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CHAPITRE

DE

SAINT-NICOLAS D'AVESNES

LOUISE D'ALBRET avait une affection et une dévotion toutes particulières pour l'église de Saint-Nicolas d'Avesnes. Elle la fit ériger en collégiale le 10 avril 1534. Depuis assez longtemps elle y entretenait des vicaires chargés de réciter les heures canoniales et de chanter des obits. Après avoir obtenu le consentement du Pape, et s'être préalablement entendue avec l'Abbé de Liessies, collateur de la cure de Saint-Nicolas, elle fonda treize prébendes dans son église de prédilection pour un Chapitre composé d'un Prévôt,d'un Doyen et de onze chanoines. Une de ces prébendes fut intégralement et indivisiblement unie à la cure d'Avesnes, et laissée à la collation de l'Abbé de Liessies, qui, par compensation, donna aux chanoines la jouissance du chœur de l'église de Saint-Nicolas, à charge toutefois de l'entretenir à perpétuité, et de permettre au Curé d'y célébrer ses offices à des heures convenables. Il leur abandonna également le droit de pourvoir à toutes les chapelles qu'il possédait à Avesnes. La fondatrice se réserva, pour elle et pour ses successeurs, la collation des douze autres prébendes, sous la condition de n'en investir que des ecclésiastiques. Indépendamment d'une prébende, elle attacha à la Prévôté un fief de son domaine, comprenant dix rasières de terre, et situé au lieu vulgairement nommé Le Tronquois, vers la chapelle de Ghodin. Elle nomma directement le premier Doyen; mais elle ordonna que désormais ce dignitaire serait, à chaque vacance, élu par le Chapitre et pris dans son sein. L'élection devait toutefois être ratifiée par l'évêque de Cambrai. Une fois l'approbation épiscopale obtenue, l'élu devenait le deuxième personnage de son corps, « L'ŒIL DU CHŒUR », et c'était à lui qu'incombait la charge des âmes des chanoines et des autres prêtres de l'église. Le Curé venait immédiatement après le Doyen dans l'ordre des préséances; il était tout à la fois chanoine prébendé et chef de la paroisse de Saint-Nicolas. Quand il officiait à l'occasion

de sa prébende, il avait pour diacre un chanoine, et pour sous-diacre un vicaire ou un chapelain; dans les mêmes circonstances, le Prévôt et le Doyen avaient l'un et l'autre deux chanoines pour assistants.

Un chanoine qui avait le titre de CHANTRE remplissait ordinairement les fonctions de choriste. Dans les fêtes doubles et triples il était aidé par l'ÉCOLATRE, un de ses confrères, qui était en outre investi, sous la direction du Chapitre, de toutes les attributions indiquées par sa qualification.

Tous les chanoines, même les dignitaires, étaient astreints à la résidence. Une absence, non autorisée du Chapître, entraînait la privation des fruits de la prébende, dont on faisait deux parts: avec l'une on indemnisait un vicaire ou un chapelain délégué temporairement dans les fonctions de l'absent; l'autre était attribuée, à peu près exclusivement, à la MENSE CAPITULAIRE, conformément à des statuts dont l'acte de fondation ordonne la rédaction et indique les principes généraux, comme de suivre le rite de Cambrai, de se conformer aux observances des autres collégiales du comté de Hainaut, etc., etc.

Quant aux intentions particulières de la fondatrice, elles sont explicitement formulées :

1° Tous les jours une messe solennelle, et la récitation des heures canoniales dans l'église ;

2° Cinquante obits chaque année ;

3° Tous les jeudis une messe du Saint-Sacrement;

4° Tous les samedis une messe basse en l'honneur de la Sainte-Vierge, pour la conversion du plus grand pêcheur de la terre ;

5° Tous les lundis une messe basse pour l'âme la plus misérable du Purgatoire ;

6o Les jours où le Prévôt, le Doyen ou le Curé officiaient à l'occasion de leurs prébendes, une messe basse à l'intention de la fondation, dite à tour de rôle par les chanoines qui avaient assisté les dignitaires.

Le Chapitre d'Avesnes dut entretenir un personnel assez nombreux :

1° Deux grands vicaires chargés de commencer les heures en se relevant de semaine en semaine ;

2° Quatre vicaires assistants, dont deux étaient clercs de l'église ;

3° Six enfants de choeur ;

4° Un maître de musique ;

5° Un organiste ;

6° Un carillonneur ? chargé du soin de faire sonner les cloches.

Le total des charges annuelles du Chapitre s'élevait à 668 liv. 8 s.; en voici le détail :

Pour 2 grands-vicaires, au traitement annuel de 48 liv. chacun.

Pour 4 vicaires assistants, au traitement annuel de 40 liv. chacun

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Pour 6 enfants de choeur, au traitement annuel de 12 liv. chacun.

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Pour 1 maître de musique, gouverneur des enfants de chœur.

Pour 1 organiste.

Pour 1 carillonneur ?

Pour le luminaire

96 liv.

160

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Pour la fabrique, le chœur et les ornements de l'église..

Pour une messe avec eau bénite, célébrée tous les dimanches dans la chapelle de Sainte Marie-Madeleine du Béguinage d'Avesnes

Pour 10 livres chaque année à chacune des 5 béguines

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De plus les chanoines étaient tenus de donner tous les ans cinq muids de blé au Béguinage.

Outre le fief indivisiblement attaché à la Prévôté, Louise d'Albret destina à la dotation du Chapître deux mille livres de rentes, provenant de ses économies.

Louise d'Albret, Louis de Blois, abbé de Liessies, Jean Gobert, curé de Saint-Nicolas, le Chapitre, le Mayeur et les Echevins de la ville, souscrivirent l'acte de fondation, daté d'Avesnes le 10 avril 1534.

Le Chapitre de Saint-Nicolas d'Avesnes fut installé par maitre Philippe, vicaire général de l'évêque Robert de Croy, en présence de maître Jean Mouscron, official du diocèse, et de maître Eloi Waltriez, doyen de Saint-Géry de Cambrai.

Peu de temps après son installation, le Chapitre procéda à son organisation intérieure en rédigeant ses statuts. Il est indispensable d'en reproduire les principales dispositions si l'on veut donner une notion suffisante de la collégiale de Saint-Nicolas :

Il fallait de toute nécessité résider pour percevoir les fruits des canonicats.

Le chanoine nommé qui voulait prendre résidence se présentait devant le Chapître le 8 juin, à l'heure des vêpres; sinon, il était ajourné à l'année suivante. Il entrait en fonctions aux premières vêpres de la Saint Jean-Baptiste, et

pendant quatre semaines consécutives, il assistait à toutes les heures diurnes et nocturnes, et ne pouvait sortir du chœur qu'avec la permission du Prévôt ou du Doyen, ou d'un délégué de ces dignitaires, et seulement pour satisfaire aux nécessités corporelles, sous peine d'être privé des fruits de l'année entière. Après avoir subi cette épreuve, qu'on appelait le MOIS DE RÉSIDENCE PÉRILLEUSE, le nouveau résidant payait une somme de douze livres Hainaut pour les ornements de l'autel et du chœur, et désormais, à moins qu'il ne fût de semaine, sa présence n'était requise que pour des parties déterminées des offices de chaque jour.

Les chanoines pouvaient prendre vingt-quatre jours de congé dans le cours de l'année; en cas de maladie, ils étaient dispensés de tout service, sans rien perdre de leurs émoluments.

Les prescriptions des statuts avaient pour sanction des amendes de quelques sous. Le maintien de la concorde entre les membres du Chapitre était assuré par une répression plus sévère : une retenue de quatre livres Hainaut pour une injure adressée à un confrère; pour une voie de fait, l'excommunication et la privation des fruits de la prébende, jusqu'à ce que le coupable eût reçu l'absolution de l'évêque, ou de son pénitencier, et donné satisfaction à l'offensé.

Les émoluments de chaque chanoine se composaient du 13° du casuel et des revenus disponibles de la fondation. Ils ne dépassèrent jamais 450 livres; le chiffre de 300 livres peut être regardé comme une moyenne plutôt enflée qu'atténuée. Le principe fondamental de la répartition des sommes provenant des obits, fondations pieuses, etc., etc., était que les chanoines recevaient toujours une part double de celle des habitués de l'église ; par contre, pour les mêmes infractions, ils subissaient toujours une retenue double de celle qui était infligée aux vicaires et chapelains. Bien entendu que pour avoir droit à une distribution résultant d'un office quelconque, il fallait y avoir assisté.

Le Chapitre se réunissait tous les vendredis pour traiter les affaires courantes, et pour établir ce qui revenait à chaque résidant dans les produits de la semaine écoulée. Il tenait en outre, chaque année, deux assemblées dites CHAPITRES GÉNÉRAUX, le jour de Saint Sylvestre et à la fête des martyrs Jean et Paul, pour arrêter la comptabilité des deux semestres, dont le premier se terminait la veille de Noël, et le second la veille de la nativité de Saint Jean-Baptiste.

Si un chanoine venait à mourir après l'Assomption, ou le jour même de cette fête, les fruits de sa prébende, pendant tout le premier semestre, étaient acquis à sa succession. Il en était de même pour le produit du second semestre, si le décès avait lieu après la Purification, ou ce jour-là même.

Si le Chapitre perdait un de ses membres avant l'une ou l'autre des deux dates ci-dessus indiquées, les fruits de la prébende du défunt, à partir du jour de la mort et pendant le reste du semestre, étaient appliqués à l'entretien du choeur et des ornements.

Dans le cas où un résidant décédait dans le cours du premier semestre, son successeur ne pouvant être admis à la résidence avant la Saint Jean-Baptiste, le produit intégral d'une prébende pendant le second semestre restait disponible, et était affecté à la dotation de la collégiale.

Le Chapitre avait un grand sceau et un petit. Le premier était gardé dans un ferme, dont le Prévôt, le Doyen et le plus ancien chanoine dans l'ordre de réception avaient chacun une clef. Le second était déposé dans les armoires du corps, dont les clefs étaient entre les mains de deux chanoines, désignés tous les ans dans l'assemblée générale du mois de juin. Les dépositaires des sceaux qui en auraient fait usage autrement qu'en vertu d'une délibération capitulaire étaient privés des fruits de leurs prébendes, sans préjudice des peines plus graves, s'il y avait lieu.

Le jour même de la mort d'un chanoine, on récitait le psautier dans le choeur à l'intention du défunt. On prélevait sur sa succession quatre livres Hainaut, qui étaient réparties entre tous les assistants suivant le principe fondamental de toute distribution.

C'était le Doyen qui célébrait les obsèques avec un décorum digne de l'état ecclésiastique. On prenait sur les biens du défunt 12 livres Hainaut, qui étaient distribuées de la manière suivante :

1° Au Doyen .

2o Au carillonneur ?

3° Pour le luminaire.

40 s. 30

30

4 Le reste aux chanoines et aux autres vicaires assistants (*).

Le Doyen présidait également aux funérailles des vicaires, chapelains et autres fonctionnaires de l'église. On ne prélevait que six livres sur ce qu'ils laissaient, pour les répartir proportionnellement aux sommes indiquées plus haut.

Le Doyen, en sa qualité de curé du Chapitre, avait pour lui les offrandes des obsèques, tant en numéraire qu'en pains, et en outre le luminaire et les cierges des assistants.

Les chanoines pouvaient disposer de leurs biens meubles, soit en faisant un testament olographe, soit en dictant leurs dernières volontés en présence de deux témoins, au nombre

(*) Voir le deuxième tableau à la fin de cette notice.

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