don fait par la famille Moyrand de trois magnifiques œuvres d'Hébert, de Faure et d'Harpignies; la collection minéralogique de M. Jourdan; les livres d'art de M. Bon et l'importante et très rare collection d'objets tonkinois, don de M. le colonel de Beylié.

En terminant, je rappellerai que, depuis deux ans, notre Musée posséde une Caisse spéciale, composée d'un capital inaliénable, dont les revenus sont employés en achats de tableaux. Je signale tout particulièrement cette fondation aux amateurs qui s'intéressent au développement de nos richesses artistiques.

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