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PORTRAIT DE JEAN IV,

DUC DE BRABANT.

Le portrait de Jean IV, duc de Brabant, que nous reproduisons ici en couleurs, au moyen de la chromolithographie, faisait autrefois partie du cabinet de feu M. le comte Amédée de Beauffort; il appartient aujourd'hui à M. De Ram, membre de l'Académie royale de Belgique, et recteur magnifique de l'Université de Louvain. M. le baron de Reiffenberg en a donné un dessin assez médiocre et assez peu exact dans le 3e volume de son édition de l'Histoire des ducs de Bourgogne, par De Barante.

Ce portrait, qui est peint à l'huile sur un panneau de trente-quatre centimètres de hauteur et de vingt-quatre centimètres de largeur, ornait autrefois la salle des réunions de la confrérie des arbalétriers de Louvain. Quoique le tableau porte la date de l'année 1422, il parait cependant n'avoir été peint qu'à une époque plus récente, d'après le portrait original que le duc avait fait faire. Sur le revers du panneau se trouve collée une feuille de parchemin, contenant l'inscription suivante, en vers flamands, composée ou transcrite de nouveau en 1689 :

Als men duysent vierhondert en tweentwintich telde
Dees prins het Lantjouweel te Louen opstelde,

Sone van hertoch Antonius, hertoch Jan.

Tot Louen met den cruysboghe eenen cop wan,

En heefften den cruysboghe van Antwerpen geschonken
Daer menich ghuldebroeder heeft wt ghedroncken.

1862.

Soo beminde den boghe onsen edelen lantsheere,
Bewysende de ghulde soo grooten eere

Dat hy met ons den voghel selve affschoot
Met den cruysboghe, alsoo 't is gebleken bloot,
Waer van dat men hielt fraey koninck feeste.

Hy dede alle costen minste ende meeste,

Dwelck doen in alles maer vierentwintigh peeters en was,
Ende doen besette hy den Ouden Boghe op dat pas:
Vierentwintich peeters erffelyck tot memorien,

Opt marckgraeffschap van Antwerpen om synder victorien,
Alsoo langhe als 't schaepken gras soude eten,

Daer wy brieven aff hebben in onse secreten.
Ende noch eenen cop heeft hy ons gegeven,
Daer hertoch Jan op stont geschreven

Alsulcken persoon dat gedaen heeft in elckx aenschouwen.
Laet ons dan den edelen hoghe in eeren houwen,

Ende oock vastelyck op Kristum betrouwen,

Onsen naesten doende als ons selve mede

Soo leefdy ghoetwillige in eewighen vrede.

Om de weldaet die wy van hertoch Jan hebben ontfaen,
Soo heb ickt gedaen, ter liefden des erucsbochs verheven,
Om dat syn memorie nimmermeer soude vergaen

Ende datse by de godwillighe schutters zou leven.

« Il résulte de cette inscription, dit M. de Reiffenberg, que le duc Jean, celui-là même qui plaça à Louvain le joyau du pays, c'est-à-dire l'université qui a été longtemps la gloire de cette ville, y ayant gagné à l'arc une coupe, en fit présent au serment des arbalétrièrs d'Anvers. Il y eut à cette occasion, ajoute-t-il, un festin solennel dont le duc paya tous les frais, qui montèrent à la somme de 24 peeters d'or. Mais il ne s'arrêta pas à cette générosité temporaire et assigna une rente de pareille somme sur les recettes du marquisat d'Anvers, aussi longtemps que le mouton se nourrirait d'herbes. »

M. de Reiffenberg a mal compris le sens, cependant si clair, de cette inscription: ainsi, comme M. De Ram le fait

remarquer avec raison (Bulletin de la Commission royale d'histoire, 2° série, t. XIII, p. 298), le portrait de Jean IV n'a pas été exécuté pour l'ancienne confrérie des archers d'Anvers, comme l'a cru le savant éditeur de De Barante, mais bien pour l'ancienne gilde des arbalétriers de Louvain, à laquelle le duc octroya, en 1422, de nouveaux priviléges, qui la placèrent à la tête des gildes du pays, comme le joyau du pays (Het lantjouweel), expression toute honorifique, que M. de Reiffenberg applique par erreur à l'université. Ces priviléges furent accordés à l'occasion d'un grand tir à l'arc que la gilde avait donné, et où le duc gagna une coupe, dont il fit présent à la confrérie des arbalétriers d'Anvers. Pour célébrer avec éclat la victoire pacifique qu'il venait de remporter, le duc offrit à ses confrères de Louvain, un somptueux banquet, dont il paya tous les frais; en outre il fit don au serment d'une coupe précieuse portant son nom, et lui assigna, sur les recettes du marquisat d'Anvers, une rente perpétuelle de vingtquatre peeters.

Le portrait de Jean IV est d'autant plus précieux qu'il reproduit très-fidèlement les traits de ce prince malheureux, dont on ne voit nulle part des figures qui portent des marques de fidélité. « C'est bien là, disait M. de Reiffenberg, cette nature frèle et maladive, toujours opprimée par la faiblesse ou la souffrance. Des yeux sans éclat où se peignent l'impuissance, la fatigue et le chagrin, des traits auxquels les mortelles ardeurs du foie semblent seules donner un peu de vie, une poitrine qui se creuse, des épaules voûtées longtemps avant l'âge, tout fait assez comprendre les dédains de l'impétueuse Jacqueline de Bavière. »

P. C. V. D. M.

DES RAPPORTS POLITIQUES ET COMMERCIAUX

DES BELGES AVEC L'ANGLETERRE,

PENDANT L'ÉPOQUE CARLOVINGIENNE.

Comme on a fixé à la féodalité une naissance que la critique moderne ne saurait plus admettre, on s'est plu aussi à nier l'influence démocratique développée chez nous par la suprématie de l'élément saxon.

Richard Verstegen a, sur ce point, dévancé son époque. Il rapporte dans le meilleur de ses ouvrages une conversation qu'il aurait eue à Anvers avec Juste Lipse. « Jamais, » lui aurait dit notre docte Brabançon, les Flamands n'ont songé à répudier leur origine saxonne. C'est là d'ailleurs » un berceau à tel point honorable qu'il serait difficile d'en trouver un meilleur » (1).

Dans la période historique qui précède, nous avons vu les Francs et les Saxons en venir aux mains, sans égard pour leur proche parenté et leurs souvenirs (2).

Maintenant la lutte change de caractère.

L'idée follement ambitieuse de la reconstruction d'un empire universel, qui tourmente les Francs devenus chrétiens, veut et doit abattre l'idée de liberté, mais du même coup elle se prépare son châtiment. Depuis les Romains, qui déjà avaient appelé nos côtes le littus saxonicum, d'in

(1) Restitution of decayed antiquities. London, 1628, fo 23. (2) Messager des Sciences hist., année 1858, p. 69 à 77.

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