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TEMPS ANCIENS.

PREMIERE ÉPOQUE.

Poëme du Cid. Arabes espagnols.

Le docteur Gonzalve de Berceo.

Alphonse X de Castille.

Jean Lorenzo.

QUEL poëte espagnol ouvrira notre scène ?

Demandons-nous Ronsard aux muses de la Seine?
<< Enfin Malherbe vint. » Celui que nous citons
Pour nous avoir donné la cadence et les tons,
Merveille de ses jours, l'illustre Garcilasse,
Premier peut-être encor, veut la première place.
De l'astre inspirateur, toutefois avant lui,
Sur notre heureux climat quelques feux avaient lui :
Disons à l'étranger notre muse en bas âge,'
Et ses jeunes élans vers son noble partage.
Bien faudra-t-il parler de ces guerriers fameux
Dont le goût poétique a dominé comme eux;

De ces Maures, que tout rattache à l'Ibérie,
Barbares, si brillans quand ce fut leur patrie,

Un poëme ingénu perce un temps reculé :
Nul écrit plus ancien ne nous fut révélé.
Cinq siècles séparaient de l'aîné des Corneilles
L'homme qui, le premier, au labeur de ses veilles
Associa du Cid et la gloire et le nom :

Héros vraiment épique : ardent, terrible et bon;

Loyal, persécuté par-dessus la tempête

:

Élevant les lauriers assemblés sur sa tête.

On l'aime en ses revers comme aux jours triomphans,
Aux pieds de sa Chimène, auprès de ses enfans.
Une gloire, si riche en grandeurs véritables
L'imagination l'agrandit de ses fables :

Elle frappe l'esprit, elle entraîne, attachant
Même à ces fictions, âme de notre chant,
Et d'un type idéal consacre la chimère.
L'Achille castillan fait honte à son Homère;
Mais que pouvait offrir à son siècle d'airain,
Dans une langue informe, un chant contemporain ?
C'est assez qu'à travers son écorce rustique,
Ce fruit ait la saveur de notre Espagne antique.

Le poëte oublia le héros dans sa fleur,

Pour montrer le grand homme assailli du malheur (1): Calomnié, banni, les murs, à son passage,

Craignent de l'abriter; rien n'atteint son courage.
Sur ses tendres enfans, toutefois, les adieux (2)
Ont arraché des pleurs de ses stoïques yeux :
Il s'éloigna, long-temps regardant en arrière.
L'épopée a suivi sa féconde carrière :

Elle dit ses travaux, ses traités, ses exploits,
Son roi désabusé, Valence sous ses lois.

A côté, cependant, et depuis bien des lustres, L'autre Espagne abondait en poëtes illustres, Aux sommets où du Pinde on retrouve les fruits, Profusément offerts, mais rarement produits : Rois, princes et visirs donnent partout l'exemple. Des ministres du fisc 2, des orateurs du temple 3, Alimes, ulemas 5, alcaides 6, alfakis”, Trouvent dans l'art des vers nouveaux titres acquis. C'est peu que la bonté s'unisse à la vaillance,

Et l'adresse à la force, et l'épée à la lance,

3

1 Le recueil des vers faits par les princes de la maison régnante forma déjà un grand ouvrage sous le troisième Ommiade espagnol.

2 Amer-ben-Ali, sous le deuxième roi musulman, poëte célèbre, et Cadim al-Maüt, c'est-à-dire intendant des héritages du fisc; le souverain, comme père de tous, était l'héritier de ceux qui n'en laissaient point d'immédiats.

3 Abul-Kasim, poëte et prédicateur renommé sous Almo

Hondir.

4 Savans. 5 Prêtres. 6 Commandans. 7 Docteurs.

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