51. LETTRE DE GUILLAUME COUSINOT AU CHANCELIER '. Soumission des places du Bourbonnais. - Marie d'Albret et madame de Chaumont d'Amboise auprès du roi. — Arrivée prochaine de madame de Bourbon. 20 MAI. Monseigneur, je me recommande humblement à vous. Furet s'en retourne pardevers vous, et vous escript le roy par lui des nouvelles de par deçà bien au long. Depuis les lectres du roy, Murat, Ganat, Aigueperse, Monpensier et tout le quartier de par deçà sont renduz, et sont yci venuz devers ledit seigneur les gens de monseigneur de Monpensier 2 pour traicter son appoinctement envers le roy. Au surplus, madame de Nevers la douairière 3, et madame de Chaumont 4 sont venues yci, et croy que dedans deux ou trois jours madame de Bourbon et les principaulx d'entour monseigneur de Bourbon y seront. Dieu par sa grâce nous doint bonne conclusion en ces matières; lequel je prie, monseigneur, qu'il vous doint les bonnes joyes que désirez. Escript à Montluçon, le xx jour de may. 5 Souvent aurez nouvelles; mais je n'ay loysir pour ceste heure, et, grâces à Nostre Seigneur, vient tout de bien en mieulx. Vostre serviteur et cousin, G. Cosinot. I Au dos: A monseigneur le Chancellier. Copié sur l'original, DUPUY, t. 596, fol. 8. 'Louis de Bourbon, comte de Montpensier, dauphin d'Auvergne. Voy. ci-dessus, pièce 38. 4 Anne de Bueil, sœur de Jean de Bueil, amiral de France sous Charles VII, destitué par Louis XI; femme de Pierre d'Amboise, seigneur de Chaumont, qui suivit le parti du duc de Berri dans la guerre du Bien Public. Son château de Chaumont-sur-Loire fut brûlé et rasé par ordre du roi, au mois de février 1466. 5 Jeanne de France, fille de Charles VII, femme de Jean, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, dont il est question dans la mème lettre. 52. LETTRE DU VIDAME D'AMIENS AU CHANCELIER 1. Persistance du chancelier à vouloir que ses gens aillent aux revues. ce sujet. Plaintes du vidame à Il oppose les recommandations du roi aux exigences de Pierre de Morvilliers. 20 MAI. Mon très honnouré seigneur, je me recommande à vostre bonne grâce tant comme puis. Vostre bon plaisir soit de sçavoir que mon maistre d'hostel et mes gens sont retournez de devers vous, lesquelz m'ont dit que n'estes pas content se tous mes hommes de quoy j'entens estre servy pour aidier à garder moy et mes places, s'ilz ne vont aux monstres en personne, excepté jusques au nombre de douze de mes serviteurs, gens anchiens. Et pour ce que je cuide que vous n'estes pas bien adverty du nombre des gens qui me porroient demourer, je vous envoye par ung billet la déclaration de ceulz dont je ne porroy avoir secours ne ayde, quant mestier sera; pourquoy il me samble que l'on me despointe, et fait-on grant tort, considéré les lettres que j'ay eu du roy, comme vous sçavez assez. Et en confortant mesdittes lettres, le roy m'a mandé par mon chappelain que je garde bien mes maisons, comme plus à plain vous dira ledit chappelain, avoeuc des nouvelles; auquel, mon très hounouré seigneur, je vous prie que vous adjoustez foy et crédence comme à moi-meismes ; et lequel a esté prez de quatre mois à la court du roy, comme scet Dieu, auquel, mon très honnouré seigneur, je prie qu'il vous tiengne en sa saincte garde. Escript en mon chastiau de Pinquegny, le xx jour de may. Au dos: A mon très honnouré seigneur monseigneur le Chancellier. Copié sur l'original, DUPUY, 596, fol. 14. Le bas de cette lettre ayant été coupé, la signature a disparu; mais il est facile de reconnaître de qui elle émane. D'ailleurs l'écriture est de la même main qui a tracé la lettre ci-dessus, p. 260. 53. LETTRE DE L'ABBÉ DE CORBIE AU CHANCELIER'. Publication à Amiens d'un nouveau mandement qui appelle les possesseurs de fiefs au service de l'arrière-ban. Demandes d'exemptions faites autrefois par l'abbé de Corbie. Supplique nouvelle qu'il adresse en faveur du lieutenant du bailli et du lieutenant du prévôt. 21 MAI. Mon très honoré seigneur, je me recommande humblement à vostre bonne grâce. Et vous plaise sçavoir que après la publicacion de certain mandement du roy nostre sire, faicte en la ville de Corbye, lequel contenoit arrier-ben, pour laquelle cause je suppliay à monseigneur de Nevers que aulcuns nobles hons demourans en laditte ville de Corbye et meismes aulcuns fiefvés et arrier-fievés habitans d'icelle, par son plaisir et en faveur de moy, et aussy pour la tuission et garde de laditte ville, volsist qu'ilz en fussent déportés, laquelle requeste par sa grâce m'acorda; et pour ce que depuis on en a publié ung [à] Amiens, comme on m'a dit, plus fort et plus contraint, je doubte que les dessusdiz n'en encourussent aulcun dommaige s'ilz n'estoyent comparans au jour assigné je vous supply, mon très honoré seigneur, que s'ainsy est que lesdiz nobles n'en puissent estre déportez, que au mains Jehan Fouache le Josne, lieutenant du baillif, son frère, et Jehan Haste, lieutenant du prévost, porteurs de ceste, fiefvés et arrier-fiefvés, lesquelz sont commis de par moy à la justice et aussy à la réparacion de la fortresse, comme à curer les fossés, machonneries, artilleries, assir le guet et aultres services pour ladițte ville, et meismement ont payé et payent taille pour ce faire, et desquelz trois, c'est assavoir Jehan Fouache, son frère et Jehan Haste, ne me porroye bonnement passer, il vous plaise, mon très honoré seigneur, attendu que leursdiz fiefz ne sont de plus grand valeur tout le meilleur de x livres, et aussy que oncques ne s'armerrent ne furrent en guerre, il vous plaise, mon très honoré seigneur, par vostre bénigne grace, moy acorder qu'ilz puissent demourer avecq moy, et vous me ferés ung très singulier plaisir. Et au plaisir de Nostre Seigneur, à l'ayde d'eux, je renderay bon compte de laditte ville au roy nostre sire. Mon très honoré seigneur, commandésmoy tousjours vostre bon plaisir pour l'acomplir à mon pooir, à l'ayde de Nostre Seigneur, qui vous doint bonne vie et paradis en fin. Escript à Corbye, le xx1 jour de may. Vostre chappelain et orateur, JAQUE, abbé de Corbie. Au dos: A mon très honoré seigneur, monseigneur le Chancelier de France. Et sur le pli: Abbas de Corbeya. Quis michi hoc tribuat ut in inferno protegas me et abscondas me donec. 54. SOMMATION DE THIBAUT DE NEUFCHÂTEL AUX HABITANTS D'ÉPINAL '. 21 MAI. Thiebault, seigneur de Neufchastel, d'Espinal et de Chastel-sur-Mezelle, mareschal de Bourgoingne, aux Quatre de la Justice et à tous les autres nos bourgois, manans et habitans en nos villes et faulbourgs d'Espinal, requérons et sommons par ces présentes et en oultre mandons et commandons, comme vostre droiturier et naturel seigneur et sur paine d'amande arbitraire à recouvrer sur vous et sur vos biens, et mesment estre punis et corrigez de vos corps, selon vos démérites, que dedens le jour de la Penthecouste prouchain venant, vous venés ou envoiés gens de par vous suffisamment fondés en ce lieu dudit Chastel, pardevers Liébaul de Bouzey, seigneur de Saint-Germain, nostre bailli dudit Espinal, pour l'entretenir ou nom de nous, que nous voulés estre bons, loyaulx et obéissans subgetz et faire le serement comme faire devés que D'après une copie du temps, Gai- obtinrent le don fait au maréchal de GNIÈRES, n° 2895. Thibaut, seigneur de Neufchâtel, de Blamont et de Châtel-surMoselle, maréchal de Bourgogne, avait été gratifié par Louis XI de la seigneurie d'Épinal, en 1461; mais les habitants d'Épinal fermèrent leurs portes à ce nouveau sei· gneur, et firent tant auprès du roi qu'ils T. II. Bourgogne serait transporté à Jean de Calabre, duc de Lorraine. Les tentatives faites à diverses époques par Thibaut de Neufchâtel, pour rentrer en possession d'Epinal, furent toujours infructueuses. Voy. Chronique de Lorraine, dans Calmet, Preuves de l'Histoire de Lorraine, t. III. 35 par les lettres que avons du roy, et nous bailler et délivrer l'ouverture et joïssance paisible de nostre chastel dudit Espinal, de nosdittes villes, de nos rentes et revenues qui nous compètent et doivent compéter et apartenir; en quel cas nous avons ordonné à nostredit bailli de recevoir ledit serement de vous, de accepter et prendre la délivrance et joïssance de nosditz chastel et ville. Donné audit Chastel ', soubz le seel de nos armes ci mis en placart, le xxi' jour de may, l'an mil CCCC LXV. Ainsi signé : Mareschal, PAR MONSEIGNEUR. Gohereti pro copia. 55. LETTRE DU MAIRE ET DES ÉCHEVINS DE MONTREUIL-SUR-MER AU CHANCELIER 2. Requête à eux présentée par les nobles et possesseurs de fiefs bourgeois, pour obtenir l'exemption du service de l'arrière-ban. — Exposé de leurs motifs. Prière au chancelier de les prendre en considération. 22 MAI. Nostre très honnouré et redoubté seigneur, nous nous recommandons très humblement à vostre bonne grâce. Et vous soit plaisir de savoir, nostre très honnouré et redoubté seigneur, que aucuns nobles en petit nombre, et plusieurs hommes de fiefz bourgois et habitans de ceste ville, sont venus devers nous, depuis que le ban et arrière-ban ont esté derechief criez et renouvellez de par le roy nostre sire, et par espécial depuis que assignacion a esté faite aux nobles fiefvez et arrière-fiefvez de aller aux monstres à Amiens le xxi jour de ce présent mois, disans que de tout le temps qu'ilz ont esté demourans en cesteditte ville, ilz se sont libéraument emploiés à la garde d'icelle ville tant de jour comme de nuit; et que, parce que la pluspart de eulx et comme tous, sont gens anchiens débilitez, conseilliers, marchans et gens de mestier, et que leurs fiefz sont de petite valeurs et que laditte ville a grant nécessité de garde, ilz ne ont point acoustumé de monter à cheval et ont tousjours par grâce esté excusez de servir le roy à la garde de laditte ville; et que, tant à ceste cause comme parce que naguères nous advions obtenu grâce du roy qu'ilz fussent excusez pour servant le roy |