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contestation entre les prieurs de Saint-Léger-au-Bois et de Saint-Amand.

Il existait à Mélicocq une terre appartenant depuis longtemps à l'abbaye de Saint-Médard de Soissons, et administrée par le prieuré de Choisy-au-Bac. Son nom de Devincourt, en latin divicurtis ou divinicurtis indiquait une pieuse destination. Elle avait une certaine importance, puisqu'en 1711, Saint-Amand la louait 800 livres; elle se composait de bois, marais et terres labourables, ne possédait ni clos ni batiment. L'abbé Raoul de Saint-Médard, cédant à la prière d'Yve, prieur de Saint-Etienne de Choisy, offrit cette propriété aux religieux de Tournai. Ces derniers devaient payer aux donateurs la neuvième et dixième gerbes de tous les produits, l'une pour la dime l'autre pour le champart (1). De plus ils devaient acquitter un cens de 18 deniers pour les constructions à exécuter (2) et la dîme du bétail qui s'y éléverait. Tous les autres produits suivraient la coutume du lieu, et seraient conduits chaque année, au prieuré de Choisy.

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Parmi les témoins de cet acte figure le nom de Foulque. Nécessairement il fallait un représentant de l'abbaye de S. Martin pour accepter la donation : il est impossible d'en trouver d'autre que celui qui est désigné par S. Fulconis prioris charte de 1140. Les rapports de bon voisinage, la similitude d'ordre, les commencements si édifiants de Saint-Amand, n'avaient pas peu contribué, à provoquer cette offrande, qui, en procurant une ressource au prieuré de Machemont, maintenait aussi un revenu considérable au prieuré de Choisy. Un prieur du nom de Jesce ou Tesce est nommé dans une charte de 1144. Etait-il prieur de Saint-Amand ou d'une localité voisine, rien ne l'indique, il est plus probable qu'à cette date, Yve dont nous allons parler, était en charge.

(1) Le champart se payait après la dime et sur ce qui restait.

(2) On voit encore les débris de cette ferme, brûlée en 1808. Elle fut louée 1,800 fr. en 1788 (1), comprenait près de 70 hectares.

(1) 2 porcs de 3 à 4 mois et 200 gerbes de ble. Son dernier fermier était Morelle.

III. Yve (1)

Coudun était en 1140 une importante localité. On y voyait une famille puissante, du nom de Dureboise, Dura-Boisia. Trois fils, Raoul, Huges et Yve avaient hérité des biens patrimoniaux parmi lesquels était la dìme de l'autel de S. Hilaire, divisée entre les trois frères. Le plus jeune se sentant appelé à l'état religieux, vint un jour frapper à la porte de S. Amand demandant la faveur d'ètre reçu. Son origine, sa bonne éducation, ses sentiments élevés qui le portaient à quitter le siècle, tout promettait en lui, un homme distingué et un moine fervent; on l'accueillit avec bonheur, il offrit pour dotation, le tiers de sa dîme de S. Hilaire. Hugues, son frère, touché par cet exemple, et voulant venir en aide à une fervente maison, qui possédait un membre de sa famille, donna aussi son tiers de dime. Ses enfants Philippe, Ansault et Raoul, furent heureux de consentir à la générosité de leur père, voulant avec lui, participer aux prières et bonnes œuvres du couvent. L'aîné de la famille ratifiait ces offrandes, comme seigneur du lieu avec ses deux fils, Hugues et Raoul, espérant par sa condescendance, profiter aussi de la bonne action de ses frères (2).

Par cette donation, S. Amand jouissait de toute la pêche, de la moitié de la grande dime due à l'autel de S. Hilaire, et du tiers de la dime du lin, du chanvre, etc. Le curé prenait sur la totalité de cette dime 32 mines de froment, 16 d'avoine et le tiers de la dîme du lin, du chanvre, etc. Le prieuré de Machemont restait débiteur d'un tiers de la susdite récolte de lin, etc., et fournissait en grain au curé, proportionnellement à la dime qu'il

(1) Pour l'ensemble des faits sur la dime de Coudun et l'origine du prieur Yve, consulter les chartes 1144.1.2. - 1150.1.- 1174. On ne saurait affirmer s'il entra en charge en 1144, mais son nom apparaît pour la première fois sous cette date, il resta jusqu'en 1156 à S. Amand, et devint abbé de Tournai en 1160.

(2) Au nombre des signataires se trouvent le prieur d'Elincourt et le curé de Coudun,

percevait. Le prieur eut soin de faire aussitôt reconnaître cette donation par l'Evêque, Odon de Beauvais en 1144, et par son successeur Henri (1).

A peine sorti de ses ruines, S. Amand venait en aide à une maison voisine en lui cédant la dîme de Plainval et une rente de vingt sous. Cet acte signé à S. Just accorde ce revenu à l'église Sainte-Marie de Trie. La charte de Henri — 1150.2, 1150.2, respire un air de pieuse solennité, et ne laisse aucun doute sur la première année de son épiscopat.

Quels étaient ces religieux de Trie, que le titre de la charte place près de Thourotte. Voici la note de Louvet sur ce point. « Les religieux de l'abbaye de Froidmont se sont qualifiez frères de Trie, de la seigneurie qui est entre Chaumont et Gisors, comme provenus d'elle, ou fondez par les seigneurs d'icelle; toutefois s'est depuis recogneu qu'ils ont pris telle dénomination d'une petite rivière qui s'appelle Trie, qui coule près ladite abbaye, et tombe dans celle du Térain. » Louv. t. 1. 575, 578. D. Grenier, hist. gén. de Picardie, publiée dans les mémoires de la Société des antiq. de Picard. t. 3, p. 172.

M. l'abbé Deladreue, dans son excellente notice sur Froimond ne laisse aucun doute sur ces religieux de Trie, qui n'étaient autre qu'une colonie venue d'Ourscamp, c'est là ce qui aura pu légitimer cette expression, près Thourotte, placée en tête de la charte. En relevant (2) l'erreur du Gallia Christiana, sur les donateurs de la dîme de Plainval, il en attribue une partie aux chanoines de S. Amand de Noyon. C'est une inexactitude de notre savant confrère, il n'y a jamais eu d'autre couvent dans le diocèse de Noyon, portant le titre de S. Amand, que le prieuré de Machemont. La charte de 1150.2 est la preuve la plus certaine de ce fait.

(1) M. Delettre dans son hist. de Beauv. place l'élection de Henri en 1149, et Louvet en 1148. Nous avons donné pour date à cette donation, 1150, parceque cet évêque déclare dans celle de 1150.2. qu'elle est la première année de son épiscopat.

(2) Notice sur l'abbaye da Froidmont par l'abbé Deladreue P. 21. Bcauvais chez Père.

En 1153, Beaudouin II, évêque de Noyon, confirme la possession des dîmes de Machemont et de Cambronne, entre les mains des religieux, ils devaient en remettre le tiers au curé de Cam

bronne. (1)

Le prieur profitait de la haute position de sa famille, pour procurer quelques avantages à son monastère. Son frère Raoul (2) lui accorda le transit gratuit du vin récolté sur le terroir de Coudun en 1152. L'année suivante, il stipula dans une charte, les droits du prieuré sur le moulin de Clairoix. Il y était dit que Pierre de Sorelle, propriétaire de cet immeuble, paierait chaque année, à perpétuité, une redevance de cinq muids de pur froment, contenant chacun douze mines, à la mesure du moulin, moitié à la Saint-Remi, l'autre à Noël. A défaut de paiement, les religieux saisissaient à Clairoix toutes les propriétés qui lui venaient, soit du Seigneur de Coudun, soit de Guillaume d'Héméviller. Pierre de Sorelle, devait ainsi que ses héritiers, foi et hommage au Prieur, parce que le moulin revenait au maître du fief. Gosse le meunier, payait aussi quatre mines de blé, dont répondait le propriétaire. Le seigneur de Coudun et en partie de Clairoix, cédait gracieusement ses priviléges à S. Amand. Jusqu'ici le prieuré n'avait augmenté son petit domaine à Machemont, que par le don des. vallées de Montigny. L'entrée en religion de deux gentils hommes, leur procura de nouvelles propriétés. Sans nul doute, la détermination du jeune seigneur de Coudun, maintenant prieur édifiait les environs, et procurait ces nouvelles vocations.

Les deux fils d'Eudes de Ressons, Thibaut et Guillaume eurent la généreuse pensée de l'imiter en 1153. Désireux de pourvoir au salut de leurs âmes, ils vinrent se placer sous sa direction, offrant en dot, le tiers. de toute la dime qu'ils possédaient à Machemont et

(1) Sézille, hist. de Noyon.

(2) Le sceau de Raoul a 0.08 c. sur 0.06 c. Se trouve aux archives du royaume de Belgique, un chevalier monté passant à gauche, tenant épée droite devant lui.

à Cambronne. Ce revenu relevait du fief de Renaud d'Anteuil, mais celui-ci fit avec son fils Philippe, l'abandon de ses droits entre les mains de l'évêque de Noyon, en faveur du prieuré. Cette dîme était importante; elle s'appliquait au vin, fruits, etc., en général à tout ce qui était dimable; une seule exception était faite pour la laine. Quant aux droits cùriaux, rien, d'après les coutumes de l'époque, ne pouvait les éteindre; mais voulant éviter la main du curé dans leurs récoltes, il fut convenu, que ne jouissant pas encore du privilège de prélever quoique ce soit sur le vin, il ne prendrait également rien sur la petite dime de la maison; que pour le dédommager, on lui paierait trois muids de froment et un muid et demi d'avoine. (1)

Ainsi, sous la sage et pieuse administration des premiers prieurs, s'accrurent en peu de temps les droits et la fortune du monastère. Yve fut un de ceux qui lui donna une forte impulsion, ses talents et ses vertus le firent remarquer de ses supérieurs. Appelé à Tournai en 1156, il ne tarda pas à devenir abbé de Saint-Martin, il porta toujours, pendant le long exercice de sa charge, un intérêt constant à cette chère maison, qu'il affectionnait tendrement, comme ayant été le berceau de ses plus belles années de ferveur, et souvent il se fera un bonheur d'intervenir dans les affaires de son cher prieuré.

IV. Gomart ou Gomer. (2)

Après cet homme remarquable, de la famille des sires de Coudun, apparait le nom du prieur Gomart, dans une charte de Baudoin II, évêque de Noyon, 1156. Le chevalier Jean de S. Germain et Pierre

(1) Colliette signale la confirmation de ces dimes par l'évêque Baudoin II, t. 2, p. 292, et Gall. Christ., t. 9, col. 1003.

(2) On trouve indistinctement Gomart ou Gomer. Ce nom figure au bas d'une charte, où Raoul Daridel, offre à l'abbaye d'Ourscamp, la grosse dime de la ferme de Warnaviller, 1156. Cart, d'Ourse, ch. CCCXXII, p. 190.

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