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Et, s'il faut aujourd'hui que notre roi périsse,
Allons, qu'un même sort avec lui nous unisse.

SALOMITH.

Quelle insolente main frappe à coups redoublés!
Qui fait courir ainsi ces lévites troublés?
Quelle précaution leur fait cacher leurs armes ?
Le temple est-il forcé ?

ZACHARIE.

Dissipez vos alarmes,

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Dieu nous envoie Abner.

NOTES AND REFERENCES.-1 Que nous apprenez-vous, what have you to announce to us.-2 M. L. 26, R. 2.-3 Racheté, redeemed. Semé, known.

SCÈNE II.

ABNER, JOAD, JOSABET, ZACHARIE, SALOMITH, ISMAEL,
DEUX LÉVITES, LE CHŒUR.

JOAD.

En croirai-je mes yeux,

Cher Abner? quel chemin a pu jusqu'en ces lieux

Vous conduire au travers d'un camp qui nous assiége?

On disait que d'Achab la fille sacrilége

Avait, pour assurer ses projets inhumains,

Chargé d'indignes fers vos généreuses mains.

ABNER.

Oui, seigneur; elle a craint mon zèle et mon courage:
Mais c'est le moindre prix que me gardait sa rage.
Dans l'horreur d'un cachot par son ordre enfermé,
J'attendais que, le temple en cendre consumé,
De tant de flots de sang non encore assouvie,
Elle vint m'affranchir d'une importune vie,
Et retrancher des jours qu'aurait dû mille fois
Terminer la douleur de survivre à mes rois.

JOAD.

Par quel miracle a-t-on obtenu votre grâce?

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ABNER.

Dieu, dans ce cœur cruel, sait seul ce qui se passe.
Elle m'a fait venir; et, d'un air égaré:

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"Tu vois de mes soldats tout ce temple entouré,
“Dit-elle; un feu vengeur va' le réduire en cendre,
Et ton Dieu contre moi ne le saurait défendre.
"Ses prêtres toutefois (mais il faut se hâter,)
"A deux conditions peuvent se racheter.

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Qu'avec Éliacin on mette en ma puissance

"Un trésor dont je sais qu'ils ont la connaissance, "Par votre roi David autrefois amassé,

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"Sous le sceau du secret au grand prêtre laissé.
"Va, dis-leur qu'à ce prix je leur permets de vivre.”

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Quel conseil, cher Abner, croyez-vous qu'on doit suivre ?

ABNER..

Et tout l'or de David, s'il est vrai qu'en effet
Vous gardiez de David quelque trésor secret;
Et tout ce que des mains de cette reine avare
Vous avez pu sauver et de riche et de rare,
Donnez-le. Voulez vous que d'impurs assassins
Viennent briser l'autel, brùler les chérubins,
Et, portant sur notre arche une main téméraire,
De votre propre sang souiller le sanctuaire ?

JOAD.

Mais siérait-il, Abner, à des coeurs généreux
De livrer au supplice un enfant malheureux,
Un enfant que Dieu même à ma garde confie,
Et de nous racheter aux dépens de sa vie?

ABNER.

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Hélas! Dieu voit mon cœur. Plût à ce Dieu puissant
Qu'Athalie oubliât un enfant innocent,

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Et que du sang d'Abner sa cruauté contente

Crut calmer par ma mort le ciel qui la tourmente!
Mais que peuvent pour lui vos inutiles soins?

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Quand vous périrez tous, en périra-t-il moins?

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Dieu vous ordonne-t-il de tenter l'impossible?

Pour obéir aux lois d'un tyran inflexible,
Moïse, par sa mère au Nil' abandonné,
Se vit, presque en naissant, à périr condamné :
Mais Dieu, le conservant contre toute espérance,
Fit par le tyran même élever son enfance.
Qui sait ce qu'il réserve à votre Éliacin ;
Et si, lui préparant un semblable destin,
Il n'a point de pitié déjà rendu capable
De nos malheureux rois l'homicide implacable?
Du moins, et Josabet comme moi l'a pu voir,
Tantôt à son aspect je l'ai vu s'émouvoir;
J'ai vu de son courroux tomber la violence.
A Josabet.

Princesse, en ce péril vous gardez le silence?
Hé quoi! pour un enfant qui vous est étranger
Souffrez-vous que sans fruit Joad laisse égorger
Vous, son fils, tout ce peuple, et que le feu dévore
Le seul lieu sur la terre où Dieu veut qu'on l'adore?
Que feriez-vous de plus si des rois vos aïeux

Ce jeune enfant était un reste précieux ?

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JOSABET, bas à Joad.

Pour le sang de ses rois vous voyez sa tendresse :
Que ne lui parlez-vous ?

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Le temps est cher, seigneur, plus que vous ne pensez.

Tandis qu'à me répondre ici vous balancez,
Mathan près d'Athalie étincelant de rage

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Demande le signal, et presse le carnage.

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Faut-il que je me mette à vos sacrés genoux ?

Au nom du lieu si saint qui n'est ouvert qu'à vous,

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Lieu terrible où de Dieu la majesté repose,

Quelque dure que soit la loi qu'on vous-impose,
De ce coup imprévu songeons à nous parer.
Donnez-moi seulement le temps de respirer:
Demain, dès cette nuit, je prendrai des mesures

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Pour assurer le temple et venger ses injures.

Mais je vois que mes pleurs et que mes vains discours
Pour vous persuader sont un faible secours;
Votre austère vertu n'en peut être frappée:

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Eh bien, trouvez-moi donc quelque arme, quelque épée,
Et qu'aux portes du temple, où l'ennemi m'attend,
Abner puisse du moins mourir en combattant.

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JOAD.

Je me rends. Vous m'ouvrez un avis que j'embrasse :
De tant de maux, Abner, détournons la menace.
Il est vrai, de David un trésor est resté,
La garde en fut commise à ma fidélité;
C'était des tristes Juifs l'espérance dernière,
Que mes soins vigilants cachaient à la lumière :
Mais puisqu'à votre reine il faut le découvrir,
Je vais la contenter; nos portes vont s'ouvrir.

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De ses plus braves chefs qu'elle entre accompagnée ;
Mais de nos saint autels qu'elle tienne éloignée
D'un ramas d'étrangers l'indiscrète fureur:
Du pillage du temple épargnez-moi l'horreur.

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Des prêtres, des enfants lui feraient-ils quelque ombre?
De sa suite avec vous qu'elle règle le nombre.

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Et quant à cet enfant si craint, si redouté,
De votre cœur, Abner, je connais l'équité,
Je vous veux devant elle expliquer sa naissance.
Vous verrez s'il le faut remettre en sa puissance;
Et je vous ferai juge entre Athalie et lui.

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Ah! je le prends déjà, seigneur, sous mon appui :
Ne craignez rien. Je cours vers celle qui m'envoie.

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NOTES AND REFREENCES.- Va, will soon; M. L. 26, R. 1.--2 Siérait

il, would it be worthy of. Quand, if.- Nile.-5 M. § 138, R. (5).— • Quelque, however.

SCÈNE III.

JOAD, JOSABET, ZACHARIE, SALOMITH, ISMAEL
DEUX LÉVITES, LE CHŒUR.

JOAD.

Grand Dieu, voici ton heure, on t'amène ta proie!

Ismaël, écoutez.

JOSABET.

(Il lui parle bas.)

Puissant maître des cieux,

Remets-lui le bandeau dont tu couvris ses yeux
Lorsque, lui dérobant tout le fruit de son crime,
Tu cachas dans mon sein cette tendre victime!

JOAD.

Allez, sage Ismaël, ne perdez point de temps;
Suivez de point en point ces ordres importants:
Surtout qu'à son entrée et que sur son passage
Tout d'un calme profond lui présente l'image.
Vous, enfants, préparez un trône pour Joas;
Qu'il s'avance suivi de nos sacrés soldats.
Faites venir aussi sa fidèle nourrice,
Princesse, et de vos pleurs que la source tarisse.

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(A un lévite.)

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Vous, dès que cette reine, ivre d'un fol orgueil,
De la porte du temple aura passé le seuil,
Qu'elle ne pourra plus retourner en arrière,
Prenez soin qu'à l'instant la trompette guerrière
Dans le camp ennemi jette un subit effroi :
Appelez tout le peuple au secours de son roi;
Et faites retentir jusques à son oreille
De Joas conservé l'étonnante merveille.
Il vient.

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