du christianisme chez les Leuci, jusqu'à l'époque néfaste qui a coûté à la France tant de larmes et de sang. L'histoire nous les montre comme des foyers de lumières et de sciences divines et humaines, dont chacun pouvait s'approcher pour y éclairer son esprit et former son cœur. Par les soins et les leçons des maitres distingués qui les ont dirigées, se sont formés nombre de sujets d'élite, notamment d'illustres prélats qui ont tenu à honneur de leur conserver la célébrité qu'elles avaient acquise, à qui les princes et les rois confiaient, de préférence, la direction de leurs affaires diplomatiques; à qui le pays doit une foule d'institutions utiles, les sciences et les lettres de précieux trésors, et la conservation d'une influence morale plus d'une fois gravement compromise. Elles ont eu leurs jours néfastes, des temps de défaillance, d'obscurcissement, de désertion; mais l'ambition et la cupidité des puissants du siècle, les passions des hommes, de terribles fléaux en ont été les causes déplorables à plus d'un titre, et non pas l'insouciance des premiers pasteurs et l'incurie du clergé. Il convient de rappeler qu'à côté des écoles épiscopales proprement dites, il y avait encore les écoles monastiques où les sciences et les belles lettres étaient en honneur, et cultivées avec autant d'ardeur que d'intelligence. Quant aux écoles élémentaires, des prêtres dévoués, fidèles imitateurs de leurs évêques, se sont imposé la tache d'en fonder et de les multiplier. Pour les garçons, outre la maîtrise entretenue sur les fonds de la manse capitulaire, il suffit de rappeler ce qu'ont tenté dans ce but, Pierre Fourier de Mattaincourt, Galland de Charmes et d'autres. Les religieuses de la Congrégation de NotreDame, celles de la Providence, celles de la Doctrine chré tienne témoignent encore aujourd'hui du dévouement, à l'instruction des jeunes filles, des deux prêtres que nous venons de nommer, auxquels il faut réunir le missionnaire Moye, de Cutting premier fondateur des sœurs de la Providence, le chanoine Wathelot, de Bruley, qui établit, à Toul, le premier noviciat des sœurs institutrices qui, jusqu'après le rétablissement du culte se firent honneur de porter le nom de leur vénérable père, et nombre de leurs confrères qui les ont aidés par un concours actif et des sacrifices d'argent. L'enseignement done, à tous les degrés, pour toutes les conditions et pour toutes les classes sociales, a été introduit, soutenu, favorisé, développé dans le diocèse de Toul, pendant plus de quinze siècles, par les soins du clergé, autant que les circonstances, les événements et les ressources l'ont permis; et nous pouvons, ce nous semble, conclure que, malgré les efforts louables et multipliés des progressistes actuels, pour la diffusion des connaissances utiles au sein des populations, ils ne font que suivre, sans les surpasser en dévouement et en sacrifices, la voie qu'ont ouverte et suivie, avec une constante persévérance, leurs savants et vénérables devanciers, prêtres et ministres de Celui qui est la Lumière du monde, et dans le Cœur adorable de qui la Science et la Sagesse ont leur inextinguible foyer. LE PRIEURÉ DE SAINT-CHRISTOPHE A VIC PAR M. L'ABBÉ G. Pierson. Le prieuré de Saint-Christophe de Vic, aujourd'hui encore l'objet de nombreux pèlerinages, remonte à une assez haute antiquité, moins haute cependant que ne l'ont prétendu certains auteurs1. 1. Les auteurs lorrains sont tombés à ce sujet dans plusieurs contradictions. D. Calmet (Notice sur la Lorraine), et les Bénédictins (Histoire de Metz, tome II, page 232), parlent d'une donation faite en 1100, du prieuré de Saint-Christophe, par un seigneur de Deneuvre. C'est là le résultat d'une confusion entre le prieuré de Saint-Christophe de Vic et celui de Deneuvre. Le même D. Calmet (Histoire de Lorraine, édition 1728, tome II. page 79) dit qu'Antoine, abbé de Senones, bâtit le prieuré en 1328. C'est là une nouvelle erreur, car Antoine vivait au x11° siècle, et non au xiye. L'opinion la plus probable porte à croire que le prieuré de Saint-Christophe fut fondé en 1120 par Antoine, abbé de Senones, avec le concours pécuniaire d'un certain nombre de personnages importants1. Et Calixte II en parle dans la bulle qu'il accorda à l'abbaye de Senones en 11232. Le 21 juin 1124, Etienne de Bar, évêque de Metz, fit solennellement la dédicace du nouveau prieuré, et, le même jour, Antoine en, fit présent à son église de Se nones. Nous devons ici faire observer que l'incertitude ne porte pas seulement sur l'origine du prieuré, mais aussi sur son emplacement primitif. Dom Calmet" et les Bénédictins disent positivement que le prieuré était situé sur le penchant d'une colline, au midi, hors de la ville de Vic. ..... 1. Cette opinion est celle qui ressort le plus vraisemblablement des documents que nous avons consultés, surtout aux archives du département. De plus, il est dit dans l'ouvrage intitulé : « Gallia christiana", tome XIII, col, 1386, en parlant d'Antoine, abbé de Senones : "Cellas quinque seu prioratus acquisivit, scilicet: cellam Sancti Christophori..... quorumdam virorum nobilium ope conditam ". Et D. Calmet lui-même, dans son Histoire de Lorraine, éd. 1728, dit, en parlant du mème Antoine : « Cellam quoque Sancti Christophori in clivo collis ante portam vici sitam per quosdam nobiles viros, qui possessiones huic loco pro animabus suis contulerunt, tempore suo construxit, et redditibus plurimis ditavit. » 2. Histoire de Metz par les Bénédictins, 1775, tome II, page 232. 3. Hist. de Metz, tome II, page 232. 4. Notice sur la Lorraine. 5. Hist. de Metz, 1775, tome II, page 232. 6. On lit, en effet, dans les Annales de l'ordre de Saint-Benoît, par D. Mabillon, 1713: « Cella Sancti Christophori, in clivo collis Or, au midi, rien ne révèle l'existence de cet ancien prieuré, et, quoiqu'il reste certain qu'il était situé hors de la ville, on peut, soit par la suite des faits que nous signalerons, soit par la topographie des lieux, soit par la tradition, se convaincre de ce que le prieuré de SaintChristophe, situé hors de la ville, était placé au nord et non au midi. Car, au midi, on ne trouve pas de traces de ruines, tandis qu'au nord, au pied d'un monticule : le Calvaire», et près de la porte de la ville se trouvent des ruines que la tradition dit être celles de l'ancien prieuré de Saint-Christophe, telle est sa situation la plus vraisemblable. ་ Elle est, du reste, confirmée par un manuscrit déposé aux archives du département, et dans lequel il est dit que la porte située au nord de la ville de Vic (dite aujourd'hui Porte-de-Metz) portait autrefois le nom de Porte-SaintChristophe. Et c'est précisément près de cette porte que la tradition place l'ancien prieuré. Ce prieuré ne fut originairement qu'une simple obédience, confiée aux Bénédictins de la congrégation de Saint-Vanne. Les prieurs, nommés par l'abbé de Senones, pouvaient être rappelés. Dans la suite, ils obtinrent des institutions pour le posséder en titre, et enfin il fut donné en commende1. Sur ce premier prieuré, il nous reste peu de renseignements; nous les énumérons succinctement : prope collam vici sità ", de même que l'on a vu précédemment dans la Gallia christiana»: « Cellam Sancti Christophori in clivo collis ante portam vici sitam ". 1. Histoire de Metz par les Bénédictins, tome II, page 233. |