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LIV. XVI. 307 par-là que la voie de cession avait cet inconvénient. Sixièmement, en réprouvant la voie proposée par le roi, il portait atteinte à l'honneur de sa majesté et à celui des clercs et des évêques de France. Septièmement, en déclarant que messeigneurs les ducs ne lui avaient point fait connaître le moyen de pratiquer la voie de cession, il n'ajoutait pas qu'ils lui avaient promis de l'aider volontiers à la pratiquer, pourvu qu'ils eussent d'abord son consentement. Huitièmement, en proposant que des arbitres élus par les deux parties examinassent les raisons de part et d'autre, il cherchait à faire prévaloir la voie de discussion, voie difficile et périlleuse. Neuvièmement, toutes les raisons qu'il alléguait tendaient à exclure la voie de cession choisie par le roi, et c'était pour cela qu'il avait demandé aux cardinaux qui se trouvaient là d'exprimer de nouveau leurs opinions à ce sujet.

Les cardinaux, pressés par les ducs de dire la vérité et de parler suivant leur conscience, approuvèrent tous sans exception, comine la première fois, la voie proposée par le roi. Ils prirent ensuite congé des ducs. Persistant dans leurs dispositions, ils allèrent le lendemain trouver monseigneur le pape, et le supplièrent tous humblement à genoux de daigner accepter la voie si sage et si raisonnable que proposait le roi. Monseigneur le pape leur répondit que son intention était de travailler de tous ses efforts à l'union, pourvu qu'on lui indiquât les moyens de pratiquer cette voie. Les cardinaux répliquèrent que cela ne pouvait avoir lieu sans qu'il en fût référé au conseil du roi, et employèrent les plus vives instances pour triompher de l'opposition du pape. Deux jours après, monseigneur Benoît fit appeler les ducs et leur annonça qu'il avait l'espérance de les satisfaire. Sur cette assurance, les princes se flattèrent d'obtenir enfin ce qu'ils désiraient. Ils ignoraient que le pape ne cherchait qu'à gagner du temps, comme ils en eurent bientôt la preuve. La veille de la fête des apôtres saint Pierre et saint Paul, les cardinaux étant allés le trouver pour lui soumettre de nouveau leur demande, il leur remit en réponse une cédule confirmative de la précédente.

CAPITULUM X.

Cardinales in scriptis approbant viam regis.

Responsionem pape domini cardinales decem et novem numero, ad prandium cum dominis ducibus evocati, non sine ammiracione audierunt; rogatique de veritate dicenda, cum in proposito regis se manere unanimiter affirmassent, cedulam tabellionatam inde fieri et subscribi singula concesserunt nomina, cujus tenor sequitur:

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<<< Nos omnes et singuli, romane Ecclesie cardinales, propriis <<< manibus in cedula presenti subscripti, qui, dudum vita « functo felicis recordacionis domino Clemente septimo, congregati pro electione futura in conclavi, ac, prout tenemur, cupientes abolere pestiferum scisma, nunc, proc dolor! in Dei <«< Ecclesia vigens, et animarum saluti, amputatis prolixarum << viarum ambagibus, providere, ac procurare totis viribus <<< unionem Ecclesie sancte Dei, promisimus et juravimus ad << sancta Dei evvangelia corporaliter per nos et singulos nostrum << tacta, prout continetur lacius in quadam cedula per nos in << eodem conclavi facta et subscripta propriis nostris manibus, <«< cujus tenor sequitur in hec verba :

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<< Nos omnes et singuli, sancte romane Ecclesie cardinales, congregati pro electione futura in conclavi, ante altare in quo missa communis celebrari consuevit, pro Dei servicio, unitate Ecclesie sue sancte ac salute animarum omnium fidelium, promittimus et juramus ad sancta Dei evvangelia corporaliter per nos tacta, quod absque fraude, dolo, et machinacione quibuscunque, ad unionem Ecclesie et finem imponendum scismati, proc dolor! in Ecclesia nunc vigenti, quantum in nobis erit,

CHAPITRE X.

Les cardinaux approuvent par écrit la voie proposée par le roi.

A la lecture de la réponse du pape, les cardinaux qui se trouvaient à dîner au nombre de dix-neuf avec messeigneurs les ducs, manifestèrent une grande surprise. On leur demanda de s'expliquer franchement; ils répondirent qu'ils persistaient tous à appuyer les propositions du roi; ils permirent même qu'on dressât une cédule authentique de leur adhésion et consentirent à la signer. En voici la teneur :

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« Nous tous, tant en général qu'en particulier, cardinaux de l'Église << romaine, qui avons signé de notre propre main la présente cédule, «< nous étant réunis en conclave, après la mort de notre seigneur le << pape Clément VII d'heureuse mémoire, pour procéder à l'élection «< future, et désirant, comme nous y sommes tenus, anéantir le << schisme funeste qui déchire si malheureusement le sein de l'Église << de Dieu, pourvoir le plus promptement et le plus franchement << possible au salut des âmes, et contribuer de tous nos efforts à l'union <«< de la sainte Église de Dieu, avons promis et juré, la main sur les << saints Évangiles, comme il est dit plus au long dans une cédule que «< nous avons rédigée au même conclave et signée de nos propres mains, << et qui est conçue en ces termes :

« Nous tous, tant en général qu'en particulier, cardinaux de la sainte Église romaine, réunis en conclave pour l'élection future, promettons, la main sur les saints Évangiles, devant l'autel où se célèbre tous les jours la messe commune, et jurons, pour le service de Dieu, pour l'unité de la sainte Église et pour le salut des âmes de tous les fidèles, de travailler fidèlement et diligemment, sans fraude, dol ou machination quelconque, autant qu'il nous appartient et qu'il pourra nous appartenir, à l'union de l'Église et à l'extirpation du malheureux schisme qui la déchire en ce moment; de donner aide,

laborabimus fideliter et diligenter et, per nos, quantum ad nos pertinet seu eciam pertinebit, et dabimus pastori nostro et gregis dominici, ac vicario Christi, domino nostro futuro, qui erit pro tempore, auxilium, consilium et favorem ; nec ad impediendum vel differendum premissa dabimus consilium vel favorem, directe vel indirecte, publice vel occulte. Et ista omnia et singula, et alias eciam ultra premissa omnes vias utiles et accommodas ad unitatem Ecclesie et unionem predictam ejusdem, sane et veraciter, sine machinacione, seu excusacione, vel dilacione quacunque servabit et procurabit possetenus quilibet nostrum, eciam usque ad cessionem inclusive per ipsum de papatu faciendam, si dominis cardinalibus, qui nunc sunt vel erunt in futurum de hiis qui nunc sunt, vel majori parti eorumdem, hoc pro bono Ecclesie et unitatis predicte videatur expedire. »

<«< Cum itaque, assumpto ad summi apostolatus apicem domino << Benedicto moderno, qui tunc de numero nostrum existens <«< cardinalis de Luna vulgaliter dicebatur, de ipsius mandato << diversa tenuerimus consilia, fueruntque per nos de hujus<< modi mandato pro dicto scismate tollendo diverse vie dis«< cusse, hinc est quod bona fide et in nostris conscienciis attes<< tamur quod, habita inter nos deliberacione provida et matura <«< super omnibus viis et modis, quibus scisma nunc in Dei << Ecclesia vigens posset brevius, melius et facilius sedari et extirpari, et ipsa Ecclesia ad unionem reduci, viam cessionis utriusque partis, scilicet domini nostri pape Benedicti decimi <<< tercii de papatu et intrusi de jure quod pretendit se in papatu <<< habere, propositam pro parte serenissimi principis domini regis Francorum christianissimi per illustrissimos principes << dominos duces Biturie et Burgundie patruos ac Aurelianensem << germanum domini regis predicti, ad eumdem dominum nos

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du Seigneur

conseil et appui à celui qui sera le pasteur du troupeau et le nôtre, le vicaire de Jésus-Christ, et notre maitre temporel. Nous jurons aussi de ne donner à personne, ni directement ni indirectement, en public ni en secret, aide ou conseil, pour empêcher ou retarder l'exécution de ces promesses. Chacun de nous observera sincèrement et scrupuleusement tous ces engagements, tant en général qu'en particulier; chacun de nous pratiquera, autant qu'il est en lui, sainement et véritablement, sans machination, excuse ou délai quelconque, toutes les voies utiles et propres à rétablir l'unité et l'union de l'Église, fallút-il en venir à céder la papauté, si messeigneurs les cardinaux qui sont aujourd'hui dans le sacré collége et ceux qui en feront partie à l'avenir, ou seulement la majeure partie d'entre eux, le jugent nécessaire au bien de l'Église et au réta

blissement de l'unité. »

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« Après avoir élevé au souverain pontificat celui que nous appelons aujourd'hui monseigneur Benoît, et qui était alors un des membres <«< de notre collége, nommé vulgairement le cardinal de Luna, nous « avons, d'après ses ordres, tenu divers conseils et discuté diverses « voies pour parvenir à extirper ledit schisme. Nous attestons sur «< l'honneur et sur nos consciences, qu'après avoir sérieusement et << mûrement examiné les voies et moyens les plus propres à apaiser et «< à détruire promptement, sûrement et facilement le schisme qui nous <«< divise aujourd'hui, et à rétablir l'union dans l'Église de Dieu, nous <<< avons choisi et choisissons, de préférence à toute autre, la voie de «< cession des deux compétiteurs, c'est-à-dire l'abandon par notre sei<«< gneur le pape Benoît XIII de son titre de pontife, et par l'intrus << de ses prétendus droits à la papauté. Nous avons choisi cette voie sur <<< la proposition qui nous en a été faite, au nom du sérénissime prince monseigneur le roi de France très chrétien, par les très illustres << princes messeigneurs les ducs de Berri et de Bourgogne, ses oncles, << et le duc d'Orléans, son frère, que ledit roi avait envoyés en ambas«sade auprès de notre seigneur le pape pour traiter de cette affaire.

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