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» 1661. et à l'intention pour laquelle S. M. s'est reservé › la route d'une demy lieüe de largeur, qui luy a été » abandonnée par le même traité.

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Que si l'on pretend que Beschy et Luppy sont trop eloignez de Vic, pour que les trouppes du Roy y puis» sent aller en un jour, la reponse est, que l'on peut leur donner un giste à Gremmecey, Petoncourt et Cham»brey, qui sont des villages contigus, marquez par la »routte, et à une distance commode desdits Beschy et Luppy; le village de Chambrey étant assez fort pour > soutenir seul le passage des trouppes.

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» Ainsy on demande et on espere obtenir de la justice > du Roy, qu'il plaira à S. M. faire suivre cette route en quittant celle que l'on a commencé de prendre par les villages de Manwoüé et Aboncourt, qui sont des Etats » de S. A. R.

» Contre ce qui a été dit, que la route de Metz à Vic, » se trouve d'ailleurs si chargée que l'on cherche à luy » donner quelque soulagement; l'on repond, que ce » remede est facil à M. l'Intendant, et que pour y reus» sir il n'a qu'à suivre ce qui se pratiquoit en 1670, en › dechargeant les lieux qui composent cette route des » autres impositions que l'on y fait de la part du Roy, ⚫ comme subvention, milice, capitation, etc.

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Auquel cas les lieux qui la composent et qui ont été › cedez au Roy par le Duc de Lorraine pour servir seu> lement au passage de ses trouppes, et non pas pour soutenir les autres charges de ses Etats, ne se plaindront pas d'étre surchargez.

Ainsy l'on expere que l'on ne trouvera pas qu'il soit juste de charger d'autres lieux des Etats de S. A. R. › des passages et logemens des trouppes du Roy, et de

» les mettre par là hors d'état de luy payer la subvention, et les autres impositions qu'il fait lever dans ses Etats, › pour conserver ceux que le Duc Charles 4 a cedez au > Roy pour servir au passage et logement de ses trouppes, et les maintenir en etat de payer à S. M. d'autres › charges, comme milice, subvention, capitation, etc'.

Les nouvelles conférences ne durèrent pas moins de vingt ans on mettait alors, à régler le sort de quelques pauvres villages, plus de temps que nous n'en mettons aujourd'hui à faire et refaire trois et quatre fois toute la carte de l'Europe. Parmi les nombreuses pièces produites de part et d'autre à cette occasion, je trouve un procèsverbal de toisé du 21 mars 1714, signé : Jacques Me

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tillon, geometre et arpenteur royal dans les etendües › du Bailliage de l'Evesché de Metz et de la route d'Al»lemagne depuis le village de Delme jusques à Pfalzbourg, demeurant à Xanrey 2. C'est un nouveau document à joindre au dossier de notre chemin. Les questions pendantes depuis plus d'un demi-siècle entre les deux Etats furent enfin réglées toutes ensemble le 21 janvier 1748, par un traité signé à Paris, et qui compte le nombre formidable de 68 articles. Le 19e rendait à la Lorraine, à l'est et aux portes de Chateau-Salins, ce que l'on appelait alors le Val-de-Vaxy, formé, comme on sait, des quatre villages de Vaxy, Gerbécourt, Lubécourt et Putigny. Le 52°, particulièrement relatif à la route de la demi-lieue, se bornait à renvoyer à l'article 34 du traité de Ryswick, où nous trouvons en effet l'importante clause que voici : « Le passage sera toûjours ouvert par

1. Collection de Lorraine (Biblioth. Impériale). 2. Collection de Lorraine, tome LVI, fol. 39.

> les Etats dudit Duc, sans aucun obstacle ou empéche> ment, aux Troupes de Sa Majesté Trés-Chrétienne, > qui iront ou reviendront des frontières... abolissant > réciproquement, et faisant retourner en la puissance du › Duc, sans aucune exception, les chemins et lieux que > Sa Majesté Trés-Chrétienne s'étoit réservez par le › Traité de Nimégue1».

Ce fut là sans doute l'acte officiel d'abandon, et comme l'arrêt de mort de la Route de France. Les conditions particulières en vertu desquelles elle avait été créée venant à changer tout d'un coup, elle perdit toute raison d'être, et cessa naturellement de servir du jour où elle cessa d'être utile. Tous les passages étant ouverts, le courant délaissa le lit artificiel qui lui avait été imposé soixante ans auparavant par la fantaisie des diplomates. Les armées se remirent à aller par où allaient les populations, et le mouvement de la guerre se fit par les mêmes artères naturelles que les opérations de la paix. On pouvait prendre de Paris par Nancy, on pouvait prendre de Metz par Château-Salins: on ne s'amusa plus à aller prendre latéralement par le travers des champs de Fresnes, et la lisière des bois de Gremecey. Notre route était donc morte, ou du moins condamnée. Nous allons dire comment on lui fit des funérailles royales, et qui devinrent pour elle, à certains égards, comme un second baptême.

1. On sait que l'article 14 du traité de Nimègue réservait à Louis XIV, à travers la Lorraine, quatre bandes de terrain d'une demi-lieue de largeur, se rencontrant à angle droit à Nancy: a la premiére des» quelles s'étendra de Saint-Dizier à Nancy, la seconde de Nancy en "Alsace, la troisiéme de Nancy à Vesoul en Franche-Comté, et la » quatrième de Nancy à Metz ». Le duc Charles V refusa de rentrer en Lorraine à de telles conditions.

II.

Le 15 août 1725, moins de huit ans après les événements dont nous venons de parler, le jeune roi Louis XV épousait à Strasbourg, par procuration, la fille de Stanislas, qui n'était déjà plus roi de Pologne, et n'était pas encore duc de Lorraine. Le surlendemain, c'est-à-dire le 17 août, la nouvelle reine quittait la capitale de l'Alsace, en grand cortège, pour aller trouver à Fontainebleau son royal époux; et après avoir couché le même soir à Saverne, et le lendemain 18 à Sarrebourg, elle prit le 19 la route de Metz par Vic, avec l'intention de gagner de là la frontière de Champagne par Mars-la-Tour, Verdun et Clermont. Il étoit dix heures lorsqu'on partit de Sarbourg, avec une pluye des plus abondantes... L'on > arriva au village d'Hémin à deux lieuës de Sarbourg, › appartenant à M. de Lutzbourg1, Sa Majesté s'y arresta pour diner dans le logis du Lion d'or... Mademoiselle › de Clermont2 fut servie avec les Dames du Palais, le > Duc de Noailles, le Marquis de Nangis", et le comte > de Tessé3, dans une grange tapissée de draps bien

1. François-Joseph de Lutzelbourg.

2. Marie-Anne de Bourbon, dite Mademoiselle de Clermont, née le 16 octobre 1697, morte en 1741.

3. Adrien-Maurice, duc de Noailles, né le 29 septembre 1678, mort le 24 juin 1766.

4. Louis-Armand de Brichanteau, marquis de Nangis, né le 7 septembre 1682, mort le 8 octobre 1742, nommé chevalier-d'honneur de la reine dès le 30 mai 1725.

5. René Mans de Froullay, comte de Tessé, né le 11 novembre 1681, mort le 22 septembre 1746, nommé premier-écuyer de la reine dès le 29 mai 1725.

> blancs, n'y ayant point d'autre meilleur endroit. Sa › Majesté après son diné fut régalée par la petite symphonie du lieu, à qui elle fit donner de l'argent, de > même qu'aux pauvres païsans de cette Paroisse... La › Reine partit d'Hémin sur les trois heures... Au Village › d'Assudange1 les habitans de ce lieu, suivis de plusieurs › femmes et filles de leurs Hameaux voisins, vinrent au› devant de la Reine avec leur banniere, en chantant les > Litanies de la Sainte Vierge... Les mauvais chemins qui se trouverent dans ce lieu, y retinrent quelque > temps Sa Majesté, et plusieurs carosses et fourgons d'équipages y furent embourbez: l'on eut beaucoup de peine à les en retirer. Ce défaut d'entretien de ce qui avait été naguères la route de la demi-lieue, est peutêtre à noter en passant.

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La Reine arrivait sur les six heures à Maizières, dont la Bourgeoisie, suivie de la symphonie du lieu », était allée la recevoir à une assez grande distance, « mal

gré la pluye et le mauvais chemin ». Elle mit pied à terre dans la maison du Sieur Peronnain », et en partit le lendemain 20 à dix heures du matin, après avoir en> tendu la Messe dans la Paroisse », et fait de grandes » aumônes ». « Au Village de Donnelay les habitans s'é> toient mis sous les armes sur le chemin, le Curé de ce » lieu, suivi d'une foule de païsans et de païsanes, dont l'une portoit une banniere, vint processionnellement > au-devant de la Reine, et l'accompagna pendant quelque temps en chantant les loüanges du Seigneur, et luy faisant des vœux pour la conservation de leurs Majestez; ils témoignerent encore leur joye par une

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1. Azoudange.

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