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Liethemberg, l'importante seigneurie de Sarreck, qui, plus tard, échut aux sieurs de Lutzelbourg par suite d'un mariage. Les nouveaux propriétaires démolirent le chȧteau et en firent transporter les matériaux dans leurs demeures seigneuriales de Sarrebourg et d'Imling. Ce fut sans doute après la vente volontaire en 1615 du village avec 26,700 arpents de bois au duc de Lorraine'. Les Armagnacs, en 1459, entrèrent en Alsace par les bois de Danne, sous la conduite du maréchal de Lorraine, Jean de Fénétrange. Le sire Walther de Thann, complice des hordes sauvages qui désolèrent les rives du Rhin, vit, à son tour, ses propriétés ravagées.

En 1522, le célèbre aventurier Franz de Sickingen fit conduire dans le château de Danne le frère d'un bailli de l'Electeur de Trèves et un autre sujet de ce prince; ils n'en sortirent qu'en payant 5,000 écus d'or de rançon. Comme on le voit, le château de Danne rappelle encore quelques faits historiques. Au XVIIe siècle, on apercevait, sur une de ses portes, le millésime 1547, date de quelques réparations de ses immenses pans de murs et de ses souterrains. Tout a disparu. Le village de Danne, devenu lorrain, fut réuni à la principauté de Phalsbourg, dont il suivit les destinées.

Outre le hameau de Quatre-Vents, la paroisse a encore pour annexe la chapelle de BONNE-FONTAINE située dans les bois dits de Vilsberg, à gauche de la route impériale de Paris à Strasbourg. Elle doit sa construction et son pèlerinage qui est très-important à la découverte en 1715 dans la forêt d'une petite statue de la Vierge par

1. Voy. M. H. Lepage, Communes de la Meurthe, Danne. 2. M. Dieudonné Bourgon. Fontaine miraculeuse de Belle-Fontaine. (Journal de la Société, VI, p. 155.)

des soldats de la garnison de Phalsbourg. Ils trouvèrent également les vestiges d'un bâtiment religieux : car parmi les débris, ils remarquèrent un bénitier, des figures d'anges, etc. Une source d'une eau très-claire coulait à quelques pas de là. Les soldats, plus tard, ayant été guéris d'une dyssenterie qui décimait le régiment, firent båtir, à leurs frais, une petite chapelle, devenue de suite le but d'un pèlerinage. L'ingénieur militaire de la ville, pour seconder le zèle de la garnison, fit construire les deux bassins et planter une belle charmille autour. Plus tard, le frère Paul, qui jouissait d'un grand crédit auprès du curé Bataille, obtint de ce dernier la permission pour le frère capucin Joseph Summer d'y construire un ermitage à ses frais. Cela lui fut accordé en 1740, et comme la chapelle édifiée trop vite manquait de solidité, l'évêque de Strasbourg permit, en 1741, de la rebàtir sur un plan plus grand et sous le vocable de Notre-Dame en sa Nativité. En 1751, le même évêque, sur la demande du curé de Phalsbourg, directeur du pèlerinage, créa un second vicaire, payé par les produits de la chapelle, qui devenaient de plus en plus importants; il devait y dire la messe tous les samedis, ainsi qu'aux fêtes de la Vierge et desservir le pèlerinage. Il touchait 500 livres (500 selon Stemer). Les 1er avril 1775, les curé, échevins et fabriciens des églises de Danne et de Phalsbourg demandèrent au parlement de Nancy (le parlement de Metz était supprimé) de vouloir bien homologuer les contrats de rentes dus à la chapelle de Belle-Fontaine, à la fabrique des églises, à la confrérie du Saint Sacrement et à la bourse des pauvres. Avant la Révolution, il y avait à Bonne-Fontaine un logement pour deux ermites, actuellement il y a un prêtre pour le pèlerinage.

La chapelle orientée est donc moderne. La nef, éclairée par quatre fenêtres, précède un petit choeur carré. Sur l'autel, sous un petit globe de verre, une statuette de Marie couronnée tenant l'Enfant Jésus. L'église est couverte d'ex-voto 'encadrés, parmi lesquels on remarque une Vierge sur une colonne de marbre; au-dessous on lit ces mots :

Ex voto déposé le

10 avril

1810
Siége de

Saragosse.
(Espagne)

28 janvier 1809.

La provenance scule de cet ex-voto, d'un pied de haut, en fait un objet historique et précieux. On voit aussi une bonne copie du Sauveur du Monde, de Léonard de Vinci, dont l'original est au Musée de Nancy'.

Devant la porte de la chapelle est la piscine entourée de murs. Un saint Antoine ermite en surmonte la porte d'entrée, et une très-belle statue en pierre de la Vierge est sur la colonne, au bas de laquelle coule l'eau salutaire.

Les Pères Cordeliers du couvent de Sarrebourg, qui tenaient une école de latinité, conduisaient souvent leurs élèves visiter la Bonne-Fontaine; la dépense de chaque élève était fixée à « 15 sols! »>

1. Parmi les autres ex-voto, se trouve un tableau représentant un voltigeur endormi surpris par deux Arabes à cheval, 1841, et plusieurs scènes militaires.

GARREBOURG.

L'église de Garrebourg fut consacrée au XIIe siècle par le légat Théodwin. Les Bénédictins de Marmoutier l'entretinrent et la rebâtirent plus tard. Restaurée et agrandie en 1730, 1750, 1824 et 1862. L'établissement du curé, à la nomination de l'évêque de Strasbourg, doit remonter à la première de ces dates. Une année après, le titulaire mourait et était enterré comme le furent depuis tous ses successeurs dans l'église. Le dernier fut J.-J. Fries, de Westhoffen, déporté pour refus de serment, et dont la. maison curiale fut vendue en 1796; il mourut curé de Hasslach en 1816. Le P. Bonaventure, capucin de Phalsbourg, élu curé constitutionnel', refusa par lettre du 27 septembre 1791. Un prêtre du diocèse de Bâle vint s'offrir au maire, et, en l'an IX, le culte catholique ayant été toléré, deux prêtres alsaciens vinrent successivement desservir la paroisse, après avoir toutefois fait acte de soumission à la loi.

L'église est donc moderne. Le tableau représente le patron du lieu, saint Colman; il est en pèlerin, un ange à ses pieds tient la couronne royale; derrière, un arbre aux branches duquel est suspendue une discipline.

Autel latéral saint Louis de Gonzague.

En 1589, 13 bourgeois; en 1778, 12 familles, toutes catholiques; en 1788, 345 personnes et 18 mendiants. Beaucoup de familles étaient parties pour la Hongrie.

Le roi et l'abbaye de Marmoutier, seigneurs hauts-justiciers, possédaient les bois du ban. L'abbaye d'Andlau avait 12 arpents de prés, et la paroisse de Saint-Louis 16.

1. Archives départementales; papiers du district de Sarrebourg.

A la prise de possession par la France en 1661, comme Garrebourg ne dépendait pas de Phalsbourg, on fit un procès-verbal spécial pour ce village.

Pour marque de souveraineté, Colbert, le 25 octobre, fit planter une borne aux armes de France devant l'église. Puis les habitants, Thibaut Cruchement, maire, Pierre Hans Rauss, greffier, et Nicolas Klein, au nom de deux autres, vinrent prêter le serment de fidélité au roi, après avoir été déchargés de leur ancien serment par les commissaires lorrains. D'après leur déclaration, le duc de Lorraine était souverain haut-justicier pour un quart; MM. de Ribeaupierre, de Wangen et de Hanau chacun pour autant, et ils payaient tous les ans à S. A. huit quarts d'écu et demi, trois bichets de seigle, autant d'avoine et quatre poules'.

Le même jour, M. de Colbert fit planter des bornes à Mittelbronn, à Phalsbourg, à Vilsberg et à Lutzelbourg. Il déclara réunis à la couronne les villages de Danne et de Hultenhausen, et ayant appris que les commissaires de Charles IV avaient déchargé les habitants de ces deux villages du serment prêté au roi, il les menaça de la colère de son maitre s'ils n'obéissaient pas de suite, et il déclara nulle la décharge donnée par MM. d'Allamont et de Serre.

L'année suivante, le baron de Wangen, vice-doyen de la cathédrale de Strasbourg, sommé de faire ses reprises pour sa part de seigneurie, répondit qu'à Garrebourg, comme fief impérial, un seul seigneur était tenu de remplir ce devoir, et que c'était M. de Ribeaupierre qui en

1. Archives communales de Lixheim. Cahier de la prise de possession de la route en 1661.

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