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plus tard, celle de saint Dié (1). Humbert, surtout, à la fois théologien et poète, y chante en vers liturgiques, les patrons de l'abbaye et des abbayes voisines, en même temps qu'il amasse, pour les consacrer bientôt à la défense de l'église et de la papauté. les trésors d'une science consommée (2). Et après lui le goût de la poésie, de la versification tout au moins, reste en honneur au monastère : nous en avons comme preuve ces fragments que nous a transmis Jean de Bayon et où des moines, dont le nom n'est point arrivé

être cet auteur était-il ce Valcand dont parle RUYR dans ses Antiquitez de la Vosge, éd. de 1634, p. 253 et 288, et éd. de 1626, p. 209, 210 et 224. Ce même Valcand serait aussi probablement l'auteur d'une espèce de sermon qui se trouve à la fin de la troisième Vita Hildulfi, dans le manuscrit de Moyenmoutier-Nancy. Nous en avons parlé, p. 147, note 2 du Bull. de 1897-98. Le prédicateur s'y élève contre la corruption des mœurs de son temps et en prend occasion pour exhorter ses confrères à imiter les vertus de saint Hidulphe et de ses disciples. On a quelquefois aussi attribué ces deux écrits (troisième Vita et Libellus) à l'évêque de Toul Brunon, depuis saint Léon IX (ainsi CHIFFLET, dans son Commentarius Lothariensis, Anvers, 1619, in-4°, p. 2, au moins pour le Libellus), mais cette attribution doit être absolument rejetée, car il est certain que ces écrits sont l'œuvre d'un moine de Moyenmoutier, cf. Bull. de 1897-98, p. 149. Ajoutons encore qu'en toute hypothèse, Valcand peut être tenu au moins pour l'auteur de l'opuscule historique d'où RUYR, loc. cit., a extrait les fragments relatifs au monastère de Saint-Dié.

(1) C'est la Vita Deodati dont il a été question aussi plus haut, Ir partie, livre I, chap. I, § 4. Nous avons dit, en effet, que nous croyons cet écrit postérieur à la troisième Vita et au Libellus. Il a dû être composé très peu de temps avant 1049, et son auteur, qui était certainement moine de Moyenmoutier (Bull. de 1897-98, p. 152-153), n'est pas, très probablement, Valcand, à moins d'admettre que Valcand, s'il est l'auteur de la troisième Vita Hildulfi et du Libellus, aura vécu assez longtemps pour composer, un peu avant 1019, la Vita Deodati: hypothèse difficile à accepter, et qui d'ailleurs n'expliquerait pas encore de façon suffisante le silence absolu de la troisième Vita sur les relations de saint Hidulphe et de saint Dié, cf. Bull. de 1897-98, p. 154. S'il fallait nous prononcer, nous préférerions proposer l'attribution au moine-cardinal Humbert, qui vivait précisément à cette époque et venait de suivre Léon IX à Rome: on s'expliquerait bien ainsi comment la Vita Deodati a pu être lue au concile romain de 1049, cf. Bulletin de 1897-98, p. 152.

(2) Les principaux écrits, presque tous de controverse, composés plus tard par le cardinal Humbert, sont : 1° Une réponse à la lettre de Michel Cerulaire, patriarche de Constantinople, à Jean, évêque de Trani; 2o Une réfutation de Nicétas Pectorat; 3° Une relation de sa légation à Constantinople; 4o Un traité en trois livres contre les simoniaques. Cf. Histoire littéraire de la France, par les Bénédictins de Saint-Maur, t. VII, p. 535 et suiv.

jusqu'à nous, essayent de célébrer en vers lesvertus de Lambert et de Milon et les bienfaits de leur gouvernement (1). Ajoutons encore qu'au même moment la bibliothèque, créée aussi par Almann (2), s'enrichissait de volumes rares et précieux. Les moines s'occupaient à transcrire les bons livres. Outre cette Bible de si parfaite exécution, que l'on devait à l'intelligente initiative de Lambert (3), nous savons par Jean de Bayon qu'on y possédait des ouvrages alors peu communs et que l'on eût peut-être vainement cherchés ailleurs. Le cardinal Humbert s'étant trouvé à Toul vers la fin de l'année 1050 avec le pape Léon IX et ayant eu besoin des œuvres de saint Augustin pour répondre à l'archevêque de Lyon Halinard dans une controverse historique sur la découverte des reliques de saint Etienne, martyr, dut les faire venir de Moyenmoutier. Ni la bibliothèque épiscopale, ni les bibliothèques monastiques de Toul n'avaient pu sans doute les lui fournir (4). Nous avons vu aussi comment Lambert avait doté l'abbaye de soixante-sept volumes sur les morales de saint Grégoire (5).

Bref, malgré les guerres qui continuent autour de l'abbaye, malgré la peste qui la décime en 1021 et l'incendie de 1130, malgré les démêlés qu'elle a à soutenir avec Toul ou avec Cluny pour Bergheim ou pour Froville, et où elle succombe, la période qu'embrassent le XIe siècle et les premières années du XIIe, semble bien avoir été pour Moyenmoutier une période de paix et de prospérité.

Toutes ces conclusions, nous sommes en droit de les tirer des faits précédemment exposés. Cependant faut-il l'avouer? — nous voudrions plus et notre curiosité historique n'est pas pleinement satisfaite. Nous aimerions savoir

(1) Cf. supra, p. 202 et 227.

(2) Bulletin de 1897-98, p. 309.

(3) Ibidem, p. 202.

(4) JEAN DE BAYON, II, 54. Il s'agissait du passage de saint Augustin, qui se lit au chap. 8 du livre 22 de la Cité de Dieu.

(5) Cf. supra, p. 195.

quelle a été l'attitude des abbés et des religieux de Moyenmoutier au cours des grands évènements qui agitaient alors le monde occidental et l'Église. Le sacerdoce est aux prises avec l'Empire. La querelle des investitures a divisé la chrétienté en deux camps. Dans cette lutte mémorable, l'abbaye a-t-elle pris position et de quel côté ? Est-elle avec Grégoire VII, ou bien défend-elle contre lui la cause impériale? On ne saurait le dire. Je note cependant qu'en 1114, alors que le conflit reprend avec plus d'aigreur que jamais entre le pape Pascal II et l'empereur Henri V, nous voyons celui-ci accorder à l'abbé et aux religieux un privilège de confirmation pour leurs biens, et par la même occasion, donner à leurs avoués un règlement constitutif. Ce diplôme de 1114 a dû être porté à la demande des moines. Le fait, dès lors, n'est-il pas significatif et n'avons-nous pas le droit de conclure que, malgré la sympathie qu'elle avait pu témoigner à la cause de Rome et des réformes ecclésiastiques au temps de Léon IX et du cardinal Humbert, l'abbaye de Moyenmoutier n'a pas voulu néanmoins s'aliéner la faveur et la protection impériales? Au reste, les attaches qu'elle a toujours eues et qu'elle a encore avec l'Empire, expliquent assez cette attitude qui est celle aussi, à ce qu'il semble, des églises voisines de Saint-Dié : Etival et Senones (1).

Des autres grands faits contemporains, de la Croisade surtout qui à la fin du XIe siècle entraîne l'Occident chrétien vers Jérusalem, aucun document, dans l'histoire de Moyenmoutier, ne dit rien. C'est en vain qu'on chercherait dans nos textes une allusion même indirecte et lointaine à ces évènements. Et il faut nous résigner à n'avoir que les conclusions particulières et locales, d'intérêt plus modeste, qui précédent. Hors de là, tout ne pourrait être qu'hypothèse.

(1) Ces églises, en effet, obtiennent de l'empereur, à la même époque, 1114, des diplômes semblables.

(A suivre).

TESTAMENT

DE LA

PRINCESSE LOUISE DE SALM

EN FAVEUR

DU COUVENT DE LA VISITATION DE NANCY

1723

Ce testament montre les goûts artistiques d'une princesse de Salm; elle ne dégénérait pas des siens, qui avaient formé à Senones une petite galerie de tableaux fort renommée, aujourd'hui au Musée départemental des Vosges, à Épinal (1). Retirée au monastère des Visitandines à Nancy, Louise de Salm, après y avoir été élevée comme ses sœurs, ses nièces et ses cousines (2), légua, selon H. Lepage, à ces religieuses, « ses meubles, ses tableaux et sa vaisselle d'argent. >> Je comptais trouver aux archives de Meurthe-et-Moselle un inventaire détaillé de toutes ces belles. choses; mon espoir a été déçu. Je n'ai vu que le testa

(1) Dom Calmet avait acheté cette galerie aux princes de Salm-Salm. La Révolution la confisqua aux moines.

(2) Lyonnois dit que huit princesses de Salm furent élevées chez les Visitandines. Leur couvent, bien conservé jusqu'à ces derniers temps, sert de lycée avec le monastère des Minimes.

ment de la princesse, que je donne ici avec quelques annotations.

La princesse Louise de Salm était la fille de CharlesThéodore - Othon, prince du Saint-Empire et de Salm, comte forestier de Dauhn et de Kirbourg, comte du Rhein à Stein, souverain régalien de Fénétrange, libre baron d'Anholt, conseiller intime de l'empereur Léopold, maréchal de camp, général de ses armées, colonel d'un régiment d'infanterie à son nom, premier ministre et grand-maître de la maison de l'empereur Joseph, dont il avait été le gouverneur (il mourut à Aix-la-Chapelle le 10 Novembre 1710, à 66 ans), et de sa seconde femme Louise-Marie, comtesse palatine du Rhin, duchesse en Bavière, morte le 11 Mars 1679, après six ans de mariage (10 Mars 1671), fille du comte-palatin Édouard, duc des deux Bavières, et d'Anne de Gonzague, duchesse de Mantoue, princesse qui avait des droits sur la couronne d'Angleterre et sur le marquisat de Montferrat (1).

La princesse Louise, sœur du prince régnant de SalmSalm, Louis-Othon. naquit le 13 Mai 1672. Vers 1702, ayanttrente ans, n'étant pas mariée ainsi que ses sœurs les princesses Éléonore-Christine-Élisabeth et Louise-Apollonie, elle se retira de son plein gré chez les Visitandines de Nancy.

Elle y écrivit le testament suivant :

Je soussignée princesse Louyse de Salm, estant en parfaite santé de corps et d'esprit, de ma frange et plaine volonté, déclare avoir donné et donne entre vifs aux religieuses du monastère de la Visitation Sainte-Marie de Nancy, mes meubles, mes livres, mes tableaux, mon linge, ma vaisselle d'argent que j'auray, s'il s'en trouve, me réservant la disposition de ma pension tout les an et l'usage de mes meubles et de toute que leur donne icy ma vie durant, faisant aux religieuses cette donation par le grand attachement que j'ay

(1) MORÉRI.

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