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NOTICE SUR LA VIE ET LES TRAVAUX

DU

Père Charles DE SMEDT

MEMBRE DE L'ACADÉMIE

né à Gand le 6 avril 1833, décédé à Bruxelles le 4 mars 1911.

La carrière de celui qui fut pendant plus de trente ans l'« Ancien » des Bollandistes fut partagée entre les devoirs austères de l'état qu'il avait librement embrassé et la recherche désintéressée de la vérité historique, C'est l'existence paisible d'un homme supérieur à toute ambition personnelle, qui concentre tous ses efforts sur l'œuvre scientifique dont les destinées ont été remises entre ses mains, mais dont l'action persévérante dans le domaine des études se fait sentir bien au delà dụ cercle étroit qui semble la circonscrire. Il ne fut pas donné au P. De Smedt de prendre aux travaux de la Classe des Lettres une part proportionnée à sa science et à son talent, et sa bibliographie académique est peu considé

rable. Lorsqu'il devint membre titulaire il avait 67 ans, et déjà la maladie qui devait l'emporter lui interdisait le travail intense auquel il s'était livré si longtemps.

Après de bonnes études au collège Sainte-Barbe à Gand et à Notre-Dame de la Paix à Namur, Charles De Smedt entra dans la Compagnie de Jésus à Tronchiennes, le 13 novembre 1851. Son noviciat terminé, il fut renvoyé à Namur pour compléter ses études. En octobre 1855, il fut appliqué comme régent au même collège, où il passa par divers emplois durant deux ans. Rappelé à Tronchiennes, en 1857, il y fut chargé de donner des cours à ses jeunes confrères qui se préparaient à l'enseignement. Ces fonctions lui laissaient des loisirs dont il profita pour acquérir des connaissances variées et commencer ses études de théologie, qu'il acheva au collège de Louvain. Il y fut ordonné prêtre le 10 septembre 1862. Une année entière, 1863-1864, fut passée, selon l'usage, dans la solitude, à Tronchiennes. On ne jugea pas que quelques heures de classe par semaine troubleraient son recueillement, et il reprit, pour quelques mois, ses fonctions d'autrefois. En octobre 1864, ses supérieurs l'envoyèrent au collège de Louvain, et lui confièrent la chaire d'histoire ecclésiastique. Les Études religieuses, fondées quelques années auparavant, le demandèrent comme collaborateur. Parti pour Paris en 1869, il demeura attaché à cette rédaction jusqu'en juillet 1870. La guerre l'obligea à regagner la Belgique. C'est alors qu'il fut adjoint une première fois au groupe des Bollandistes. Mais jugeant que son heure n'était point venue, il demanda et obtint de reprendre son enseignement à Louvain; il le continua six années encore. A la mort du

P. Victor De Buck (1876) il fut rappelé à Bruxelles et attaché définitivement à l'œuvre Bollandienne, dont il prit, en 1882, la direction, qu'il garda jusqu'à sa mort.

La trempe d'esprit du P. De Smedt le portait vers les études positives. Il s'y lança presque sans guide, à un moment où elles n'étaient guère en faveur. Son ferme bon sens, qui lui faisait apprécier les avantages de la méthode historique, s'alarmait de la voir négligée et méconnue dans des milieux où elle paraissait, plus qu'ailleurs, indispensable. Qu'on se rappelle ce qu'étaient à l'époque des débuts du P. De Smedt les études ecclésiastiques. Presque exclusivement orientée du côté de la spéculation, la théologie se souciait moins des faits que de la métaphysique. L'histoire ecclésiastique était reléguée parmi les cours accessoires. Les manuels d'alors, superficiels et incolores, trahissent l'insuffisance de l'enseignement de cette branche, et les vastes compilations qui virent alors le jour achèvent de montrer à quel niveau on était descendu. Ces Histoires de l'Église de grand style, mais dépourvues de critique à un degré à peine croyable, étaient vantées par la presse religieuse et jouissaient d'une réelle faveur grâce au renom d'orthodoxie de leurs auteurs et à une certaine habileté dans la mise en œuvre. Le P. De Smedt entreprit courageusement, contre les idoles du jour, une campagne qui devait être décisive. Il regardait comme un devoir de conscience de les combattre et ne cachait point l'indignation que lui faisait éprouver le succès d'une catégorie d'ouvrages tels que l'Histoire générale de l'Église par l'abbé Darras, et les Erreurs et Mensonges historiques de Ch. Barthélemy. « Le titre de cet ouvrage, disait-il, ne répond que

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