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le goût à la cour de Louis XII. Au rapport de l'abbé Baïni, Josquin Deprès était alors l'idole de l'Europe : « On ne goûte plus que Josquin, dit-il, et nul ouvrage n'est beau s'il n'est de Josquin. »

Il est bien entendu qu'il s'agit ici uniquement des amateurs compétents. Bien qu'on chantât beaucoup à Paris, à l'époque où brillait Josquin Deprès, les progrès des Français furent très-lents en musique, et il n'était donné qu'à un petit nombre de privilégiés de comprendre et de traduire les compositions élégantes et spirituelles du célèbre maëstro belge.

Vanderdonck, à coup sûr bon juge dans l'art de la composition, était vraisemblablement habile compositeur luimême. Il n'y aurait eu à cela rien d'extraordinaire. Combien de Belges, de Flamands surtout, ont été doués du génie musical, et ont répandu leurs inspirations dans l'Europe entière! «<Quant à la musique, dit l'auteur anonyme d'une description des Pays-Bas (1), les Flamans l'ont rendue parfaicte, veu qu'il n'y a peuple qui aye plus d'inclination à cet art que cestuy-cy. »

Non loin de Nukerke, naquirent à Huysse, au VIIIe siècle, l'abbé Adelard, auteur d'un traité de musique; à Zwalm, au XIIIe siècle, le norbertin Damien, dont les chants furent adoptés par la plupart des églises de la contrée; à Audenarde, au XVe siècle, Gaspard Van Weerbeke, un maître habile que nous ferons ultérieurement connaître; à Berchem, au XVIe siècle, Gheersdalius, poëte et musicien qui eut du renom.

Vanderdonck avait à peine terminé son cours des arts, quand une mort inopinée vint l'enlever, le 10 août 1510.

(1) Les Estats, Empires et Principautez du Monde, représentez par la description des Paijs-Bas, etc., par le Pr D. T. V. Y. gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roy. Paris, P. CHEVALIER, 1617, in-4o, p. 354.

Ses compatriotes n'auront rien négligé pour lui faire obtenir une sépulture due au rang qu'il occupait dans la science. Sa tombe apparemment n'existe plus, mais l'inscription tumulaire qui nous a été conservée sur un incunable de la Bibliothèque royale, soustrait son nom à l'oubli. Cette inscription a été composée par Pierre De Ruelle, de Courtrai, qui succéda à Vanderdonk dans les fonctions de régent. Les quelques lignes qui précèdent l'épitaphe cicontre en font foi:

"

Epitaphiu Mgri Francisci Vanderdonck Flamigi de Nupkerke regentis mei pmi Parisiis compositu p. mgrum Petru De Ruella curtracesem postea regente meu qui obiit 1510 7° augusti. Requiescat in pace. »

FRANCISCUS JACET HIC VANDERDONK MORTE SEPultus
MUSICUS AONIO POLLUIT AMNE LABRA

HUNG SIBI THEOLOGU JUNXIT SORBONICUS ORDO

SED JUVENE DOCTU MORS INOPINA TULIT.
JAM SEMEL ARGUTOS DE MORE INSTRUXIT ALUNOS
ARTIBUS AC reliquos du regit oppetIIT.
FLANDRIA QUE Genuit dom et cALVINE NUTRIVIT
PAGI NATALIS PFUIT ECCLESIAE.

QUAPROPTER superos visit QUICUMQ SEPULCHRU
GRATO DENT EPULis vescior (?) ultro roget.

La plupart des savants ne sont connus que par leurs productions. Mais il n'y a pas que des savants publicistes. Bien que Vanderdonck ne nous ait laissé aucun écrit, il n'en mérite pas moins de vivre dans le souvenir de ses compatriotes. C'est un beau titre assurément que d'avoir occupé une chaire importante dans le plus fameux collége de l'Université de Paris, où Henri de Gand enseigna la philosophie et la théologie.

EDMOND VANDerstraeten.

Zuentibold.

Le nom et le souvenir du Roi Zuentibold sont trèspopulaires dans le Limbourg, où plusieurs monuments rappellent sa généreuse libéralité. L'origine du jeune roi, qui fut tué dans une bataille ou combat près de la Meuse et de l'abbaye de Susteren, en 899, est donnée ainsi : un prince slave, nommé Zuentibold (Zwentibold), s'était fait une grande puissance en Moravie; l'empereur Arnould, pour gagner son amitié, lui donna le duché de Bohême à titre de fief, et le choisit même pour parrain de son fils, qui fut aussi appelé Zuentibold. Mais l'empereur eut bientôt à soutenir contre ce prince slave, qui voulait l'indépendance, une guerre fort dangereuse; il eut alors recours aux Magyares, qui entrèrent en Moravie, renversèrent le pouvoir de Zuentibold et s'établirent à sa place. L'empereur Arnould voulut ensuite profiter d'une circonstance favorable et donner à son fils naturel, Zuentibold, le duché de Lorraine; mais le jeune prince ne jouit pas longtemps son pouvoir (1). En 899, il assiégea pour la seconde fois Regnier, comte de Hainaut, et Odoacre dans le fort d'Urfos sur la Meuse, et dans un combat qui eut lieu, le 13 août de la même année, près de la Meuse et de l'abbaye de Susteren, sur les confins du pays de Fauquemont, Zuentibold fut surpris par les comtes Étienne, Gérard et Madfried (2).

(1) Art de vérifier les dates, tome III.

(2) Voici comment ERNST parle de Zuentibold, en le jugeant assez sévèrement:

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Zuentibold, fils naturel d'Arnould, qui selon Richer eut le gouvernement

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