delà, ou par homme commis de par luy; et nous escrivons à maistre Estienne Chevallier, que nous avons envoyé à Paris', qu'il fasse payer lesdittes gens que ferez mettre sus, qui par monstre et reveue seront passez et trouvez en habillemens suffisans. Nous escripvons aussy à beau cousin de Nevers, que de 'sa part il fasse mectre sus le plus grant nombre de gens de guerre qu'il pourra amasser; et semblablement escripvons audit mareschal de Gamaches que luy et les gens qu'il a en sa compaignie se joignent avec vous et beau cousin de Nevers, affin que vous touz joinctz ensemble, puissiez mieulx résister aux entreprinses et maulvaises entencions desdictz contez de Charroloys et de Saint-Pol. Si vous prions derechief que vous employez en toute dilligence et de tout vostre povoir ez choses dessusdites; et se voyez que les gens desditz contez de Charroloys et de Saint-Pol marchent en avant sus nostre païs, mettez peine de les ruer jus et destrousser, et par tous les moyens que pourrez résister à leurs entreprinses, et mesmement peine de leur rompre le passaige en manière qu'ilz ne puissent venir ez marches de par deçà ne ailleurs, secourir le duc de Bourbon ne autres qui se sont déclarez contre nous, ne aussy porter dommage à nous ne à noz autres pays et subjectz des marches de par delà. Au seurplus, nous avons escript au sire de Torcy et au bailly de Vermandois que de leur costé ilz fassent mectre sus le plus grant nombre de gens de guerre que porront, et que souvent ilz envoyent devers vous, pour vous advertir de tout ce qu'ilz porroyent sçavoir. Semblablement envoyez pardevers eulx hommes de vostre part, et les advertissez de tout ce que porrez sentir affin que par l'advertissement et communiquacion que ferez les ungs avecques les autres, puissiez estre mieulx advisez pour pourveoir et délibérer sur tout ce qui sera à faire. Et tousjours nous faictes sçavoir des nouvelles qui survendront; et en tout vous employés au mieulx de vostre povoir, comme bien y avons singulière fiance. Donné à Mont-Lusson, le xvIII jour de may. Signé Lovs et G. Picart. Et en la suscription: A nostre très chier et amé cousin le conte d'Eu. 48. SOMMATION DU MARECHAL DE GAMACHES Au comte de Saint-Pol, commandant l'avant-garde des Bourguignons, pour que ses troupes aient à vider immédiatement les pays du roi '. 18 MAI. Monseigneur le conte de Sainct-Paul, je me recommande à vous tant comme je puis. Le roy m'a envoié par deçà pour la garde de ses païs. Et hier au soir veint en ceste ville de Péronne mons. de Mongauguier, qui me dist que vous et voz gens en grant nombre estes logiez en sa ville d'Athies 3, jà soit que elle soit nuement tenue du roy et du baillage de Vermendois; et mesmes que aucuns de voz genz ont menassé et menassent prendre sa ville de Neelle, et autres villes et places soubs le roy; et lesquelz ou plat païs à l'environ font de grantz oppressions, comme de prenre chevaulx, bestiaulx, battre, ravir et piller gens et plusieurs autres griefs et dommaiges, qui me semble estre mal faict et fort entreprins sur le roy et lesdictz païs; et ne croy point qu'il en doye estre contant. Et conviendra, se ainsy est, que i mette les prouvisions à moy possibles. Et pour ce, monseigneur le conte de Sainct-Paul, j'escrips pardevers vous, et vous pry que veillez faire restituer lesdictz chevaulx et touz autres dommaiges, faire deslogier vosditz gens et les mettre hors des païs du roy. Et par le roy d'armes Corbye, porteur de cestes, me veillez mander ou faire sçavoir à quelle cause et par quelle ordonnance vous avez faict ou faict faire lesdictes entreprinses, avec vostre intencion et volonté sur ce, pour au surplus advertir le roy nostre souverain seigneur. Monseigneur le conte de D'après une copie ainsi intitulée: Coppie des lettres escittes par M. le mareschal à M. le conte de S.-Pol. DUPUY, 539. ⚫ Charles de Sainte-Maure, seigneur de Nesle et de Montgauguier, fut assiégé et pris dans la ville de Nesle, le 7 du mois suivant. Il était conseiller et chambellan de Louis XI, qui, pour le récompenser de ses bons services contre les Bourguignons, lui érigea en comté sa seigneurie de Nesle, au mois de janvier 1466. Histoire généalog. de la maison de France, t.v. p. 12. 3 Athies, aujourd'hui dans le département de l'Aisne, arrondissement de Laon. Sainct-Paul, je pry à Nostre Seigneur qu'il vous ait en sa garde. Escript ou dict lieu de Péronne, le xvu jour de may. 49. RÉPONSE DU COMTE DE SAINT-POL A LA PRÉCÉDENTE SOMMATION'. 18 MAI. Monseigneur le mareschal, je me recommande à vous. J'ai receu les lettres que vous m'avez escrites et veu le contenu d'icelles. Quant au premier poinct que m'escripvés, comment le seigneur de Mongauguier vous a dict que atout grant nombre de gens suis logiez en sa ville, et que par poissance l'ay prinse ou faict prendre, jà soit ce qu'elle soit nuement tenue du roy: pour vous advertir de la vérité, elle est tenue de Péronne; et au regart du seigneur de Néelle, il a dit que bon lui en samble, et sans avoir guères pensé à la vérité, car il ne sera point trouvé que oncques il y ait eu force à la prendre; mais ont les geus de ladicte ville de leur bon gré et voulenté mis mes gens dedans, et chacun jour faiz venir les vivres de dehors. Et de ce qu'il a dict que aucuns de mes gens ont menassé de prendre sa ville de Néelle et autres villes et places soubz le roy, il ne s'en fault point rapporter aux parolles que autres en ont dict ou pouroient dire, car l'effect montre ce qui en est ; et peutestre s'est ledict seigneur de Néelle bouté en aucunes matières plus avant qu'il ne deust avoir faict, et dont il se feust bien passé. Et quant est de mesdictz gens que dictes qu'ilz preingnent chevaulx, bestiaulx et font plusieurs griefs et dommaiges ou païs, vous sçavés que à grant peine puet-on tenir gens d'armes sur le païs qu'ilz ne facent quelque chose; mais il n'est point veneu à ma cognoissance que nulz chevaulx ou bestiaulx aient esté prins que je ne les aie faict rendre et restituer, et feroie, quant je le sçauroie. Au regart que y mettrés les provisions à vous possibles, je n'ay pas entencion d'esloingner si loings que, quant vous y vouldrés mettre la provision, je ne voie quelle elle sera. Et au seurplus que m'escripvés vous faire sçavoir par le roy d'armes Corbie à quelle cause et par quelle ordonnance je foiz ou foiz faire lesdictes entreprinses, avec mon entencion: je croy que à la pluspart d'icelles je vous aie cy-devant respondu; et aussy avés peu veoir les lettres que j'ay D'après une copie moderne, DUPUY, 539. escriptes à ceulx de la ville de Péronne, par lesquelles povez cognoistre les causes de ma venue de par deçà. Monseigneur le mareschal, s'il est .riens que pour vous faire puisse, je le feray très voulentiers; le sçait Nostre Seigneur, qu'il vous ayt en sa benoiste garde. Escript à Athies, le XVIII jour de may. Ainsi signé: Le conte de Sainct-Pol, vostre Loys. 50. LETTRE DU MARÉCHAL DE GAMACHES AU CHANCELIER '. Le roi en Bourbonnais. Menaces contre le duc de Nemours. Faux bruits sur le duc de Bourbon. Craintes du comte d'Ar magnac. Ravages des Savoisiens et Dauphinois en Forez. Prise d'Athies en Vermandois par le comte de Saint-Pol. — Nouvelles de l'ambassade envoyée aux Liégeois. 19 MAI. Monseigneur le Chancellier, je me recommande à vous tant comme je puis. Et vous plaist sçavoir que j'ay receu les lettres qu'escrites m'avez et veu bien au long les nouvelles que m'escripvez; dont je vous remercie. Des nouvelles de par deçà, arsoir arriva Argenton le poursuivant, lequel vient de devers le roy et dit qu'il y ot hier huict jours qu'il partit et laissa le roy à disner, qui s'en alloit au Chastelet 2 et de là tout droict en Bourbonnois; et dit que monseigneur de Nemours a envoyé devers le roy mons. de Lanjat 3 et messire Georges de Vouech, et que le roy les a renvoyez devers monseigneur de Nemours, et luy mande qu'il le viene servir sanz faire plus de dissimulacion, autrement que il l'yra veoir jusques là où il est ; et a envoyé avoeq eulx mons. de SaintVaurry pour sçavoir la responce de mondit seigneur de Nemours. Et au regart de monseigneur d'Armignac, il n'ose partir de ses païs par doubte de monseigneur de Foix et des gens que ont amassé les séneschaulx de Thoulouze", de Quercy 5, de Rouergue 6 et autres, car s'il part, ilz ont intencion d'entrer en ses pays et prendre tout. Des 1 Copie moderne, SERILLY, 198, fol. 121. Le Châtelet, Cher, arrondissement de Saint-Amand. 3 Tristan de Lanjac, écuyer, pensionné du roi depuis 1466. 4 Hugues de Massip - Bournazel, chevalier, sénéchal de Toulouse. Mémoires de Philippe de Commines, édition Len glet du Fresnoy, tome II, page 432. 5 Pierre de Remon, dit Folmont, chevalier, sénéchal de Quercy et d'Agenois. Gaignières, 772-2. Lardit de Bar, créé sénéchal du Rouergue en 1461. Essais historiques sur le Rouergue, par M. le baron Gaujal. nouvelles de monseigneur de Bourbon, on ne scet où il est, et dit l'en que il est venu par dechà devers monseigneur de Bourgongne. Et au regart du pays de Bourbonnois, il n'en fault point faire de doubte, car tous les chevaliers et escuyers du pays s'en vont tous en leurs maisons, et ne se veulent point armer contre le roy. Les gens d'armes du Daulphiné et de Savoye sont bien vir lances, et sont desjà en Forestz pour eulx joindre avoeq le roy, et prennent places et forteresses et font tous les maulx du monde. Je vous envoye les lettres que monseigneur de Poictiers' m'a escriptes, par lesquelles pourrez veoir tout ce qu'il y a de nouvel ez marches de Bretaigne; et m'eust escript plus au long, mais il cuidoit que le roy m'eust commandé, comme verrez par lesdittes lettres. J'envoye présentement devers monseigneur de Saint-Pol pour sçavoir les causes pourquoy il a prins une petite ville nommée Athis, où il est logié de présent, qui est ou pays du roy, et pourquoy il faict tant de maux. Je vous envoye le double du pouvoir que le roy m'a donné. Je vous pry que le faictes publier à Amiens et à Abbeville. Je vous pry aussy que trouvez façon d'envoyer aucunes gens de là où vous estes devers monseigneur de Charrolois, qui est au Quesnoy, ou ailleurs où il sera, pour sçavoir de ses nouvelles; car d'icy ne sçaurions trouver façon d'y envoyer personne. Monseigneur, ne vous ennuyez point que je ne puis encores parler à vous; mais si vous poviez venir jusques icy deux ou trois jours, j'envoieray au devant de vous jusques à Corbie, et ferons bonne chière, et vous tiendray bien aise et vous diray beaucop de bonnes nouvelles. Monseigneur de Chastillon et messire Cadorat 3 ont escript à monseigneur de Nevers de Maisières, comment ilz n'attendoient sinon les Liégeois, qui devoient envoyer au-devant d'eulx, pour eulx en aller. Je vous envoye le double des lettres que j'ay escrites à monseigneur de Saint-Pol et la responce qu'il m'a faicte. Sur ce à Dieu soyez. Escript à ce matin, xix de may. Le tout vostre, le mareschal JOACHIM. A la suscription: A monseigneur le Chancellier de France. Jean Du Bellay, évêque de Poitiers. . Louis de Laval, seigneur de Châtillon, frère de l'ex-maréchal André de Lohéac qui suivait le parti des princes; institué grand maître enquêteur et réformateur général des eaux et forêts, le 18 mai 1466. 3 Aimar de Puisieu, surnommé Capdorat, chevalier dauphinois, chambellan et maître d'hôtel du roi, bailli de Mantes. Gaignières, 772-2. |