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Par les records escripts en cestuy livre,
A ung chacun selon son estre et vivre,
Vous est biallé en petite matière

Cas de hault pris et de très grant mistère;
Le quel, qui veult le bien en soy comprendre,
Grant bien, grant fruit, en peult tirer et prendre.
Si le doibt bien savourer et luy plaire.
C'est ung mirouer de nobles exemplaires.
Pour en honneur vivre et vertu tenir
Chascun de vous mette peine à r'tenir;
Car plus sera l'homme de hault estage
Plus digne en terre, de plus grant parentage,
Plus fortuné et plus noble en nature,
Plus enrichi de grace ou d'aventure,
Tant plus luy peult servir en advertence
Et plus donner d'effort et de sentence.
Entendez bien la chose si est telle
Que quand estat de noble parentelle
Qui de ses droits devoirs, noblesse abuse,
Ce n'est pas cas dont se doibt prendre excuse;
Ains, d'autant plus se rabaisse en sa faulte
Quand plus appert sa gloire estre haulte.
Et n'est si hault glorieux nom ne tiltre
Que, par le ray d'un vicieux écliptre,
Foullé ne soit et à terre abattu,
Et retiré du siége de vertu

Sur quoy honneur couronne les parfaits.
Vueille ou non, il en sera cy

faicts.

Seigneurs, pensez à ce que cy expose,
Car vrai honneur est une digne rose
Qui si petit ne prent de vitupère
Qu'incontinent la tache n'y appert;
Par quoi plus est précieuse en couleur,
Quant orde elle est plus doibt estre douleur.

Vous en avez exemple de mémoire
Pour à jamais en la présente histoire.
Si prie à Dieu qu'elle soit bien voulue
Prenez en gré, Georges (1) vous en salue.

(N°. 7686)

On y trouve aussi une ballade assez médiocre qui commence ainsi:

Lyon rampant en croppe de montaigne etc.
La strophe suivante m'a paru assez bien.

Lyon, Lyon, veuille fortune ou daigne,
Soubz son effort mourrez resplendissant.
Mais il n'est feu que par eau ne s'esteigne
Lors que plus est espois et flamboyant.
Car Dieu ne fait homme nul si puissant,
Ne roy ne duc, qu'il ne soit transitoire
Et soubs sa main en bail exécutoire
A qui lui plaist; ainsi le fault entendre.
Mais par raison serez mis en hystoire

Second Hector et derrain Alexandre

Le N° 8005, 13 est un hymne à la Vierge. Mais comme je l'ai déjà dit, tous les ouvrages où G. Chastellain cherche à se montrer homme d'esprit plutôt qu'écrivain simple et naturel sont ceux où il réussit le moins.

Le N° 9887, 14 renferme un ouvrage en prose et un autre ouvrage en vers de G. Chastellain. L'ouvrage en prose est intitulé:

La déclaration de tous les hauts faits et glorieuses adventures du duc Philippe de Bour

(1) Georges Chastellain a l'habitude de terminer ainsi presque tous ses ouvrages en y plaçant son nom.

gogne, celuy qui se nomme le grand duc et le grand lyon par messire Georges Chastellain son indiciaire. Je le donnerai à la tête de ses chroniques de Bourgogne,

Le morceau en vers a pour titre : Le Lyon bandé: œuvre poétique adressée à la personne de Philippe le bon, duc de Bourgogne. Ce sont des louanges rimées en assez mauvais vers arrangés en 61 octaves de 8 syllabes.

Le N° 76552 ne contient qu'une seule pièce de G. Chastellain depuis le feuillet 321 jusqu'au feuillet 358. C'est une espèce de poème en quatre parties intitulé: Le nouveau chevalier délibéré, contenant la mort du duc Philippe de Bourgogne qui trépassa devant Nancy en Lorraine. Les premières strophes sont élégamment versifiées.

Ainsi qu'à l'arrière saison

Tant de nos jours que de l'année,
Je partis hors de ma maison
Par une souldaine achoison,
Seul à part moy, plein de pensée
Qui m'acompaigna la journée;
Et me vint en remambrance
Le premier temps de mon enfance.

Celle qui moult estoit m'amye
Preist ung propos de vérité
Et me dist: « Celui qui s'oblie
Fuit honneur; et si l'ame mie,
Je le tiens pour desherité

Soit d'avoir, ou, soit de santé,

Ou d'espoir de grâce divine
Que chascun n'est pas d'avoir digne.

་ Tu vois sur la saison passée
Herbes, terres et tout herbaige,
L'un tout mort, l'autre sans ramée.
Fleur et odeur tost est cassée,

Plus n'est fleur, ne fruit ne umbraige;
Tout tend à froideur et à neige;
Tout est mort sans nulle vigueur
Et n'a plus force ne challeur.

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« Ces deux chevaliers très crueulx,
En la grand forest d'Atropos,
Tinrent le pas trop périlleux
Trop horrible, trop merveilleux,

Sans avoir pour un nuyt repos,
En continuant leurs propos
De tant combattre et de férir
Qu'ils firent tout homme mourir.

« Messire Accident le terrible
Fornist les jeunes et les jors,
Et Débille le très horrible,
Mect à fin par coups invisibles
Ceulx dont la vigueur en est hors
Terribles sont les leurs efforts!
Leurs membres sont si à doubter
Que nul ne les peut éviter.

Sçais tu pas bien que le hérault,
T'a pieçà porté leurs espistres?
Tu sçais bien que poise et que vault.
Accident t'a livré l'assault;

Tu as oy de ses chappitres;
Il est temps que tu te chappitres;
Car tu as marché à l'eprise
Depuis ta première chemise.

«Es tu plus fort que n'est Samson
Ou à craindre que Hercules,
Plus saige que n'est Salomon,
Plus beau que le grand Absalon,
Plus subtil que Diomedès?

2

N'as tu peur, quand tu passe Adès, Cils qui n'ont peu les coups rabattre De ceulx quil te convient combattre?

<<< Plus vis, et plus le temps s'approche Qu'il te convient en champ entrer.

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