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M. Danjou communique un fragment d'un rapport présenté en 1756 aux États de Bretagne par M. Pinczon du Sel des Monts, sur la situation de la verrerie et des arts céramiques en Bretagne à cette époque. L'auteur du Mémoire signale l'existence de fabriques de poterie à Rennes, à Chartres, aux Landelles, et en particulier une manufacture de faïences, imitation de celles de Rouen, établie depuis quelques années à Rennes, rue Hue (actuellement rue de Paris), par un sieur Tutrel (1).

L'auteur de cet intéressant Mémoire était le grand-oncle de

(1) NOTE REMISE PAR M. Danjou. Dans un rapport intitulé: Considérations sur le commerce de Bretagne, présenté aux États par M. Pinczon du Sel des Monts (séance du 19 octobre 1754), l'auteur donne une nomenclature malheureusement très-laconique de tous les arts industriels qui existaient alors dans cette province.

J'ai cru intéressant de faire connaître, par un extrait textuel, ce qui concerne les arts céramiques, vers lesquels les études se portent partout aujourd'hui. Ici il y a un intérêt tout local dans ce rapport, qui donne la date (à quelques années près) de l'établissement de la faïencerie de la rue Hue à Rennes, par Tutrel, et d'une autre par de Charmoy, dans la mème ville, au milieu du XVIIIe siècle.

P. 82.

Fayenceries.

«Le sieur Tutrel, mort depuis un an, établit à Rennes une « manufacture de fayence il y a quelques années dans la rue Hue, à l'imi«tation de celles de Rouen; quelques fonds que les États lui accordèrent, « lui aidèrent à la mettre sur un assez bon pied. »

« Le sieur de Charmoy avait voulu en établir une de fayence plus belle et « plus fine; mais soit par défaut de matières ou des ouvriers, il n'en a rien « tiré de bien parfait; elle est entre les mains de plusieurs intéressés. — S'il « manque quelque chose (p. 83) à cette manufacture pour perfectionner ses

« ouvrages, la province, qui ne tirerait plus ses fayences de Rouen, de Saint

« Cloud, etc., ne devrait-elle pas en faire son affaire?

«Il y en a une à Quimper qui a beaucoup produit aux entrepreneurs.

Poteries.

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« Nous avons des poteries de plusieurs espèces : une à Rennes,

M. Pinczon du Sel, vice-président du conseil de préfecture, membre de la Société Archéologique.

:

M. Robert Mowat lit un Mémoire auquel il donne pour titre Epigraphie Fougeraise au XVIe siècle. C'est une description faite avec autant de soin que de sagacité, des inscriptions tombales relevées par l'auteur dans les églises de SaintSulpice et de Saint-Léonard de Fougères. Le travail de M. Mowat est accompagné de dessins d'une grande netteté, reproduisant fidèlement les inscriptions qu'il a décrites. A cette énumération descriptive, l'honorable membre ajoute d'intéressantes remarques sur les abréviations lapidaires, sur l'usage des lettres U et V employées réciproquement l'une pour l'autre, sur l'emploi de la lettre Z pour le chiffre 2, etc. Il appelle aussi l'attention sur les inscriptions incisées en creux dans la pierre ou se détachant en relief. Le premier

« dont la terre approche de celles qu'on appelle du Saint-Esprit (1) et souffre « le feu; une à Fontenay, près Rennes (2); une autre de mème qualité aux Landelles, près Châteaubriant.

Verreries.

P. 83. « Nous comptons plusieurs verreries: la plus considérable et la « plus belle est celle de Javardan (3). »

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Ce rapport a été imprimé sans nom de licu ni date (à Rennes), par J. Vatar (4). La réponse à une lettre écrite à l'auteur pour lui demander son avis sur un ouvrage intitulé: La noblesse commerçante, insérée à la fin de ce rarissime petit volume in-8o de 137 pages, qu'un hasard extraordinaire m'a fait rencontrer, est datée du 20 avril 1756. de près.

L'impression a dû suivre
Th. DANJOU.

(1) La manufacture du Saint-Esprit, située tout près de Bayonne, a fourni beaucoup

de poteries à Rennes, malgré son éloignement considérable.

(2) Au village de la Poterie, commune de Chartres, dépendant de la seigneurie de Fontenay.

(3) Commune de Fercé, près de Chateaubriant. (Elle n'existe plus.)

(4) Joseph Vatar, imprimeur des États de Bretagne, à Rennes.

système lui paraît avoir été employé de préférence dans les tombes de l'église Saint-Léonard; le second aurait prévalu, au contraire, dans celles de Saint-Sulpice. Peut-être l'emploi de l'un ou de l'autre procédé était-il déterminé par la nature de la pierre sur laquelle se gravait l'inscription. M. Mowat pencherait à croire que l'usage de la gravure en relief était propre au pays et que l'incision serait d'origine étrangère.

Plusieurs membres font remarquer qu'en Basse-Bretagne, où l'on trouve des exemples des deux procédés, la gravure en relief paraît appartenir généralement aux inscriptions les plus anciennes.

suivant lui, la

M. Aussant propose une autre hypothèse gravure en creux aurait été adoptée pour les pierres qui se trouvaient sur un passage fréquenté, et sur lesquelles une gravure en relief aurait bientôt disparu, usée par les pas.

Pour conclusion à son travail, M. Mowat exprime le vœu que l'on fasse, pour la conservation des pierres tombales de Fougères, menacées de disparaître, ce que M. l'abbé Cochet a fait en Normandie. Par les soins du savant archéologue de Rouen, les pierres tombales d'un certain nombre d'églises, au moins les plus importantes, ont été relevées du sol et incrustées dans les murs.

La Société s'associerait très-volontiers à ce voeu, mais la réalisation en rencontrerait peut-être de sérieuses difficultés. Il serait toutefois à désirer que quelques essais au moins fussent tentés.

M. l'abbé Guillotin de Corson a la parole pour la suite de la lecture de sa Statistique historique et monumentale du canton de Maure.

M. Morin donne ensuite des éclaircissements sur la correction proposée par M. Moët de la Fortemaison au texte de Grégoire de Tours, où il est dit que Regnomer, frère de Ricaire, roi d'Arras, et de Regnacaire, roi de Cambrai,

régnait au Mans. Le savant historien des Francs voit ici une absurdité historique; et remplaçant la leçon ordinaire apud Cenomanis par ces mots apud Viromannis, il établit que Regnomer avait sa résidence à Vermand, tout près de ses deux frères, et non loin de ses cousins Cararic, à Terouenne, et Clovis à Tournai. Ainsi, tous les petits princes francs résidèrent à l'Orient de la Somme; et en effet, les Francs ne pénétrèrent dans la III Lyonnaise que vers la fin du v siècle, après le traité passé par Clovis avec les Armoricains. Le Secrétaire, L. LAVALLÉE.

Séance du 8 février.

Présidence de M. Morin.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Exhibitions 1° Par M. l'abbé Guillot, un porte-huilier en faïence de Rouen (xvIIIe siècle), signé G. L.

:

2o Par M. Danjou, un grand médaillon en bronze, portrait de Boulay-Paty, signé David d'Angers, et dont il fait hommage au musée de la Société.

3o Par M. Mowat, une lame d'épée en fer, trouvée en 1866 à Boulogne-sur-Mer, et qu'il offre au musée de la Société, au nom de M. de Malézieux - Duhamel, capitaine d'artillerie; deux oboles frappées à Marseille au m° siècle et trouvées, en 1868, à Saint-Gervais (Drôme).

4o Par M. de la Borderie, un exemplaire de la Coutume de Bretagne, impression gothique de 1532; un terrier de la partie incendiée de la ville de Rennes en 1720, avec un plan de la reconstruction; des arrêts du Conseil d'État et des lettres patentes du roi, pièces relatives au rétablissement de la ville après l'incendie, avec planches donnant le plan, l'élévation, etc., des maisons à reconstruire.

M. de la Bigne Villeneuve dépose sur le bureau une copie du diplôme, à la date du 13 septembre 1475, concernant l'établissement de l'assemblée de Vezin, dont il a été donné précédemment communication par M. Quesnet. M. de la Bigne Villeneuve ajoute à cette communication des explications et des notes historiques sur les circonstances qui donnèrent lieu à la fondation dont il s'agit, et sur les indulgences qui y furent données en faveur des fidèles qui contribueraient à la reconstruction de l'église de Vezin. Il existe dans le fonds de Vezin, aux archives départementales, deux actes plus importants émanant des Papes et confirmant les lettres de 1475, données par les douze cardinaux.

M. Morin développe, en les appuyant d'exemples, quelques considérations sur la permutation des consonnes initiales dans la langue des Bas-Bretons et dans les langues celtiques.

M. de la Borderie donne lecture d'extraits d'un travail de M. Maupillė: Notice sur la commune et paroisse de Landéan, et notamment d'une description des celliers de Landean. L'auteur réfute la tradition accréditée depuis d'Argentré, qui attribue la construction de ces souterrains à Raoul II, baron de Fougères, au XIIe siècle. M. Maupillé a découvert dans les notes de l'Histoire du P. Dupaz (Généalogie des barons de Fougères, inédite) que ces souterrains sont les restes du château de La Foresterie, que Hervé de Fougères, avait construit dans sa forêt, vers 1150, et où il mourut. Telle est la véritable explication et l'origine des celliers de Landéan.

Le Secrétaire, L. LAVALLÉE.

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