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PRÉFACE

J'ai entrepris un travail qui paraitra futile à beaucoup de monde et, peut-être, impertinent à plusieurs. Bien des gens diront qu'ils n'avaient que faire de l'histoire de ma famille, et qu'il faut être pourvu d'une bonne dose de fatuité pour s'imaginer qu'on perdra son temps à lire un ouvrage, dont on aurait fort bien pu se passer, attendu qu'il n'importe à personne.

A ceux qui parlent et agissent sans réflexion ces reproches paraitront fondés. C'est à peine si l'histoire de quelqu'une de nos grandes familles serait lue. Sait-on pourquoi? C'est parce que les évènements qu'elle rapporterait seraient déjà connus de la plupart des lecteurs, et que ceux qui resteraient en dehors du cadre historique seraient d'un médiocre intérêt parce qu'ils retraceraient des faits et une manière de vivre particuliers à certaine caste. Que sera-ce donc s'il s'agit d'une famille qui n'a, et ne peut avoir, de prétention à se faire distinguer?

Mais il ne faut pas considérer mon œuvre sous ce point de vue. Quelque simple que soit le récit qui va suivre, et à raison des renseignements qu'il contient, il s'adresse à une classe nombreuse, j'oserai même dire au pays presque tout entier. Il intéresse la bourgeoisie aussi bien que le peuple, dans les rangs duquel elle se

recrute continuellement. Il intéresse la noblesse non titrée, les simples gentilhommes qui se rapprochaient tant de la bourgeoisie et s'alliaient si souvent avec elle. La classe moyenne surtout est celle qu'elle concerne plus particulièrement, et c'est pour elle que j'écris. Toute famille bourgeoise, ayant quelque ancienneté, est sure de trouver ici l'histoire de ses ancêtres, car, à à part quelques différences résultant de l'inégalité des fortunes, le fond sera partout à peu près le même. Sauf quelques florins de plus ou de moins constitués en dot aux filles, des joyaux plus ou moins riches, des robes d'un drap plus ou moins fin, tout le reste sera pareil. Mœurs, usages, coutumes, superstitions, rien ne sera particulier à une race; car, pas plus alors qu'aujourd'hui, une famille quelconque ne pouvait se flatter d'avoir quelque trait caractéristique qui put la faire sortir de l'inflexible niveau d'égalité qui pesait sur toutes les têtes. Je crois, au demeurant, qu'il en a été ainsi dans tous les pays et dans toutes les conditions. Nobles, bourgeois, paysans, ont toujours vécu chacun dans un milieu commun, de telle sorte que, dans chaque condition, l'histoire de l'un est bien réellement l'histoire de l'autre. Les rares exceptions à cette règle, s'il en existe, ne se rencontrent que dans les faits et gestes de l'ordre équestre, et encore la singularité qui peut se rattacher au nom de quelques individus de cet ordre, n'est due qu'à leur haute position, ainsi qu'à leur fortune, qui leur permettaient de mettre en évidence leur personnalité. Mais,

à part ces exceptions que la constitution de la société rendait possibles, il ne reste rien de particulier.

Ainsi qu'on ne se hâte pas de me blamer. Qu'on lise cet ouvrage, et qu'on le juge ensuite; c'est tout ce que je demande. S'il contient quelques remarques curieuses quelques détails intéressants; s'il fait connaître les usages de la société dans laquelle nos devanciers ont vécu, il aura atteint son but. Qu'importe qu'il prenne ses exemples dans les actes de mes ancêtres ?

On ne me fera pas l'injure de penser que j'ai écrit par vaine gloire. Mon origine n'est pas de celles dont on puisse se vanter, et, sauf des sentiments d'honneur et de probité dont j'ai hérité de mes pères, rien ne m'autorise à avoir des prétentions qui, d'ailleurs, seraient fort mal venues. Qu'on apporte donc à la lecture de mon œuvre la droiture et la simplicité que j'ai mises à la

composer.

Encore un mot et j'ai fini ce préambule. Je n'ai pas la prétention d'inspirer une foi aveugle à ceux qui voudront bien me lire, mais j'affirme qu'on peut croire à la vérité des faits que je vais raconter. Ils sont pris exclusivement dans des actes notariés dont j'ai des copies. Jamais on n'écrivit l'histoire sur des documents plus authentiques, plus certains et plus véridiques.

CHAPITRE PREMIER

DE L'ORIGINE DU NOM D'ARNAUD

Ad recognoscendos singulos nomina comparata publico consensu. (Cod. de ingenuis manumissis).

Notre nom propre, c'est nous-même.
(EUSEBE SALVERTE)

SOMMAIRE

4. Usage du nom.

2. Sa définition.

3. L'invention du nom est liée à l'usage de la parole.

-

4. Manières dont les noms furent imposés. Des enfants. 5. De l'homme à l'âge viril.

6. Dans l'origine, tous les noms ont eu une signification.

7. En général, l'enfant prenait le nom de son père.

8. Epoque où le surnom commença à être en usage.

9. L'imposition d'un nom à l'enfant fut accompagné de cérémonies religieuses.

10. Règles à suivre dans l'imposition des noms.

11. Exceptions qui y furent faites selon la Roque.

12. Ces exceptions n'ont jamais existé.

13. Défaut de prudence dans l'imposition des noms.

14. Distinction entre le nom propre et le surnom.

15. Epoque où l'on adopta des surnoms dans les classes inférieures.

16. Comment se formèrent les surnoms.

17. Inconvénients du défaut de fixité dans les noms.

18. Des changements de noms, ils sont dangereux et blâmables. 19. Un nom ne peut être imputé à déshonneur.

20. Origines des noms.

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