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tium gauderent id se egisse, testibus tamen illis qui conscienciarum secretissima rimantur, deinceps sine dubio timuerunt ne pro delicto Deus dupplicia reddens multiplicato fenore eis confusionem inferret.

CAPITULUM XXVI.

De modo agrediendi Turcos, qui primo victi fuerunt.

Eadem die, ad statum hostium explorandum, magnum ducem Hungarie cum quinque milibus loricatis ad unguem rex miserat, qui rediens dixit eos solum per sex miliaria distare, et desideranter affectaverat eos imparatos invadere, confidens de victoria cum Dei adjutorio, nisi majestatem sic timuisset offendisse, et contra honorem Francigenarum redundasset. Hec, luce sequenti ante solis ortum, rex Hungarie solus equo velocissimo vectus, ipsis Francigenis narrans, ut alias, supplicavit ut peditum quadraginta milia, quos secum traxerat, prima fronte ponerentur; et hoc prudenciores approbabant. Sed hiis Francie conestabularius et marescallus socordius et cum tanta contencione restiterunt, ut ipsis improperando dicerent : <«< Ex accerrimis bellatoribus cunctatores nunc effecti, nobis ju<«< nioribus bellum relinquatis, quoniam hec verba timorem et << pusillanimitatem sapiunt. » Quorum pertinaciam rex audiens, mestus et dolens abscessit ut suas acies ordinaret, in corde suo presagiens quod sequencia fine pessimo clauderentur, sicut male et iniquo principio hesterno die fuerant inchoata.

Rege igitur disgresso, dum circa horam diei terciam milites et armigeri arma capescerent, et ut levius pedestres possent incedere, rostra longua et superflua calceorum amputarunt, que, proc pudor, reprehensibilis et vana curiositas inter

Dieu ne leur fit payer leur forfait avec usure, et ne les couvrît de

confusion.

CHAPITRE XXVI.

Comment on attaqua les Turcs, qui furent d'abord vaincus.

Le même jour, le grand duc de Hongrie, que le roi Sigismond avait envoyé avec cinq mille hommes armés de pied en cap pour reconnaître la position de l'ennemi, revint annoncer que les Turcs n'étaient qu'à six milles de distance, et que bien volontiers il les eût attaqués, dans l'espoir de les surprendre et de les vaincre, avec l'aide de Dieu, s'il n'eût craint d'offenser sa royale majesté et de porter atteinte à l'honneur des Français. Le lendemain, avant le lever du soleil, le roi de Hongrie se rendit seul à toute bride dans le camp des Français, les informa de cette nouvelle, et les supplia encore une fois de placer à l'avant-garde les quarante mille hommes d'infanterie qu'il avait amenés avec lui. Les plus sages appuyaient cette proposition. Mais le connétable et le maréchal repoussèrent leur avis avec plus d'acharnement, et s'emportèrent jusqu'à leur dire d'un ton insultant: «< Puisque de << vaillants hommes que vous étiez, vous êtes devenus temporiseurs, « laissez aux plus jeunes le soin de combattre. Vos paroles sentent la << peur et la lâcheté. » Le roi, déplorant cette obstination, se retira pour ranger son armée en bataille. Il pressentait bien qu'une entreprise, commencée la veille sous d'injustes et de funestes auspices, n'aurait qu'une mauvaise fin.

Après le départ du roi, vers la troisième heure du jour, les chevaliers et les écuyers prirent les armes. Afin de pouvoir marcher plus facilement à pied, ils coupèrent les longues et énormes pointes de leurs chaussures. Ce fut ainsi que cessa cette mode ridicule et extravagante, qui avait jusqu'alors régné parmi la noblesse. Déjà l'ennemi

nobiles huc usque viguerat et tunc terminata fuit. Ubique cum clamore terribili ingeminatur ad arma in hostes jam constitutos in vicino. Jam jamque majores natu et milicia plus experti equestres comiti Niverniensi astabant; quibus insignis Francie admirallus, dominus Johannes de Vienna, nacione burgundus, miles provecte etatis, sed robustus viribus, emerite milicie et in quo vigebat vis animi consiliique, arripiens beate Marie vexillum, quod hac die defferendum susceperat, protulit ista verba: Illustres, inquit, milites, opus aggredimur alias non approbatum, et, ut scitis, non timore perterriti, sed sanis acquiescentes monitis, ut expedicio bellica laudabiliori fine « clauderetur. Ad hoc venire sprevimus, mediantibus Hungaris. Quare, firmiter credatis, nobis non suffragabuntur, sed fugient, si immineant adversa. Soli ergo attemptantes belli dis<«< crimina, in illum spei anchoram figamus, qui nullum unquam <«< in se sperancium fefellit, pro victoria obtinenda, quam << nobis ipse concedat ad laudem fidei christiane. »

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Et hiis dictis, ad hostes jussit tendere, qui christianos expectabant pede fixo et aciebus ordinatis. Quis autem esset hostium numerus investiganti michi et querenti diligencius, veridica multorum fide dignorum relacione innotuit quod ultra viginti quatuor milia gregariorum erant, qui se primo conspectui christianorum obtulerunt, quos non longe sequebantur triginta milia equestrium hominum. Basatum autem, qui istos cum quadraginta milibus sequebatur, christiani non videbant, quia ultra collem proximam in camporum planicie immobiliter se tenebat. Ibi decreverat expectare precedencium fortunam, qui vere ad resistendum caute se disposuerant, et ut ad eos esset accessus difficilior, palos acutissimos ante se fixerant, appendentes cuspides contra nostros, que ipsis plurimum nocuerunt.

n'était plus qu'à peu de distance. On cria aux armes dans tout le camp. Les plus âgés et les plus expérimentés vinrent se ranger autour du comte de Nevers. L'illustre amiral de France, messire Jean de Vienne, chevalier bourguignon, éprouvé par de longs services, également remarquable par son courage et par sa prudence, et encore plein de vigueur malgré son âge avancé, saisit l'étendard de la Vierge Marie, qu'il s'était chargé de porter ce jour-là, et s'exprima ainsi :

<<< Illustres chevaliers, nous voici engagés dans un combat que nous << avons désapprouvé; non pas, vous le savez, que nous ayons cédé «‹ à un sentiment de crainte, mais parce que nous voulions, en défé«rant à de sages avis, assurer le succès de notre entreprise. Nous " avons dédaigné d'accepter l'assistance des Hongrois. Aussi soyez bien persuadés maintenant qu'ils ne nous aideront point, et qu'ils fuiront << au premier échec. Résignons-nous donc à courir seuls les chances de «<-la bataille, et mettons tout notre espoir dans celui qui n'a jamais << trompé ceux qui espèrent en lui pour obtenir la victoire. Puisse-t-il << nous l'accorder, pour l'honneur de la foi chrétienne! >>

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Au même instant, il donna le signal de l'attaque. L'ennemi attendait les chrétiens de pied ferme et en ordre de bataille. Je me suis enquis et informé avec soin du nombre des Turcs, et j'ai appris de la bouche de personnes dignes de foi que leur avant-garde, composée des gens de pied, s'élevait à plus de vingt-quatre mille hommes, et qu'elle était appuyée par trente mille cavaliers. Bajazet, qui venait ensuite avec une réserve de quarante mille hommes, n'était pas en vue des chrétiens; il s'était arrêté derrière une éminence, dans une plaine voisine, et avait résolu d'y attendre les premiers résultats de la bataille. Les soldats de son avant-garde avaient pris d'habiles dispositions pour se défendre. Afin de rendre l'accès de leur camp plus difficile, ils avaient planté en terre devant eux des pieux très aigus, dont les pointes étaient dirigées contre nos troupes et leur firent beaucoup de mal. Les nôtres donnèrent le signal du combat en poussant des cris terribles, et firent pleuvoir sur l'ennemi une grêle de traits; ils s'avancè

Nam clamore terribili pro signo congressionis emisso et immisso grandine sagittarum, cum cominus nostri post accedentes et demissis lanceis in hostes insurrexissent, a pallis fixis plurimi impediuntur, a quibus transfixi equi sessɔres suos Turcorum exposuerunt gladiis. At ubi, ipsis violenter abscisis et avulsis, ad solitum genus pugne perventum est, bellum forcius instauratur, nostrique se mutuo ad audaciam adhortantes, cum lacertis hectoreis asciarum et ensium ictus ingeminant, quos et Turci fortiter repellebant, et constipati se tenentes, aliquamdiu se inpenetrabiles reddiderunt. Anceps diu prelium certum de victoribus judicium diferebat, donec Turci tandem christianorum viribus dissolvuntur, moxque animis consternati, eorum virtus elanguit, omnino spes evanuit resistendi, grassantur ubique libere gladii percussorum, omnes tandem eliduntur et prostrati obtruncantur. In eo quoque conflictu decem mille eternis tradende incendiis infelices animas exhalarunt.

Ingenti cede peracta, se recollegerunt in unum christiani, ut secunde aciei equestris, que tractu sagitte ab eis distabat, numerum mecientes, quererent quid inde agerent, quia ibidem credebant Basitam residere, et ideo cunctis plus crescebat audacia preliandi. Milites igitur inter se revolventes inequalitatem numeri, cum eis redire fas non esset, quin insequerentur à Turcis, et timerent quod, si inequali fronte insurgerent, ab ipsis includerentur, tali cautela usi sunt. Non enim acie ordinata, more solito, statuerunt rem agredi, nec ad hostes accedere lento passu, sed subito et cum impetu vallido usque ad medium hostium gladiis penetrare, nec cessare, donec terga extremorum attingentes, vultus vertere cogerentur, ut sic totam aciem proturbarent. Hoc opus, quamvis gravissimum et grandi alea plenum, omnes unanimiter approbant. Resumptis quoque

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