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De M. E. RENOU:

Un très-beau fragment de BOIS DE CERF fossile, provenant des Ponts-de-Braye. Nous possédons déjà un fragment moins complet, provenant de la même fouille. (V. un rapport sur cette découverte dans le Bulletin Vse année (1857), p. 34.

CH. B. et N.

REMERCIEMENTS sincères à tous les donateurs que nous venons

de nommer.

DE

BIOGRAPHIE

LOUIS

SERVIN

Par M. A. DE TRÉMAULT.

Le soin avec lequel chaque ville enregistre aujourd'hui, pour le préserver de l'oubli, le nom de ceux de ses enfants qui ont jeté quelque éclat dans le cours de leur carrière, est particulier à notre époque, et si parfois il n'est pas exempt d'un léger ́ mélange d'orgueil, que ne justifie pas toujours son objet, ce défaut trouvera peut- . être son excuse dans le sentiment patriotique dont il émane; car le culte des souvenirs est salutaire; il hohore à la fois ceux qui le rendent et ceux à qui il s'adresse.

C'est en s'appuyant sur ces considérations que l'on veut essayer de remettre en lumière le nom de Louis Servin, seigneur de Pinoches et de La Grève 1, et de revendiquer ce personnage au profit du Vendômois, auquel il appartenait par sa famille paternelle et par les biens qu'il y a possédés. Ce nom, aujourd'hui bien tombé dans l'oubli, a jadis joui d'une grande notoriété, car celui qui l'a porté fut conseiller d'Etat, et remplit avec éclat pendant trente-sept années consécutives, sous les rois Henri III, Henri IV et Louis XIII, les importantes fonctions de premier avocat-général au parlement de Paris.

Son père, Claude Servin, était d'origine vendômoise, comme l'apprend une pièce en forme de lettre, sans autre signature que les initiales A. D. S., imprimée sous ce titre DISCOVRS SVR LES MEVRS et Humeurs de

Pinoches, paroisse de Crucheray en Vendômois. La Grève, paroisse de Saint-Bomer, cauton d'Authon (Eure-et-Loir).

Monsieur Servin, advocat général au parlement de Paris, MDCXVII. Quoique l'auteur ait parfaitement connu ce magistrat, comme le prouvent certains détails qu'il donne sur ses affaires privées, dont les traces se retrouvent dans les anciens titres de la terre de Pinoches, aujourd'hui entre nos mains, on ne saurait lui accorder tout le crédit que semblerait devoir lui mériter la qualité de contemporain, ni accueillir les jugements qu'il porte sans la plus grande réserve, parce qu'ils sont empreints d'un sentiment de malveillance évidente qui dégénère même en animosité passionnée. Nous en citerons pour preuve la première phrase de sa lettre, nous allions dire de son pamphlet.

« Monsieur, écrit-il, puisqu'il n'y a rien de nouveau en <«< ceste cour, me ressouvenant du discours que vous me <«<feites pendant votre dernier voyage sur la bijarre et «malefesante humeur de Monsieur l'advocat du Roy << Servin, tant contraire au naturel de ceux de nostre pays de Dunoys, et de ceux qui font estat de vivre entre « les gens d'honneur, je vous veux raconter ce qui << m'est arrivé sur ce sujet, afin que vous entendiez que << nous ne sommes pas seuls qui trouvons ces humeurs « étranges. >>

On ne peut s'étonner de voir Louis Servin en butte à des attaques que subissent presque toujours ceux qui, comme lui, sont partis d'une situation modeste, pour s'élever par leur mérite aux premiers rangs de la société. Les devoirs de la charge importante qu'il occupa, pendant la dernière période de l'époque si profondément troublée des guerres de religion, ont bien pu exciter contre lui quelqu'une de ces rancunes vivaces qui survivent à l'apaisement des grandes commotions politiques, et c'est peut-être quelque sentiment de cette nature qui anime l'auteur de la lettre citée plus haut, car, à le juger

1

Réimprimée dans les Archives curieuses de l'Histoire de France, le série, tome II, p. 175.

par son langage, il était catholique zélé, peut-être ancien ligueur, et se trouvait en dissidence d'opinions avec le magistrat qui, portant la parole au nom de l'autorité royale, était tenu par devoir de sa charge, quand ce n'aurait pas été par conviction, de faire de la politique de conciliation et d'apaisement.

Le père de notre magistrat se nommait Claude Servin ; natif de Mondoubleau, il était fils d'un boucher, et avait d'abord exercé l'état de compagnon cousturier1. Il fut des premiers qui en France adoptèrent les opinions de la réforme, dont il embrassa le parti avec ardeur. Il passait même pour avoir pris une part active aux premiers troubles religieux qui éclatèrent dans le Vendômois, et pour s'être approprié une croix d'argent lors du pillage de l'église Saint-Bienheuré de Vendôme, se fondant sur ce passage du symbole Crucifixus etiam pro nobis. Une pareille conduite dut avoir une notoriété fâcheuse dans une ville où les catholiques étaient encore en majorité, et ce fut peut-être l'un des motifs qui le déterminèrent bientôt après à se rendre à Châteaudun. Là, son zèle pour la réforme lui mérita la confiance des nouveaux religionnaires, qui lui donnèrent la charge de contrôleur de leur bourse commune. Cette fonction lui ouvrit la maison d'un habitant nommé Deschamps', qui avait quelque bien et deux filles, dont il ne tarda pas à épouser l'aînée, nommée Madeleine. Ce mariage le fixa d'abord à Châteaudun, qu'il ne tarda pas à quitter pour aller à Paris habiter le faubourg Saint-Germain 3.

4 Lettre de 1617.

2 C'est sans doute à cette même famille qu'appartenait Elisabeth Deschamps, qu'épousa à Paris, le 12 septembre 1618, Abel Brunier, médecin de Gaston d'Orléans. Elle était fille de Jacques Deschamps, secrétaire de la chambre du roi et receveur des tailles de l'Election de Châteaudun. T. III, p. 404, des Mémoires de la Société des Sciences et Lettres de la ville de Blois.

5 Oratio funebris in laudem Ludovici Servini, a Joanne Gran· gercio. 1626.

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