60. LETTRE DU COMTE DE SAINT-POL AUX HABITANTS DE ribemont'. Danger que court la ville à l'approche du comte de Charolais. -Offre du comte de Saint-Pol de la prendre sous sa sauvegarde. Protestations de bienveillance. -- 26 MAI. Très chiers et espéciaulx amys, pour ce que j'ay tousjours désiré et encores désire et vouldroye le bien de vous et de tout le pays, et sçay l'armée que monseigneur de Charrolois a à présent, et fais doubte qu'une partie ne tire en vostre marche: je vous en vueil bien advertir pour eschever vostre dommaige et le dangier qui vous en porroit advenir. Et pour obvier à ce, j'escris devers vous en vous signiffiant que, si voulez mettre en ma main la ville et chastel de Ribemont, je vous garderay et préserveray de tous dommaiges à mon pooir, comme les miens, et ne souffreray que ayez garnison, mais qu'il y ayt aucune quantité de mes gens ou chastel, pour garde de la place et donner à congnoistre qu'elle est en ma main. Et se ainsy ne le voulés faire, j'ay grant doubte que le mal ne redonde sur vous, et que ne puissiez endurer le faix de l'artillerie de mondit seigneur, comme assez povez congnoistre. Et y a beaucop qui tendent à vous avoir en leur main, qui ne vous vouldroient pas tant de bien comme je feroye. Ce que je vous signiffie affin qu'incontinent m'en faictes sçavoir vostre voulenté par ce porteur. Au seurplus, très chiers et espéciaulx amys, se aucune chose voulez que pour vous faire puisse, faictes-le-moi sçavoir, et je le feray très voulentiers; ce sçait Nostre Seigneur, qui vous ayt en sa saincte garde. Escrit à Athies, le xxvre jour de may. Le comte de Sainct-Pol, de Liney, de Conversan et de Brienne, LOYS DE LUXEMBOURG. 61. LETTRE DU MARÉCHAL DE GAMACHES AU CHANCELIER '. Surprise de Mortagne par le sire de Haubourdin. Arrestation du bailli de Mortagne. Vigueur des confédérés. Mesures à prendre contre les places occupées par leurs partisans. 28 MAI. Monseigneur le chancellier, je me recommande à vous tant fort et de si bon cuer comme je puis. J'ay receu voz lettres et veu le contenu bien au long, par lesquelles entre autres choses m'escrivez comment monseigneur de Halbourdin s'est, du consentement de ceulx de la ville de Mortagne, mis dedans icelle. Et me semble que vous avez bien faict d'avoir retenu Phelippe d'Ivregnies qui estoit venu devers vous; toutesfois de ce ne se fault point esbahir, car toutes les sommasions et entreprinses qu'ilz peuvent faire sur les villes et subjectz du roy, ilz les font, comme porrez veoir par le double d'unes lettres que monseigneur de Saint-Pol a escrittes à ceulx de Ribemont, lesquelles ceulx dudit Ribemont envoyèrent hier à monseigneur de Nevers 2, que je vous envoye. Si monseigneur de Charrolois s'approuche de ces marches, je luy escriray bien au long. Monseigneur de Nevers et moy envoyons demain devers le roy, et luy escrirons de tout, et luy envoyerons le double desdittes lettres. Il ne nous fault plus dissimuler que ne leur facions tout du pis que nous porrons; car tout le pis qu'ilz puevent faire sur les pays et subjectz du roy, ilz le font. Si, ne bougez encores des marches de par delà jusques à ce que voyons plus à plain que ce sera: il me semble qu'il n'y aura que bien. Monseigneur, je suy bien courroussé que ne vous puis veoir et parler à vous. Je vous pry que me veuillez envoyer la forme que j'ay à tenir pour sommer et mectre en la main du roy les places de Mareul 3, Haplincourt, Gerely 5 et autres plusieurs de par deçà. S'il survient riens de nouvel, tousjours le vous Copie moderne, SERILLY, 198, fol. 16. 3 Marcuil, près de Montdidier. T. II. feray sçavoir. Et à Dieu soyez, Pas-de-Calais, sur la limite de celui de la 5 Sic. Sans doute Genlis, près de Péronne, et aujourd'hui dans le départ. de l'Aisne. 36 monseigneur, auquel je pry qu'il vous doint ce que désirez. Escrit à Péronne, le xxvIII jour de may. Le tout vostre tant fort que plus ne pourroit, Joachim. Et à la suscription: A monseigneur le Chancellier. 62. LETTRE DE PHILIPPE DE SAVEUSE A UN DE SES AGENTS A AMIENS, Sur le départ du comte de Charollais 1. 29 MAI. Baudechon, entendez byen à tout par delà; ye y envoyeray men fenme byentot. Mons. de Charoloys s'en vuea pour le byen de che royame pour ly terouvuer avueu mons. de Bery. Requonmandéme byen à mes boyns amys d'Amyens; ye leu sereay tout dys bon amy et quoysyn. Ye ne demande que pays, Dyu le set; Dyu ne falyt honques à gens de bone foy, ne [ne] faurea. Etqueryt à Quorbye, che merquedy. PHELIPPE DE SAVEUSEZ 2. 63. LETTRE DU ROI A MAÎTRE GEORGE HAVART3. Objet de la mission dont est chargé George Havart. →→ Nouvelles instructions pour négocier avec les ambassadeurs d'Édouard IV. Le duc de Nemours auprès du roi. → Pourparlers avec le duc de Bourbon. - Le roi à Saint-Pourçain. - Espoir d'une conclusion prochaine en Bourbonnais. 29 MAI. DE PAR LE ROY. Seigneur de la Rousière, vous savez que à vostre partement, entre les autres charges que vous avons baillées, nous vous avons baillé y povoir de ralonger les abstinences de guerre estans entre nous, noz royaume, pays et subgiez d'une part, et le roy d'Angleterre, ses royaume, pays et subgiez d'autre; c'est assavoir pour ung an commanssant au jour que lesdictes abstinences qui encores durent, expireront. Et pour ce que la chose sera de plus grant auctorité quant il ara d'autres ou povoir nommez avec vous, nous vous envoyons ung autre povoir, où avons fait laisser espace pour mectre ung évesque ou deux et ung chevalier, ou ung évesque, ung chevalier et ung clerc des marches de par delà, telz que vous adviserez, lesquelx vos y ferez mecire; car tant plus y ara de gens de bien et mieulx la chose sera. Si advisez quelx gens vous y porrez mectre et nous vous envoyons des lectres de créance sur vous, lesquelles vous adresserez à ceulx que vous adviserez et dont vous pencerez bien finer pour aler avec vous; et faictes vostre créance telle que vouldrez en manière que vous venez à vostre entencion. Et au regart de l'autre point dont vous avons baillé charge, faictes-en ainsi que ce porteur vous dira, car noz besoingnes de par deçà, la Dieu grâce, vont bien; et avons espérance d'y avoir toust fait. Monseigneur de Nemour est venu devers nous, qui ne sera point contre nous. Le seigneur de Chaumont' et le chancelier de Bourbonnoys y sont aussi venuz, et tous troys s'en sont allez à Moulins devers le duc de Bourbon. Et nous sommes venuz en ceste ville de Saint-Poursain 2, et croyons que demain nous amèneront à Varennes 3, qui n'est que à deux lieues d'ici, ledit duc de Bourbon, et nous actendons que nous ne départirons d'ensemble que n'ayons asseuré le fait de deçà, et ce fait, tirerons ès marches de par delà pour résister aux entreprinses et menaces de ceulx qui contre leur honneur et le serment de féaulté qu'ilz ont à nous, nous veullent courir sus. Nous sommes contens que vous prenez possession de vostre balliage. Donné à Saint-Poursain, le xxix jour de may. 64. PROPOSITIONS DU DUC DE NEMOURS AU ROI !. FIN DE MAI. CE QUE REQUIERT AU ROY LE SIRE DE LANGHAC POUR MONSEIGNEUR LE DUC DE NEMOURS. Premièrement, pour la venue de mondit seigneur de Nemours, seurtez du roy, de messeigneurs du Maine et de Comminge, tant pour venir comme pour s'en retourner. Item, qu'il plaise audit seigneur emploier mondit seigneur de Nemours à tractier et acorder appointement de messeigneurs de son sang et luy; car il s'i emploira à son povoir au bien et honneur dudit seigneur, prouffit et utilité de son réalme et de la chouse publique. Item, qu'il plaise audit seigneur donner à mondit seigneur de Nemours cent arnois et deux cens brigandines. Item, qu'il plaise audit seigneur assigner ailleurs à mondit seigneur de Nemours I frans qu'ilz luy avoit assignez sur Périgort et mil v sur le bas Limosin, pour partie de sa pansion, dont jamais n'en recouvroit croix 2. 3 Item, aussi * escuz pour les arnois de Rossillon 3 qui sont estez assignez à mondit seigneur de Nemours sur la cressence des greniers, qui ne vendroient d'un an, les luy assigne sur le payement des gens d'armes que ledit seigneur prant tant en la Marche que Auvergne ès terres de mondit seigneur de Nemours. 'D'après la cédule originale, coll. GAIGNIÈRES, Vol. 375, fol. 34. Cette pièce sans date se place à la fin du mois de mai, puisque le 29 le roi écrivait : « Mons. de Ne«<mours est venu devers nous » (voy. la pièce qui précède). De plus il ajoutait : « qui « ne sera pas contre nous. » Il y avait donc eu nécessairement, entre lui et le duc de Nemours, des pourparlers qui lui donnaient à croire que ce seigneur ne se joindrait pas un écu. 3 Le duc de Nemours avait fait de grandes avances pour le roi dans la guerre de Roussillon et de Catalogne, qu'il conduisit en 1463. |