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yeu, Guilhem, par la gracia de Dieu, coms da Rodes, filhs de mosque so senhor Hugo lo comte don', ab cosselh et ab voluntat de lhuy, donam et autorgam eis lo do et afrancament que mossenhor payre et nostre frayre En Huc lo coms que mori ad Amilhau, donet ni autorguet, so es assaber que jamai tolta ni forsa ad home ni a femena no fassam en la villa da Rodes, nos ni hom per nos.

Et donam et layssam quelh mercadier nih altre menestral que i so ni adenant i seran non dono ni pezatge ni uzatge a l'intrar ni al issir da Rodes ni a Boazo, ni a Rodella, ni a Soyri, ni a Cambolas, ni a Pradas, ni a Monrosier, ni en luoc viro Rodes de quatre legas, se de carnatge non o fazian.

Et donam et layssam que laysso d'ome sia tenguda, e las causas dels morts tornon als heres drechurye

ramen.

Et donam et lauzam que per tots aquels lox noclars en que mayzos no ha aiidas, puesca hom bastir francamen, et quelh mayzos done alberc ab un cavalier d'aquelas que son bastidas dins los murs, ni dins los valats.

Et donam et lauzam e covenem que

Guillaume, par la grâce de Dieu, comte de Rodez, fils de monseigneur Hugues, comte seigneur, de son avis et consentement, et lui avec moi, nous donnons et octroyons le don et affranchissement que monseigneur notre père et feu notre frère, M. le comte Hugues qui mourut à Millau, avaient donné et octroyé, savoir, que jamais ni nous ni personne de notre part n'assujettirons homme ou femme de la ville de Rodez au droit de tolte ou de force.

Nous donnons et accordons que les marchands et gens de métier qui sont actuellement à Rodez, ou y seront à l'avenir, n'aient à payer à l'entrée et à la sortie aucun droit de péage ou d'u sage à Rodez, ni à Bozouls, ni à Rodelle, ni à Souyri, ni à Camboulas, ni à Prades, ni à Monrosier, ni dans aucun lieu autour de Rodez, à la distance de quatre lieues, à moins que ce soit pour charnelage.

Nous donnons et accordons que chacun dispose de ce qui lui appartient, et que ce qui appartenait aux morts aille à leurs héritiers directs.

Nous donnons et accordons que dans tous les lieux vacants où il n'y a pas eu de maisons, on puisse en bâtir avec franchise, sauf pour celles qui seront bâties dans l'intérieur de l'enceinte des murs ou dans les fossés, lesquelles payeront l'albergue d'un cavalier.

Nous donnons, accordons et con

Lo comte don, le comte seigneur. Guillaume caractérise par cette expression la supériorité de son père, qui l'avait appelé à partager le gouvernement du comté de Rodez.

non prengam home ne femena estangan de la villa ni dels altres que istar i venron per estatgatio quen de ueit dias lacsem acountat ses engan ni pueisas se dreh volia far.

Et donam e lauzam que se forsa faziam ni nos ni nostro bayle, que tota hora nos en captenesem enayssi coma lhi prohomme da Rodes desiran.

Et tot aysso en ayssi com es escrich en aquesta carta per bona fe et ses engan lo tenrem per tots temps, se Dieu nos aiut, sur aquels evangelis de nostres mas corporalmen tocats.

E aquest do fo fach en la claustra de Sanh Amans, en presencia dels clergues, dels cavaliers et dels borges et del communal desdih borc.

venons que lorsqu'un homme ou une femme étrangers à la ville viendront y demeurer, il ne leur soit rien demandé qu'auparavant nous n'ayons examiné durant huit jours si l'étranger veut frauder les droits.

Nous donnons et accordons que si nous ou notre bayle nous faisions violence, nous la réparerons à toute heure, comme les prud'hommes de Rodez le décideront.

Tout ce qui est écrit ci-dessus en cette charte, nous avons juré sur les saints Évangiles corporellement touchés de notre main, de le tenir en tout temps, et ainsi Dieu nous soit en aide!

Ce don a été fait dans le cloître de Saint-Amant, en présence des clercs, des chevaliers, des bourgeois, et de la communauté dudit Bourg de Rodez.

DÉPARTEMENT D'EURE-ET-LOIRE.

NOTICE SUR UN MANUSCRIT DE LA BIBLIOTHÈQUE DE

CHARTRES,

PAR M. DOUBLET DE BOIS-THIBAULD,
CORRESPONDANT DU COMITÉ DES MONUMENTS ÉCRITS.

Nous ne connaissons pas de ville où la sainte Vierge ait été et soit l'objet d'une plus fervente adoration qu'à Chartres. Chroniqueurs et historiens s'accordent à exalter le culte qui lui a été voué depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours. Chartres, assiégée tantôt par les Normands, tantôt par les Huguenots, par les Anglais, etc., n'aurait dû sa délivrance qu'à l'exposition sur ses remparts d'un voile que par tradition on a constamment appelé la chemise de la Vierge. Le chapitre en avait décoré son blason. Les manuscrits qui ont appartenu à la bibliothèque de l'ancien chapitre de Chartres portent sur la couverture une estampille qui représente cet emblème. En 911 1, à la vue de la sainte relique, Rollon leva le siége qu'il avait fait de Chartres; la vaste prairie que traversèrent en s'enfuyant les assiégeants, a conservé la dénomination du Pré des reuclez. Une autre fois ce sont des huguenots qui se débandent, frappés d'une sorte de vertige dans des circonstances semblables. La délivrance de la ville était solennisée le 15 mars; on allait en procession à une chapelle dédiée à la Vierge, qu'on appelait Notre-Dame de la brèche. La Vierge y était représentée portant des boulets dans son tablier 2. Sur l'une des portes de la ville, la

'La bataille est indiquée par les historiens d'une manière différente; les uns la fixent en 898, les autres en 905 et 912. Comme le traité de Saint-Clair qui est de la dernière de ces dates, paraît avoir suivi de près la bataille, Suhm pense qu'elle doit être fixée en 911.

› Au-dessus de la galerie de la porte royale de l'église cathédrale de Chartres, la Vierge est représentée (par une grande statue) dans la même position.

porte Drouaise particulièrement, on vit longtemps une image de la Vierge, tenant Jésus-Christ dans ses bras; au-dessous était cette inscription: Carnutum tutela.

Les miracles de la sainte Vierge furent nombreux, s'il faut s'en rapporter à Sablon. « Si chaque siècle, dit-il, avait eu des personnes qui eussent couché par écrit tous les miracles que Dieu a opérés par la sainte Vierge, nous en aurions assurément de gros volumes. >>

La poésie au moyen âge donnait aux récits plus d'intérêt ; voilà pourquoi les chroniqueurs, à l'exemple des trouvères et des troubadours, ont écrit en vers sur les sujets les plus divers et les plus bizarres à la ·· fois; le roman du Rou appartient aux matériaux que les historiens normands ne manquent pas de consulter; les Sagas font connaître les traditions des peuples du Nord; les mystères, la partie religieuse du moyen âge. Le poëme dont nous allons parler appartient à l'ère poétique du christianisme.

Les miracles de Nostre-Dame de Chartres, que possède en ce moment la bibliothèque de Chartres, nous viennent de celle de l'ancien chapitre : «<ex bibliotheca capituli Carnotensis,» lisons-nous sur la marge de la première page. Ils sont reliés avec trois autres en un volume in-4o couvert de parchemin 2.

DESCRIPTION DU MANUSCRIT.

Il est sur peau de vélin, à deux colonnes; les lettres initiales des chapitres sont coloriées; les caractères sont gothiques. Chaque chapitre contient le récit d'un miracle, il y en a 32; on compte 8,400 vers environ. Le manuscrit contient 52 feuillets.

ORIGINE DU POËME.

Le manuscrit que nous avons n'est pas le poëme primitif; celui-ci était écrit en latin; l'auteur ne nous en est pas connu, et le poëme latin n'a pas été conservé. On suppose qu'il a été écrit vers 10203, après

Hist. de l'auguste et vénérable église de Chartres, p. 107.

Catalogus episcoporum Carnotensium. — De fundatione et nobilitate ecclesiæ Carnotensi. Necrologii et Martyrologii ecclesiæ Carnotensis fragmenta.

3 Hérisson, Hist. des Carnutes par Ozeray, t. II, p. 446.

l'incendie de l'église de Chartres, arrivé sous l'épiscopat de Fulbert, le 7 septembre.

ÉPOQUE OÙ IL fut traduit.

L'évêque Mathieu, qui mourut en 1259, fit faire la traduction. Jehan Lemarchant la termina en 1262 (sous saint Louis); ce fait est mentionné au fol. 51 r du ms.

Le poëme commence ainsi :

Ci comencent les miracles Notre-Dame • Ql' fit por l'iglise de Chartres ferre...

Vuil metre en roumans et en rime
Et dou latin en françois traire

On lit à la fin :

Afin que puisse plaire.

De que l'entende la gent laie
Et la grace de la Dame aie,
Qui est envers Dieu gracieuse
Et est la pierre précieuse.

Par ce que dit est dessus apert que l'église de Chartres fut arse l'an mil et xx; ouquel tems fut de nouvel édiffiée ladite église si comme elle est à présent, et fest Notre-Seigneur les miracles dessusdis à l'enneur de sa sainte Mère, la benoiste vierge Marie, pour aidier à édiffier ycelle église de Chartres qui est la propre et espécial chambre de ladite vierge Marie en terre, et elle-mesmes en son vivant fut présentement et la vint veoir pour ce que illec estoient les premiers crétians et que la cité et toute la terre de la conté li avoit esté donnée par le prince de la terre, si comme les autres ystoires racontent; et pour cette cause se fist-elle appeler Dame de Chartres, si comme es miracles dessusdits en devise. Lesquelx miracles furent longuement réservez et gardez ou trésor de ladite église et estoient en latin. Lesquelx translata de latin en françois ledit mestre Jehan Lemarchant l'an mil cc LXII. Ainsi, sont depuis l'arsure de ladite esglise jusques à la translation d'iceulx miracles CCXLII ans ou environ.

IMPORTANCE DU POËME.

Roulliard, dans sa Parthénie (1609), rapporte que ce poëme est écrit dans un vieux livre de parchemin contenant plusieurs autres titres et statuts du chapitre; que la Cour (le parlement de Paris probablement) préjugea être authentique, par un compulsoire du 19 août 1489', ordonné par chapitre contre frère J. Binet, primo curé de Sainte-Foy de Chartres.

Challine ms. date cet arrêt de 1585.

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