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Les travaux si complets de MM. Henri Lepage et Beaupré sur Ferdinand de Saint-Urbain, n'ont laissé ignorer personne comment ce prince de la gravure en médailles a buriné sur l'airain le souvenir du grand œuvre de Léopold. La Route de France ne méritait pas et n'a pas obtenu le même honneur des maîtres graveurs de Louis XIV, qui ont cependant consacré un admirable talent à des sujets d'une valeur moindre encore. Quant à la Route de la Reine, et au voyage dont elle n'a fourni qu'un épisode, elle ne pouvait décemment espérer d'autre médailler que celui du mariage même de Fontainebleau, dont les pièces sont nombreuses et connues. Aujourd'hui, Route de la Reine et Roule de France continuent de dormir leur long sommeil, qui ne sera probablement plus guères interrompu. C'est désormais une ruine étendue sur d'autres ruines car les ingénieurs français ont employé à deux reprises, pour faire leurs remblais, les débris du village lorrain de Psicourt.

Abregé de l'Histoire de cette Ville, et une Description de quelques Antiquités qui se trouvent à Tarquinpole. Par M. d'Artezé de la Sauvagere, Officier au Regiment de Champagne, et Ingenieur ordinaire du Roy. A Paris, rue S. Jacques, Chez Charles-Antoine Jombert, Libraire du Roy pour l'Artillerie et le Genie, à l'Image Notre-Dame. M. DCC. XL. Avec Approbation et Privilege du Roy. In-8o de 2 feuillets, iij-52 pages, 2 feuillets et 7 planches. Les lignes citées, qui se lisent à la page 210 du Recueil, font défaut, ainsi que les pages 211 à 212 qui suivent, dans les Recherches.

LES

ÉCOLES ÉPISCOPALES

DE TOUL

PENDANT TOUTE LA DURÉE DU SIÈGE

FONDE PAR SAINT MANSUY

PAR M. L'ABBÉ GUILLAUME.

1.

DEPUIS SAINT MANSUY JUSQU'AU Xe SIÈCLE.

Quel qu'ait été l'état des lettres et des sciences dans le vieux monde, quelles qu'aient été les doctrines des philosophes et leur méthode d'enseignement, l'introduction du Christianisme et la prédication de l'Evangile les ont profondément modifiées et presque radicalement transformées. Sans vouloir donc rechercher ce que furent les travaux intellectuels de nos ancêtres, dans leurs objets principaux et dans le degré de perfection qu'ils avaient atteint,

lors de l'apparition des premiers propagateurs de la foi chrétienne, dans nos contrées, nous nous appliquerons exclusivement à mettre, autant que possible, dans tout son jour, le soin que les évêques de Toul ont apporté à la fondation, au maintien, à la prospérité d'écoles publiques, dans leur ville épiscopale, écoles dont ils conservaient le patronage et la haute direction1.

La fixation de l'époque précise à laquelle les premières de ces écoles furent ouvertes ne saurait, selon nous, fournir matière à un doute raisonnable; elle remonte, pour Toul, à saint Mansuy qu'une tradition constante désigne comme l'apòtre des Leuci. Il est de toute évidence, en effet, que ce saint évêque et ses successcurs ne se restreignirent pas à prêcher la loi de grâce aux peuples qu'ils venaient régénérer, à leur distribuer avec le pain de la parole, celui de l'Eucharistie, à leur distribuer, en un mot, par l'administration des sacrements, les trésors spirituels dont ils étaient les dépositaires et les dispensateurs. Il leur fallait en même temps songer à s'adjoindre des coopérateurs, à former un sacerdoce, et comment obtenir ce double résultat avant d'avoir préparé des sujets, par des leçons nombreuses et suivies, avant de leur avoir donné l'intelligence et montré la pratique du dogme et de la morale, qu'ils devaient ensuite avoir mission d'enseigner. Et ce n'étaient pas seulement des vérités nouvelles qu'il y avait à proclamer devant les néophites de la cléricature; la sublime doctrine de l'Evangile heurtait, en une infinité de points, renversait en totalité le plus

1. Nous avons emprunté à M. A. Digot une partie de ce qu'il a écrit sur les Ecoles de Toul dans ses Recherches sur les Ecoles épiscopales et monastiques de la province ecclésiastique de Trèves, lues au Congrès scientifique tenu à Nancy en septembre 1850.

grand nombre des axiomes de la philosophie payenne ; il y avait donc urgente nécessité d'exposer à leurs yeux, de leur faire comprendre la rationalité du christianisme, l'absurdité du paganisme dans ses croyances et dans son culte idolatrique. Il fallait aussi ajouter de nouvelles règles à l'art de bien dire et créer l'éloquence de la chaire, car il n'en devait pas être de la proclamation des oracles divins comme des discours de l'Athénée ou des harangues du Forum. Les préceptes tracés par Quintilien, Horace et Cicéron devaient être respectés et suivis ; mais il fallait, pour assurer le succès aux orateurs chrétiens, qu'ils sussent parfaitement que toute leur science se résume dans la connaissance exacte de Celui dont ils auraient à proclamer la loi ; que tous les trésors de cette science et ceux de l'éternelle Sagesse reposent dans le cœur du Verbe incarné, par qui seul deviennent compréhensibles les mystères de Dieu.

Saint Mansuy n'a pas failli à cette partie de la noble mais difficile tâche qu'il avait acceptée. Selon que l'apprement les Cédules de Toul, il a élevé, dans le pays, nombre d'églises et d'oratoires pour la desserte desquels il lui fallait des prêtres et des clercs suffisamment éprouvés et instruits.

Saint Amon, second évêque, ne déploya pas moins de zèle que son glorieux prédécesseur à former, pour le sanctuaire, des lévites capables de lutter contre les vieilles erreurs et de leur substituer la céleste vérité; nous le voyons, en effet, surtout pendant le temps que la persécution le contraignait à passer dans la solitude, nous le voyons entouré de disciples auxquels il donnait des conseils et faisait des leçons.

Saint Eucaire qui fut honoré de l'épiscopat et qui, s'il ne fut pas évêque de Toul, en dirigea les écoles, d'après le témoignage de divers historiens, saint Eucaire enseignait avec distinction, puisque, d'après les mêmes écrivains, c'est sa réputation de science qui le fit connaitre à Julien l'Apostat et lui valut la couronne du martyre.

Vers la fin du Ive siècle et dès le commencement du ve les écoles de Toul avaient des maîtres assez instruits pour former des hommes tels que Loup, qui devint évêque de Troyes, et Vincent de Lérins dont le célèbre Commonitorium ne sera jamais oublié. Saint Firmin, toulois de naissance, de même que Loup et Vincent, ses parents, acquit les connaissances qui le portèrent sur le siége de Verdun, à l'école épiscopale que tenait, au faubourg SaintEpvre de Toul, saint Loup qu'il eut ainsi pour précepteur.

Saint Auspice, cinquième évêque, dont la science était au loin connue et vantée, qui entretenait une correspondance de lettres avec Sidoine Apollinaire, ne fonda pas, comme le suppose M. Digot, mais plutôt rendit plus florissante encore l'école que ses devanciers avaient ouverte, et dans laquelle ils se faisaient un devoir d'enseigner.

En beaucoup de localités, dit à ce sujet le même historien d'après le Père Benoit Picart, les écoles des cathédrales n'avaient qu'un seul professeur : c'était le plus souvent l'évêque lui-même ; d'autres fois c'était un des prêtres les plus anciens et les plus respectables, délégué par le prélat. Avant de leur enseigner les sciences divines, on obligeait les élèves à bien connaitre les règles de la langue latine qui leur étaient exposées suivant les principes du grammairien Martianus-Félix Capella'.

1. Digot d'après Grégoire de Tours; Congrès scientifique de France, 1850. T. II, p. 334.

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