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dans l'audience que le roi leur donna, que les Anglais avaient consenti une trêve jusqu'à la fête de la Pentecôte.

Sur ces entrefaites arriva la grande indulgence de Rome, et partout les chrétiens se disposèrent à visiter l'église du prince des apôtres. Il y eut en même temps à Saint-Denys, à l'occasion de la dédicace de cette église, un tel concours de peuple, qu'on ne se souvenait pas d'avoir jamais vu tant de monde à cette fête. Le roi, qui venait de recouvrer la santé, voulut, suivant sa coutume, honorer de sa présence cette solennité, et s'y rendit avec ses oncles et son frère. Mais la foule fut si grande, que l'on put à peine achever la procession accoutumée, et que deux hommes furent étouffés. Comme le pélerinage de Rome occasionnait une exportation considérable d'argent, on défendit au nom du roi et par la voix du héraut d'aller à Rome, et l'on fit surveiller les frontières pour empêcher les habitants de sortir du royaume.

CHAPITRE XX.

De l'Université de Paris.

Comme durant la soustraction les prélats de France ne donnaient point, ainsi qu'ils l'avaient promis, une part suffisante des bénéfices ecclésiastiques aux suppôts de l'Université de Paris, et que les exacteurs royaux ne respectaient point leurs priviléges et libertés, les leçons et les prédications furent suspendues pendant tout le carême. Cela fut cause que quelques écoliers s'éloignèrent de Paris. Les âmes étant, au grand scandale de tous les chrétiens, privées de la parole de vie dans un temps si saint, le roi promit, à la demande de quelques gens de bien, de donner satisfaction aux plaintes des écoliers. Sur cette assurance, les leçons et les prédications recommencèrent.

CAPITULUM XXI.

Expulsus fuit de regno Sicilie dominus Ludovicus.

Inclitus rex Sicilie Ludovicus, fraude cujusdam comitis, qui hucusque sibi faverat, et cujus ope et industria in Neapoli ardua disposuerat prudenter et cum vivida dextera prepotenti, ab hac urbe expulsus est, sequenti occasione, ut familiares sui retulerunt, mediante.

Nam comes prenominatus quamdam filiam habebat, quam rex fratri suo Karolo principi Tarentino spoponderat in matrimonio dare. Sed attendens comes per biennium frustra filie nupcias expectasse, Karolo principe penitus hoc renuente, dolens inde et contra regem conspirans, ipsum Neapolitanis exosum reddidit, et Landislaum vel Lancelotum quondam Karoli de Pace consanguineum, ejus adversarium capitalem, in urbem introduxit. Qui a civibus favorabiliter receptus, cum in regem ibi consensu omnium fuisset coronatus, mox legatos Romam misit ad intrusum, qui se dicebat Romanum pontificem, supplicans ut sibi prefatum regnum auctoritate apostolica confirmaret.

Dominus autem Ludovicus sic expulsus dilectissimum cognatum regem Francie visitavit. Inde per Cenomaniam Andegaviam tendens Provenciam, que sibi obediebat, quia quedam castra prope Neapolim sibi subdita habebat, comitem Marchie cognatum suum illuc misit cum copia bellatorum, qui custodiendo illa Neapolitanos proposse dampnificarent.

CHAPITRE XXI.

Monseigneur Louis est dépossédé du trône de Sicile.

L'illustre roi de Sicile Louis fut chassé de la ville de Naples par la trahison d'un comte, dont les conseils et les services avaient jusqu'alors contribué à sa grandeur et à l'affermissement de son trône. Voici, d'après le récit des gens de sa cour, quelles furent les causes de cette trahison.

Ledit comte avait une fille que le roi lui avait promis de marier à son frère Charles, prince de Tarente. Il attendit vainement pendant deux ans l'accomplissement de cette promesse. Le prince Charles se refusait absolument à ce mariage. Le comte, irrité de ces délais, trama une conspiration; il excita contre le roi la haine des Napolitains et introduisit dans la ville de Naples son cousin Ladislas ou Lancelot, fils de Charles de la Paix et ennemi mortel du roi. Ladislas y fut reçu avec faveur et couronné roi du consentement de tous. Il envoya aussitôt des ambassadeurs à l'intrus ou prétendu pape de Rome, pour le supplier de confirmer son élection par son autorité apostolique.

Monseigneur Louis, ainsi détrôné, se rendit auprès de son bien aimé cousin le roi de France. Il alla ensuite par le Maine et l'Anjou dans la Provence, qui lui appartenait, et envoya en Italie le comte de la Marche son cousin avec une troupe de gens de guerre, pour garder quelques châteaux voisins de Naples, qui étaient restés sous son obéissance, et pour faire le plus de mal possible aux Napolitains.

CAPITULUM XXII.

De morte comitis de Stampis.

Aprilis mensis prima ebdomada, comes inclitus de Stampis dominus Ludovicus in domo ducis Biturie de Nigella, cum secum cibum hora prandii sumeret, morbo, qui apoplexia vocatur, repente percussus occubuit. Cujus corpus eadem die ad ecclesiam beati Dyonisii, ut vivens de regis assensu statuerat, allatum est. Sequenti vero die peractis funeralibus exequiis, quantis studiis funus ullum concelebrari poterat, corpus ejus in capella regine Johanne, in cujus altari acceptabiles cotidie Creatori constituerat offerre hostias, prius propter hoc competentibus assignatis resditibus, sepultum est. In exequiis illis honoris gracia interfuerunt multi de regio sanguine procreati cum duce Biturie, qui tunc in comitatibus de Stampis, de Lunel, de Dourdan eidem comiti successit; quos quidem ab ipso emerat, relicto sibi ad vitam eorum usufructu.

CAPITULUM XXIII.

De federe induciali inito cum Anglicis, et de recepcione imperatoris Grecie.

Vigilia Ascensionis Domini, rex Karolus, integram mentem resumens, cum fratre et patruis regni principales consiliarios evocavit, qui super arduis emergentibus rebus deliberaverunt agenda que secuntur. Prima cura assistentibus in consistorio fuit ut ante festum Penthecostes nuncios ad Boloniam mitterent, qui, ut condictum fuerat, cum Anglicis fedus induciale componentes, eciam de restitucione Anglie regine domine Ysabellis

CHAPITRE XXII.

Mort du comte d'Étampes.

L'illustre comte d'Étampes, monseigneur Louis, étant à dîner chez le duc de Berri en l'hôtel de Nesle, mourut subitement d'une attaque d'apoplexie, la première semaine du mois d'avril '. Le même jour, son corps fut porté à l'église de Saint-Denys, comme il l'avait décidé de son vivant avec l'assentiment du roi. Le lendemain on lui rendit les derniers devoirs avec toute la pompe qu'on pouvait déployer dans une céré– monie funèbre. Son corps fut inhumé dans la chapelle de la reine Jeanne, où il avait fondé, moyennant un revenu suffisant, des messes quotidiennes pour le repos de son âme. La cérémonie fut honorée de la présence de plusieurs princes du sang royal. On y remarquait entre autres le duc de Berri, qui succéda audit comte dans les comtés d'Étampes, de Lunel et de Dourdan. Il les lui avait achetés, et en avait laissé l'usufruit au comte sa vie durant.

CHAPITRE XXIII.

Trêve conclue avec les Anglais. - Réception de l'empereur de Grèce.

La veille de l'Ascension, le roi Charles, étant en pleine santé, tint conseil avec son frère, ses oncles et les principaux personnages de l'État, et délibéra avec eux sur les affaires les plus importantes. Le premier soin du conseil fut d'envoyer à Boulogne, avant la fête de la Pentecôte, des ambassadeurs chargés de conclure une trêve avec les Anglais, ainsi qu'il avait été convenu, et de traiter de la restitution

'Louis d'Évreux, comte d'Etampes, ne mourut que le 6 juin.

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