DÉTAILS BIBLIOGRAPHIQUES. Tous les historiens manuscrits et imprimés du pays chartrain mentionnent le poëme de Jean Lemarchand. D. Liron', Sébastien Roulliard 2, Pintard 3, Challine 4, Sablon 5 et Souchet ❝. On connaît deux poëmes sur le même sujet. Le premier a pour titre Herimani monachi de miraculis Beatæ Mariæ Laudunensis, de Venerabilis Bartholomæi episcopi et sancti Norberti gestis libri tres.— Ce poëme se trouve à la suite des œuvres de Guibert de Nogent mises au jour par D. Luc d'Achery, Paris, Billaine. Le second est de Hugues de Sartil. D. Germain (Hist. de l'abb. roy. de N.-D. de Soissons, Paris 1675) a traduit presque tous ces miracles. Le livre Iv traite des miracles de Notre-Dame arrivés en l'église de l'abbaye; des reliques des saints et des tombeaux les plus considérables. Nous transcrirons ici le chapitre XXIX, qui contient l'histoire du siége de Chartres par Rollon. « Comment la cité de Chartres fut délivrée de ses anemis par la seinte chemise de Chartres. >> En France grant ouz amena Tout ocist et mist à l'espée, Poor orent li citeien Qui furent dedens aségié, Car il furent forment gregié De mangonniaus et de perrières Ses murs se painent et travaillent A Chartres un grant roi de France, Li Chartrain la chemise pristrent, Charles le Chauve. I mostra devine venchanche, Si s'apareillent de issir hors Est la force à ses anemis, En fuie s'est meintenant mis; Il n'a poeir de soi venchier: Li s'enfoui o poi de gent, Cil qui de seigneur point n'avoient, O de chevaliers grant conpaigne ; Mès cil qui savoient meint tor, A mie-nuit s'en eschappèrent, Par l'oust au François s'en passèrent. Quant il fut jor et François virent A leur seigneur droit à Lisées. Par sa glorieuse chemise Et son voile dont ce devise: Moult chier doyvent estre gardées Come de vertu esprovées. L'impression de ce poëme serait intéressante à la fois pour l'histoire de l'église de Chartres et pour l'étude de la langue romane du Nord, ou vieux français. ! Lisieux. DÉPARTEMENT DU NORD. HISTOIRE ET DESCRIPTION DES ARCHIVES GÉNÉRALES PAR M. LE GLAY, ARCHIVISTE, ORIGINE ET DIVISION. Le département du Nord, formé aux dépens des anciennes provinces de Flandre, de Hainaut, de Cambrésis et même d'Artois, a dû faire entrer dans ses archives tous les titres et papiers concernant les divisions territoriales qui ont servi à composer sa circonscription. Ainsi sont venues se fondre dans le dépôt départemental, les archives souveraines des anciens comtes de Flandre et de Hainaut, les collections des intendances, des bailliages divers, des châtellenies; puis enfin les archives de tous les établissements religieux disséminés sur la surface de cette contrée. Lorsqu'on veut établir un premier classement dans cet amas de pièces de tous les genres et de toutes les époques, deux grandes divisions viennent d'abord s'offrir à l'esprit. De ces titres, les uns sont anciens ou historiques, les autres sont modernes ou administratifs. J'appelle archives anciennes ou historiques, celles qui offrent une date antérieure à la révolution de 1789, qui changea non-seulement l'ordre politique, mais modifia complétement les circonscriptions territoriales de la France; je nomme archives modernes ou administratives, celles qui sont postérieures à cette mémorable époque. Je comprends dans la première catégorie 1o les archives de la chambre des comptes; 2o celles du bureau des finances; 3o les archives des établissements religieux et d'instruction publique; 4° celles des intendances. A la deuxième catégorie se rattachent 1° les archives des huit districts dont se composait le département, en vertu de la loi de mars 1790; 2o de l'administration centrale, de l'an iv à l'an vii de la république ; 3° enfin les archives de la préfecture, depuis le mois de mars 1800 jusqu'à ce jour. I. ARCHIVES DE LA CHAMBRE DES COMPTES. On appelait chambre des comptes un tribunal, ou plutôt une cour souveraine qui était chargée d'entendre et d'examiner les comptes de recettes et dépenses des agents du trésor public. Il existait dans le moyen-âge une chambre des comptes à Paris pour toute la France. Lå Bourgogne en possédait une, dont le siége était à Dijon. Lorsque Philippe-le-Hardi, duc de Bourgogne, prit possession du comté de Flandre qui lui était échu du chef de sa femme Marguerite, fille du comte Louis de Male, mort en 1384, il institua à Lille une chambre des comptes, semblable à celle qui réglait les finances de son duché. Le 15 février 1385 (1386 nouv. style), il promulgua une instruction en forme d'ordonnance sur la manière de procéder dans la chambre des comptes. L'article to est ainsi conçu : « Item, quand lesdits conseil« lers auront espace, ils se debvront employer à visiter les chartres, re<<< gistres et lectres touchant ledict seigneur pour estre mieulx instruicts « de ses faits au temps advenir. » Nous trouvons dans la teneur de cet article le motif légal de l'établissement du dépôt des chartes dans la même ville que la chambre des comptes, qui, ayant à compulser les titres anciens, devait les avoir toujours à sa portée; les archives étaient placées au château de Lille. Pour mettre de l'ordre et de la clarté dans l'historique de ce dépôt célèbre, nous allons le considérer d'abord sous les divers directeurs ou gardes qui ont été chargés de veiller à sa conservation; puis nous le décrirons sommairement dans chacune de ses parties. 'Nous avons le premier donné, en 1835, une nomenclature chronologique des gardes des archives de Flandre. Depuis, M. Gachard a ajouté quelques noms à cette liste, notamment en ce qui concerne les dépôts de la Flandre flamingante, qui n'est pas de notre ressort. |