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51. Des éléments

Deleau, Delarivière, Delamare,

Desmarets, Doutreleau, etc.;

52. Des astres: Solis, Luna, Létoile, Dujour;

53. Des pierres précieuses: Emeraude, Rubis ; 54. Des métaux: Delor, Montdor, Montdori, Étain, Plomb;

55. Ainsi, il y a des noms d'église Chapelle, Moustier, Desmoustier, Lhopital;

56. Des noms d'ajustements : Braverie, Gentil, Paré ; 57. D'instruments et de meubles : Spada, Épée, Canon, Lancy, Martel, Bourdon, Lachaise, etc. ;

58. D'habits Chaperon, Collet, Capelle, Bonnet, Soulier, Chapdelaine ;

59. On voit aussi des noms tirés des ustensiles : comme Chaudron, Chaudière, Pot;

60. On se sert pareillement du blé et autres grains pour des noms Froment, Fromentin, Avoine, Orge, Graindorge, Blaru, Millet, Legrin ;

61. Les actions en ont même produit, ce qui se prouve, de Baillehache, Lebouleur, Portefaix, Taillebois, Taillefer;

62. On en a tiré des arbres et des plantes: Crequier, Rosier, Pommier, Prunier, Perier, Noyer, Nogaret, Laforêt, Lasaussaye, etc.;

63. Des noms de fleurs Rose, Dulis, Marguerie, Marquetel, Florie, Malortie;

64. Il y a des noms de fruits Orange, Grenade, Oliva, Laprune ;

65. Des noms d'animaux; Dulion, Lecerf, Labiche, Loup, Louvet, Desursins, Leboeuf, Lane, Lemouton, etc. 66. Des noms d'oiseau Laigle, Lagrue, Faucon, Corbin, Lecoq, Poussin, Lacaille, Cauvet, Cauvin, etc.;

67. Ainsi l'on remarque des noms de poisson : Dauphin, Chabot, Luce, Lucy, Bar, etc.;

68. Enfin, on s'est servi jusque des insectes pour en tirer des noms comme Abeille, Lamouche, Papillon, Cigale, Souris1, Rat, et autres qui vont à l'infini.

69. Telles sont les notions sur l'origine des noms en général. Avec leur aide il en est peu dont on ne puisse connaitre la signification, car, ainsi que le dit Mézeray, celui qui voudra examiner tous ces chefs séparément, avouera qu'il s'en peut rarement trouver d'autres. Cependant il y a des exceptions et même assez nombreuses. Il en est sur lesquels les conjectures ne sont pas permises et qui, je le crains bien, se refuseront constamment à toute investigation. Est-ce, comme dit la Roque, parce qu'ils ont été donnés au hasard et qu'ils ne représentent point la qualité du sujet? Je ne le crois pas. Quoiqu'il en soit, il en est bon nombre dont il est difficile, pour ne pas dire impossible de trouver la signification, perdue qu'elle est dans la nuit des temps. Car, dans l'origine, tous ont signifié quelque chose. J'arrive maintenant à mon sujet.

70. J'ai vainement recherché l'étymologie de mon nom dans l'étude des langues de l'Europe méridionale, car c'est là évidemment que je devais la trouver, si elle existe quelque part. Il m'est impossible, et cela par des motifs étrangers à toute fausse honte, de prendre au sérieux l'impertinente signification que du Cange y attache dans son glossaire. Je dois cependant en dire un mot, ne fut-ce que pour éviter cette peine à d'autres.

Cette signification, je le dis en toute humilité, est médiocrement satisfaisante pour ceux qui portent le Sic. La Roque, chap. 1, p. 14.

même nom patronymique que moi. Je les surprendrai beaucoup en leur apprenant que le glossaire dont j'ai parlé y attache une idée flétrissante. C'est un désagrément que quelques-uns d'entr'eux trouveront difficile à supporter. Mais qu'ils se consolent! Un malheur divisé devient léger, et nous sommes nombreux! Si la chose en valait la peine, je leur ferai voir qu'ils sont en bonne compagnie.

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71. Dùt notre amour propre en souffrir, voici comment s'exprime le glossaire : « Arnaldus, Arnoldus, ganco, nebulo, homo nihili, scortator. En français, débauché, coquin, homme sans aveu. Il rapporte les passages suivants des anciens statuts de deux villes italiennes, qui ont évidemment pris la partie pour le tout, en ce sens qu'ils ont attribué à tous ceux portant le nom d'Arnaud ce qui était, sans doute, le fait de quelques-uns d'entreux. «Non debeant emere vel reducere aliquos fructus, nec aliqua ligna ab aliqua persona ignota, soldato, meretrice, Arnaldo vel Ribaldo, sub pæna solidorum IX pro quolibet et qualibet vice. »

L'autre statut contient la disposition suivante: non fiat, nec teneatur aliqua barateria ludi taxillorum..... in aliquibus contratis nec parrochiis, nec domibus civitatis et confiniorum cumarum per aliquos stipendarios, baraterios, Arnoldos, etc. » et le glossateur d'ajouter « hinc nostris Arnauder, Arnaldorum more agere, molestiam inferre, vexare. »

Il rapporte le passage suivant : « Jehan des Roches dit à Jean Courtois, tu me vas arnaudant, comme tu fis hier mon père, que tu affolas. »

C'est déjà beaucoup de voir son nom associé à celui de Ribaud; mais ce qu'il y a de pire, car on se console

encore de passer pour libertin, tout le monde ne pouvant pas l'être, c'est que notre auteur se demande si ce ne serait pas de là qu'on appellerait hernoux un mari complaisant, et il cite à ce sujet trois vers d'un ancien poëme français composé par je ne sais qui :

Hélas dolent, et que feray,
Pour ly de tous gabbé seray,
Et sire hernoux aussi clamé 1.

Enfin, dans le glossaire français, il est dit au mot Arnauder: chercher querelle, tourmenter quelqu'un ; du nom d'Arnaud, qui a signifié un débauché, un coquin, un homme sans aveu ?.

A coup sûr, de tous ceux qui portent ce nom réprouvé, et ils sont nombreux en France, surtout dans le Midi, pas un ne se serait douté de l'ignoble sens qu'on y attachait jadis. Moi-même, lorsque j'ai ouvert du Cange pour la première fois, j'en suis resté tout confus. Une chose néanmoins m'a consolé; c'est que du Cange ne s'est pas rendu coupable de cette énormité; c'est son continuateur Carpentier dont, malgré toute la science, je récuse l'autorité.

72. Cependant, ainsi qu'il y a des remèdes pour tous les maux, des lénitifs pour toutes les douleurs, le savant du Cange donne un dédommagement à mon amour propre froissé. L'antidote se trouve à côté du poison. Compensant amplement la brutalité de son continuateur, il attribue à mon nom une origine beaucoup plus élevée. Des hauteurs où il nous a placés, nous pauvres Arnauds si humiliés, nous pouvons répondre par le dédain à nos misérables détracteurs, et les Du Cange, gloss., sup. Vo Arnaldus. 2 Ibid. gloss. franç. Vo Arnauder.

accabler du poids de notre supériorité. Voici le passage de Ducange:

«Arno. Belgis idem quod aquila. Hine Arno seu Arnoldus elnonensis abbas, deinde saltzburgensis archiepiscopus apud alcuinum epist. 34 et 104, aquila vocitatur. Prior ita inscribitur: aquilœ antistiti albinus; posterior vero dulcissimo fratri et sanctissimo prosuli aquilo. Hinc factum, inquit Mabillo, in actis ss. Benedict. sæc. 4, part. 1, pag. 64, ut ad annum 714. Scripserim aquilam hunc distinguendum esse ab Arnone. Quem locum cum ligisset vir doctus domnus Landoaldus de Kimpen, monachus elnonensis, amicus meus, monuit me sibi videri aquilam non alium esse ab Arnone. Germanicum seu flaudricum nomen esse Arnout; ex quo ducta synomina Arnulphus, Arnoldus et Arno seu Arnonus; addita aspiratione germanis et flaudris familiari, fieri harent: quæ vox aquilam significat. Similia habet Molanus ad diem 16 Augusti, ubi des Arnulpho. Hic aliis que consideratis addutus sum, ut credam Arnonem et aquilam unius et ejusdem esse nomen duplex, alterum Germanicum, alterum Latine redditum pro moræ illius ætatis. Rem firmant aelfricus in glossario, et sonnerus in dictionario anglo-saxonico, quibus earn aquilam significat1. »

Notre nom est donc synonime de celui de l'aigle, l'oiseau de Jupiter celui que les Romains portèrent sur leurs piques triomphantes; celui qui décore les enseignes des puissants souverains de Russie, d'Autriche et de Prusse; celui que Napoléon promena par le monde et qui, lors de sa chûte, remonta vers les cieux.

Du Cange, gloss. Vo Arno.

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