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NOTICE

SUR LE

Chevalier Xavier van ELEWYCK

MEMBRE CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE

né à Ixelles le 21 avril 1825, décédé à Louvain le 28 avril 1888.

Issu d'une famille originaire d'Elewyt ou Elewyck en Brabant, le chevalier Xavier-Victor-Fidèle van Elewyck était fils de Henri-Joseph, avocat à la Cour d'appel de Bruxelles, bourgmestre d'Ixelles, et petit-fils d'Arnold, seigneur de Stockel, docteur en droit civil et en droit canon, conseiller au Conseil de Brabant (1). ̧

(1) L. DE STEIN D'ALTENSTEIN, Annuaire de la Noblesse de Belgique, 36e année, 1882, p. 198. La Noblesse belge, 1891, 2e partie, p. 666.

Déjà à la fin du régime autrichien, la famille van Elewyck avait sollicité son admission parmi les familles lignagères du patriciat. Xavier van Elewyck reprit les démarches et obtint, le 12 novembre 1857, son admission dans la noblesse belge, puis, le 12 décembre 1871, le titre de chevalier héréditaire, dans la descendance masculine.

Armoiries d'azur a deux crampons d'argent placés en sautoir. Devise: Fide et Arte.

Il naquit à Ixelles le 24 avril 1825. Manifestant de bonne heure des dispositions musicales, il reçut des leçons de piano de Laurent Boutmy et put se faire entendre, dès l'âge de sept ans, dans un concert de la Société d'Harmonie d'Ixelles, fondée par son père. Il apprit aussi le violon avec Kim, violoniste du théâtre de la Monnaie, l'harmonie avec Bosselet et la composition avec le P. Gimeno, un jésuite espagnol qui résida longtemps en Belgique.

Son éducation artistique ne l'empêcha pas de terminer ses humanités au collège Saint-Michel et de se faire inscrire à l'université de Louvain, où il fit de brillantes études et conquit le diplôme de docteur en sciences administratives et politiques, car son père le destinait à la carrière diplomatique. Étant encore étudiant, il dirigea la section chorale de la Société royale de l'Académie de Musique, section fondée en 1841 et qu'il dirigea jusqu'à sa dissolution en 1854.

Le 10 avril 1849, van Elewyck épousa, à Louvain, Anne-Philippine de Busscher, fille d'un ancien échevin de cette ville, qui devait lui donner sept filles et trois fils; le premier est décédé en bas âge; le deuxième, Arnold, juge de paix à Assche, est aussi musicien amateur et a publié diverses compositions pour orchestre; le troisième, Théodore, fit des études de droit, entra dans la magistrature et est actuellement procureur général près la Cour d'appel de Gand (1). Parmi les filles,

(1) Je tiens à remercier ici les chevaliers Arnold et Théodore van Elewyck des renseignements qu'ils ont bien voulu me communiquer, et qui ont complété ceux que j'ai pu recueillir dans les ouvrages biographiques de Fétis et Grégoir ainsi que dans les journaux du temps.

Marie, violoniste très distinguée, épousa le baron Alphonse Stiénon du Pré, amateur de musique passionné, qui fut bourgmestre de Tournai et sénateur (1), et Hélène épousa Jules de Trooz, qui fut Ministre de l'Intérieur et de l'Instruction publique.

Fixé définitivement à Louvain par son mariage, van Elewyck put s'adonner à son penchant naturel, tout en s'occupant de la gestion de la fortune considérable de sa femme, constituée principalement par des établissements de meunerie. Amateur passionné, il contribua puissamment à faire de Louvain un centre musical important. Le 17 février 1860, il fonda la nouvelle Société SainteCécile, qui avait pour but la propagation de la bonne musique chorale religieuse. Le règlement offre plusieurs particularités : les membres ne paient aucune rétribution; tous les frais sont supportés par le président; celui-ci est inamovible, et les membres du comité euxmêmes restent en fonctions jusqu'à ce que les deux tiers des membres aient demandé une nouvelle élection (2).

En 1868 il prit la direction de la maîtrise de SaintPierre, à laquelle il donna un grand développement, portant son personnel au chiffre considérable de 80 exécutants, donnant des exécutions à grand orchestre les dimanches et jours de fêtes. Il organisait aussi chez lui des soirées de musique, pour lesquelles il

(1) Son fils, Ludovic Stiénon du Pré, est un compositeur distingué qui continue les traditions musicales de la famille. Il a remporté des succès appréciables dans les théâtres belges et étrangers avec ses opéras Ceci n'est pas un conte et l'lle en fleurs

(2) AUG. THYS, Les Sociétés chorales en Belgique, 2e édition (Gand, 1861), p. 43.

fit construire, en annexe à sa spacieuse habitation au bord de la Dyle, une salle de concerts pouvant contenir jusqu'à trois cents auditeurs; elle fut inaugurée en mars 1870 par le Quintette de la cour, à la tête duquel se trouvait le violoniste Colyns.

van Elewyck fit entendre ainsi à ses amis les meilleurs artistes belges d'alors: Léonard, Lemmens, Gangler, Cornélis, Warnots, Mailly, Jacobs, etc. Il reçut de nombreux compositeurs étrangers de passage à Louvain, notamment Gounod (1), Franz Lachner, Saint-Saëns et Massenet.

Déjà sur les bancs de l'école, il s'était livré à la composition. Ses premières œuvres publiées furent, d'une part, des morceaux de salon brillants pour piano, notamment la suite de valses Roses d'Hiver et la fantaisie Le Tournoi, un Album musical et d'autres romances, sur paroles flamandes ou françaises, puis, des motets avec accompagnement d'orgue ou d'orchestre: Ave verum, Ave maris stella, un salut complet, etc. Conçues dans le goût du temps, elles furent favorablement accueillies par le public, et contribuèrent à établir la réputation de leur auteur. Plusieurs de ses motets s'exécutent encore parfois dans nos églises.

Il se fit connaître aussi dans le domaine de l'histoire et de l'esthétique de la musique, en publiant, dans le journal Les Petites Affiches de Louvain, une « Histoire de l'Orgue. »

(1) Ce fut le chevalier van Elewyck qui obtint de Gounod que celui-ci mit en musique un poème écrit par la baronne Descamps à l'occasion de la fondation de la Société chorale des étudiants de l'Université de Louvain.

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