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Ramassa le pauvre petit,

Et le remit aux mains d'une mignonne fil
L'Enfant, charitable et gentille,
Lui fait un doux nid de sa main,
Le réchauffe de son haleine,
Le place tout nu dans son sein,
Timide et respirant à peine,
De peur de froisser l'orphelin.

L'Oiseau transi, d'abord, trouva la place bo
Se casa, s'endormit, rendant grâces aux di
Mais, bientôt, il rouvre les yeux,
Il se sent à l'étroit, il becquette sa Bonne.
On ouvre la chaude prison;

On donne à ce jeune sauvage
Une claire et large maison,

Avec mangeoire d'or, et bain pour son usa
Nid de duvet et de coton,

Caresses, pâtée à foison;

Que lui fallait-il davantage?
Tout oisillon quelque peu sage
Se fût trouvé le roi des oisillons en cage.

Il en alla d'autre façon.

Au bout de quelques jours, sentant venir ses ailes, (Il en pousse à tous les marmots,

Jeunes bambins, jeunes oiseaux),
Il voulut essayer ces facultés nouvelles ;
Mais la cage avait des barreaux.

Il y brise son vol, tombe, l'aile froissée,
Essaie de nouveau, ne réussit pas mieux...
L'Enfant, qui le suivait des yeux,

Ouvre la cage et la croisée,

Et voilà l'oiseau dans les cieux.

L'ingrat n'alla pas loin; de ses forces naissantes
L'effort fut bien vite épuisé.

Il revint tout honteux vers les mains caressantes
Qui se tendaient vers lui, repris, grondé, baisé.
<< Cher imprudent, lui dit sa jeune providence,
Pourquoi sitôt fuir ton berceau?

Je suis petite fille et toi petit oiseau ;
Nos ailes pousseront, mais ayons patience!
En attendant, voyons! pour t'apprendre à voler,
J'ai des amis dans la charmille :

Une fauvette et sa famille.

Auprès d'eux je vais t'installer. >>

Elle mit l'orphelin au nid de la fauvette,

Qui traita le rossignolet

Comme un de ses petits: charitable et discrète,
Elle eut pour le pauvre oiselet

Va conter à l'enfant sa peine, Lui dit que sa tendresse est vaine, Ses soins les plus chers, superflus! « Rendez-le-moi! dit l'ange aux boucles bl Je sais, sur les bords de ces ondes, D'autres bosquets frais et touffus, Et dans leurs paisibles retraites,

D'autres nids tout peuplés d'oiseaux; Peut-être là.... » L'enfant disparaît à ces n Sa présence sous leurs berceaux

Réveille mille voix muettes :
Rossignols, pinsons et fauvettes,
A l'envi, jettent aux échos

Lais d'amour, trilles et rondeaux.

Tout à coup, ô Nature! un léger frisson d'a il
Dans la main de l'enfant, agite le pauvret;
Il relève la tête, et quelques notes grêles

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Nos fleurs sont sans parfum, nos grappes sans saveur, Nos beautés, de pâles images.

Sous le poids d'un tel souvenir,

L'homme, ainsi que l'oiseau, laisse traîner ses ailes,
Jusqu'au jour où, guidé par des voix fraternelles,
Il prend son vol vers l'avenir.

Vendôme, décembre 1866.

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