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CHAPITRE II.

DES SIGNES D'ÉCRITURE.

la

Les signes d'écriture sont au nombre de sept, savoir les accens, les signes de ponctuation, cédille, l'apostrophe, le trait-d'union, le tréma et la parenthèse. Nous allons les parcourir successivement et en faire connaître l'emploi.

Accens : il y en a de trois sortes, savoir : l'aigu ('); le grave ('), et le circonflexe (^).

L'accent aigu se place sur les e; exemple: vérité; les e ainsi accentués prennent le nom de e fermés.

L'accent grave se place aussi sur les e; exemple: procès. Les e ainsi accentués prennent le nom de e ouverts. On le met aussi sur le a de la locution: à Paris et autres de même genre pour le distinguer du a de la locution il a. Nous verrons plus tard que le a du premier exemple est une préposition et que le a du second est une inflexion verbale.

L'accent circonflexe se place sur toutes les voyelles; exemple ; pâle, téte, gîte, côte, flûte1. Tous ces accens dénotent l'insuffisance de notre alphabet. Nous tourmentons toutes nos voyelles en les surchargeant de signes, et tout cela pour leur faire représenter des voix qu'elles ne sont pas

Un e sans accent s'appelle e muet. Ainsi les derniers e des mots pale, téte, gite, etc., sont des e muets.

destinées à peindre et qui devraient avoir dans l'alphabet des lettres distinctes; ces accens sont une espèce de manteau dont nous nous servons pour couvrir notre misère1.

Signes de ponctuation. Il y en a de huit sortes, savoir: la virgule (,), le point et virgule (;), les deux points ( : ), le point (.), le point d'interrogation (?), le point d'admiration (!), les points suspensifs (....) et les guillemets ( » ),

Voici sur quoi est fondé le système de la ponc tuation,

On sent la nécessité qu'il y a en parlant de faire des pauses, et de donner à ses paroles des inflexions diverses, afin que d'une part on ne coure pas le risque de s'époumoner, et de l'autre celui un peu moins grand de ne pas se faire comprendre. Or, l'écriture n'étant que la représentation de la langue parlée, il est clair que de même qu'on a représenté les voix et les articulations par des lettres, il était nécessaire de représenter aussi les pauses et les inflexions par des signes particuliers.

La virgule indique la simple séparation des

Dans la langue grecque, il y a des lettres particulières pour les voyelles longues et les voyelles brèves. Ainsi le premier e du mot béte eût été représenté en grec par une lettre différente de celle qu'on aurait employée pour peindre le deuxième, et qu'on ne croie pas que cela jette quelque confusion dans le système d'écriture: il y gagne au contraire en clarté et en précision.

membres d'une phrase, c'est la plus petite pause; exemple:

L'homme s'agite, et Dieu le mène. ( Fénélon. ) Dieu, l'homme, la nature, voilà les trois grands objets de l'étude de la philosophie. (D'Alembert.)

Quand nous sommes las d'aimer, nous sommes bien aises qu'on nous devienne infidèle, pour nous dégager de notre fidélité. (La Rochefoucauld.)

Le point et virgule indique une pause un peu plus grande, le sens commence à se former, ex. :

On peut être philosophe pour le public; on est toujours homme pour soi. (Massillon.)

Le mépris est une pillule qu'on peut avaler; mais qu'on ne peut mâcher sans grimaces. (Molière.)

Le mot hasard est un blasphème; rien sous le soleil n'arrive par hasard. (Lessing. )

Les deux points indiquent une pause encore plus forte; la phrase est presque finie, elle n'a plus besoin que d'un développement, exemple:

Les femmes sont des combattans toujours occupés de leurs armes : la toilette. ( Boiste.)

Nul ne mérite d'être loué de sa bonté s'il n'a pas la force d'étre méchant: toute autre bonté n'est souvent que paresse ou impuissance. (La Rochefoucauld.)

On ne doit pas quitter son poste sans la per

mission de celui qui commande: le poste de l'homme est la vie. (Pythagore.)

On se sert aussi des deux points pour indiquer une citation qu'on va faire, exemple:

Newton a dit : « la vraie philosophie n'est autre chose que l'étude de la mort. »

Le point est le signe qui clôture la phrase. C'est la plus forte pause. Je n'ai pas besoin de citer des exemples particuliers pour en montrer l'emploi. Les phrases précédentes suffiront: elles sont terminées par des points comme toutes celles qu'on peut créer et combiner à l'infini.

Voilà tous les signes qui concernent les pauses; ceux que nous allons parcourir ont trait aux inflexions de la voix.

Lorsque la phrase est interrogative le point se change en point d'interrogation. La phrase ainsi ponctuée doit être prononcée d'un ton de voix. qui indique qu'on interroge, qu'on désire avoir une réponse; exemple: la résignation consiste-telle á croiser les bras, à subir sans résistance la violence et la honte? (Lessing. )

Lorsque la phrase est admirative le point se change en point d'admiration; èxemple : quel champ de méditations que la seule vue de cette Grande-Bretagne qu'Auguste ne jugeait pas digne d'une conquête ! (Loève-Veimars.)

La phrase ainsi ponctuée doit être prononcée

avec une certaine emphase qui indique que l'esprit est frappé de quelque considération importante, de quelque lumière soudaine 1.

Les points suspensifs servent à indiquer qu'on ne veut pas donner plus de développement à une pensée qu'on a commencé à exprimer; exemple: Si je...... mais j'ai l'ame trop bonne.

Allez, dit-il, je vous pardonne. (Scarron.) Les guillemets se placent avant le premier et après le dernier mot d'une citation un peu longne pour éviter qu'on ne la confonde avec le texte. On peut même les mettre au commencement de toutes les lignes de la citation pour la distinguer encore mieux; exemple:

le

Thersite fut le plus mal fait, le plus lâche, plus ridicule de tous les Grecs. Homère a rendu les défauts de ce Grec si célèbres et si connus, que les anciens ont souvent dit un Thersite pour un homme difforme, pour un homme méprisable. C'est dans ce dernier sens que La Bruyère a dit: « Jetez-moi dans les troupes comme un simple

Les Espagnols se servent des points interrogatifs et admiratifs d'une manière qui devrait être imitée. Ils les placent non-seulement au bout des phrases qui les réclament, mais encore au commencement; de sorte que celui qui lit est averti à tems de l'iuflexion qu'il doit donner à sa voix en prononçant une de ces phrases. On renverse le signe initial pour qu'à la lecture, il ne soit pas appliqué, par erreur, à la phrase précédente. Exemple : ¡ La résignation consiste-t-elle, etc. ! ¡ Quel champ de méditations que, etc./

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