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n'a été connue des Chinois et des Japonais que dans ces derniers temps. De même la Manne des Hébreux, dont il est fait mention dans l'Exode chap. XVI et dans le livre des Nombres, est restée inconnue aux Chinois et aux Japonais, du moins en partie. (1)

5.-EAU DE LA LUNE.

Mei-sui. TSUKI-NO-MIDZU, Syn. Getsu-sui, pron. Gesui. Pour obtenir cette eau, on laisse tomber les rayons de la lune, lorsqu'elle est dans son plein, sur un miroir métallique ou en cristal, et on recueille avec soin de temps en temps l'eau qui s'est condensée à sa surface. Cette eau céleste et féminine par excellence est recommandée pour l'usage externe dans les inflammations d'yeux et pour l'usage interne dans plusieurs maladies du cerveau, spécialement la frénésie, dans les fièvres chaudes des enfants et dans tous les cas où l'on doit combattre l'action trop vive et trop énergique du principe mâle dans l'organisme. La philosophie chinoise considère en effet le soleil et le feu, comme les emblèmes du principe måle, dans la nature. ( Yang; japonais Yo) et la lune et l'eau comme les symboles du principe féminin (Yn; japonais In). L'auteur ajoute qu'il est bien plus facile de se procurer l'élément masculin, le feu, qu'on emprunte au soleil, au moyen d'un verre ardent, que d'obtenir de la lune l'élément féminin, l'eau.

6.-GELÉE BLANCHE.

To-so. FUYU-NO-SHIMO. Syn. Shu-go-so. Hatsu-shimo. Il faut la ramasser pendant le onzième mois, sur la limite de l'automne et de l'hiver. Elle est estimée comme un reconfor

(1) La Manne des Hébreux est probablement de deuxième origine; celle qui a été décrite dans l'Exode est la Manne de Sinaï, produite par le Tamarix mannifera; mais la Manne du livre des Nombres répond plutôt à une espèce de lichen mangeable, la Lecanora esculenta ou Lecanora affinis, qui se trouve fréquemment en grande quantité dans les déserts arides de l'Asie centrale. Comme ce lichen ne se fixe jamais au sol et qu'il croit parfaitement libre dans l'air, il est très probable que les vents en ont amené des quantités considérables et ont produit en Arabie « les pluies de Manne comme on en a observé en 1845 en Anatolie et en 1828 dans la Perse. Cf. Dr. O'Rorke.-Journal de pharmacie et de chimie 3 série. T. XXXVII, p. 412.-Goebel de Dorpat -Recherches chimiques sur une pluie tombée en Perse. Journal de Schweigger 1830. T. II, No 4, p. 393.

tant efficace après des excès, et l'on s'en sert également pour se rafraîchir le front dans les fièvres violentes.

7.-EAU DE NEIGE FONDUE.

Ro-setsu. YUKI. syn. Shiwasu-no yuki (Neige du 12me mois). Mutsu-de-bana (fleur à six rayons). Tama no-chiri et 17 autres noms en usage seulement dans la poésie. La neige qui tombe le huitième jour du 12me mois est considérée comme la meilleure pour les emplois en médecine. On la recommande comme dépuratif dans plusieurs maladies. On en fait également grand cas pour la préparation du thé et pour faire bouillir le riz.

Pendant l'été, pour prévenir les grandes sécheresses, on recommande le procédé que voici mélanger la neige, tombée pendant le 2me mois, avec le fumier des vers-à-soie, et semer ce mélange dans les champs que l'on veut protéger.

8.-GRÊLE.

On en distingue deux espèces :

A. . Hiyo. O-ARARÉ. syn. Ho. Hisamé. Les gros grêlons, qui tombent en été, pendant les orages accompagnés de tonnerre;

B.. San. ARARÉ. syn. Bei-setsu. Neige de la forme du riz bouilli.

Shoku-setsu. Ritsu-setsu. Setsu-shi, pron. Sesshi. Setsu-bai. Seki-setsu. Gin-reki. Giyoku-yei. La grêle ordinaire, ou plutôt la neige agglomérée en petits grêlons, qui tombe en hiver. Cette espèce d'eau du ciel, surtout celle des gros grêlons, est recommandée dans les maladies du cerveau, les palpitations du cœur, etc. Selon Ranzan, les grêlons d'été sont toujours beaucoup plus gros que ceux d'hiver, parce que l'air est plus condensé pendant cette première saison que pendant l'autre.

9.-GLACE.

. Ka-hiyo. NATSU-NO-KORI (glace d'été.) syn. Hi. Kori. Shiga. Sui-kotsu (os d'eau).

En l'an 374, la 62me année du règne du 17me Empereur NIN-TOKU, Son fils étant à la chasse aux environs de Tsugé

pendant le 5me mois (Juin), c'est-à-dire alors qu'il faisait déjà une chaleur considérable, trouva un bloc de glace sous les branches et les herbes arides qui couvraient un trou naturel dans le sol. Il apporta à son père ce morceau de glace soigneusement enveloppé, et celui-ci le mangea avec un grand plaisir. C'est ainsi que le fils de Nin-Toku fut l'inventeur des glacières au Japon. Il en fit construire quelques unes de la manière suivante, qui est éminemment simple: I fit creuser des trous de dix pieds de profondeur dans un sol rocailleux, les remplit de glace en hiver et recouvrit le tout avec des herbes et des feuilles. Plus tard, on se servit au Japon d'une autre méthode analogue. Des trous furent pratiqués au sommet d'une haute montagne; on les remplit de neige, au lieu de glace, et on couvrit le tout de branches et de feuilles. La neige se transforma au bout de quelque temps en une masse compacte semblable à de la glace. Les Japonais avaient plusieurs de ces glacières de neige gelée dans les environs de Kiyoto; mais, dans ces derniers temps, on les a abandonnées, et on a commencé à construire, dans les villes de Yédo, d'Osaka, etc. des glacières en bois à murailles doubles, selon le système européen.

L'eau glacée est prescrite par l'auteur chinois dans les fièvres, le choléra-morbus, etc. Mélangée avec un peu de « Saké (eau-de-vie de riz), la glace sert de cordial et de reconfortant pour les excès de table et autres auxquels on se livre pendant les grandes fêtes.

10.-EAU DE BAMBOU.

. Shin-sui. TAKE-NO-NAKA-NO-MIDZU.

L'auteur nous dit qu'il y a de l'eau dans le tissu intérieur du bambou, quand il a plu le 5me jour du 5me mois, mais qu'on en trouve rarement dans le cas contraire. On donne encore ce nom de Shin-sui à plusieurs autres remèdes composés qui ne doivent pas être confondus avec l'eau de bambou. Cette dernière est recommandée dans les maladies des membranes pituitaires. Mêlée avec du fiel de loutre, elle est aussi prescrite contre les vers des viscères.

11.-EAU CONTENUE DANS LES CAVITÉS DES VIEUX BAMBOUS OU DANS LES ARBRES CREUX.-EAU DE LA VOIE LACTÉE.

.

Han-ten-ka.

TAKE-KI-NO-UTSUWO-NO-TAMARIMIDZU. syn. Ten-ka-sui (Eau de la voie lactée). Jo-chi-sui. Il parait que les Chinois croient que l'eau qui se trouve dans les cavités des vieux arbres est produite par la voie lactée. L'origine céleste que l'on attribue à cette eau suffit à la faire considérer par les Chinois comme un excellent remède, surtout quand on la recueille dans les cavités des vieux troncs du Sophore du Japon (Yen-ju). On la recommande alors dans les fièvres typhoïdes et la dyssenterie.

12.-EAU QUI A COULÉ AUX TRAVERS DES VIEUX TOITS. E. Oku-ro-sui. YANÉ-NO-MORI-MIDZU. Syn. Amamori Yamori-midzu.

Cette cau d'origine céleste est d'une couleur brune, d'un gout amer et a la réputation d'être très-vénéneuse. Mélangée d'eau ordinaire, elle est donnée comme antidote dans les empoisonnements mercuriels. L'auteur chinois la prescrit pour le lavage des plaies produites par la morsure des chiens enragés (hydrophobie).

Nous croyons que cette eau peut avoir effectivement des propriétés plus ou moins vénéneuses, à cause du phénol, de la créosote et d'autres carbures d'hydrogène qu'elle est susceptible de contenir. Les maisons japonaises n'ayant pas de cheminées, la fumée dépose beaucoup de matières grasses sur l'entablement des toits.

13.-EAU DE RIVIÈRE.-EAU DE FLEUVE.-EAU COURANTE.

K. Riu-sui. NAGARÉ-MIDZU. (Eau courante). Syn. Senri-sui, (Eau de mille lieues). To-riu-sui. Chori-o-sui. Kan- ransui. Ro-sui. (Eau voyageante). Cho-riu-sui. (Eau d'un long voya ge). Jun-riu-sui, (Eau obéissante). Giyaku-riu-sui. (Eau d'un torrent violent).

Les Chinois et les Japonais savent très-bien que l'eau courante dans leurs montagnes est généralement d'une grande pureté, tandis que l'eau de l'embouchure d'une rivière ne

jouit pas du tout de cette excellente propriété. Les grandes rivières en Chine, comme le Yangtzé et le Han, et plusieurs rivières au Japon ont une eau trouble, dans les endroits éloignés des sources. Leur couleur laiteuse est causée dans ces cas par une assez grande quantité de petites particules d'argile en suspension. On peut la clarifier aisément au moyen d'une très faible quantité d'alun et par le repos.

Les Chinois disent que l'eau prise près de l'embouchure du Yangtszé supérieur cause des écrouelles, quand on la boit. Les Japonais ne boivent jamais l'eau d'une rivière près de son embouchure, mais celle des ruisseaux coulant à travers les rochers; et celles des petites rivières dans les montagnes est regardée comme bien meilleure encore que l'eau des puits. C'est pour cette raison que l'on trouve souvent dans les campagnes des petits conduits en bambou, au moyen desqueis on dirige l'eau des rochers jusqu'aux maisons de thé et aux auberges. Les prêtres ont enjoint autant que possible de se procurer des eaux coulant sur un sol rocailleux : ils les amènent dans les bassins purifiants situés auprès des temples. Quelques-unes de «ces eaux saintes» ont même acquis une certaine célébrité à cause de leur pureté; tel est le cas de l'eau du temple de Kiyo-midzu à Kiyoto. Nous avons constaté que cette eau est effectivement d'une pureté et d'une clarté extrèmes. Nous n'avons pas besoin de faire l'énumération des nombreuses maladies dans lesquelles on attribue de bons résultats à l'usage interne et externe de plusieurs de ces eaux purifiantes.» Les prêtres bouddiques ont eu soin de n'oublier presqu'aucune affection, et de vanter l'eau de leurs temples comme le meileur remède, comme une sorte de panacée universelle.

14.-EAU DES PUITS.

#. I-sen-sui. I-NO-MIDZU. Syn. Ido-midzu. Kansen. Les indigènes savent, en général, très-bien apprécier la qualité de leurs eaux de puits, quoiqu'ils n'aient pas de connaissances chimiques. Tout le monde peut se rendre compte des qualités nécessaires qui constituent une eau bonne et salubre. On n'a qu'à observer si elle est parfaitement claire, sans cou

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