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formaient la bordure de la tunique et du manteau. D'une main le saint brandissait une épée d'argent; de l'autre, il tenait un livre revêtu d'émaux. Une couronne royale, rehaussée de perles rares, ceignait son front. La tiare de Pierre étincelait de pierreries. On déposa en grand apparat les chefs des apôtres dans les nouveaux reliquaires et le tout fut placé sous le ciborium. En cette circonstance Urbain V dépensa 30.000 florins, et les reines de France, de Navarre et de Naples prirent à leur charge une part des frais'.

Le chapitre des aumônes pontificales est loin d'être épuisé. Mentionnons seulement les secours aux malades des hôpitaux d'Avignon, les subsides aux étudiants pour leur permettre de se procurer des livres, les dots constituées à des jeunes filles peu fortunées, les dons faits aux prisonniers, les sommes d'argent énormes consacrées aux missions et à la croisade.

D'ailleurs, plus que tout autre fait, les chiffres prouvent la générosité des papes avignonnais. Chaque année Jean XXII dépensait en aumônes une moyenne de plus de 16.000 florins, de 960.000 à 1.200.000 francs. Ses libéralités, dans le relevé de comptes de son pontificat, occupaient le troisième rang et représentaient 7,16 % de ses dépenses totales2. Louis Sanctus de Beeringen, un ami de Pétrarque, raconte que, sous Clément VI, la Pignotte distribuait chaque jour 64 saumates de blé. Comme il a soin de noter que chaque saumate fournissait de quoi cuire cinq cents pains, le total des pains répartis aux pauvres s'élève journellement à 32.0003.

1. M. CHAILLAN, Le bienheureux Urbain V, p. 174-176 et BALUZE, Vitae, t. I, col. 390.

2. SCHÄFER, Die Ausgaben, p. 35* -37*.

3. DE SMET, Recueil des chroniques de Flandre, Bruxelles, 1856, t. III, p. 17.

LES PAPES D'AVIGNON.

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CHAPITRE II

LA FISCALITÉ PONTIFICALE.

Afin de pourvoir à l'entretien de leur cour et aux autres dépenses exigées par leur action politique ou religieuse les papes durent se créer des ressources considérables. Ils se les procurèrent principalement en créant des impôts sur les bénéfices ecclésiastiques. Ces impôts peuvent se répartir en deux catégories : ceux qui

BIBLIOGRAPHIE.

- Sources. Voir supra, p. 10-12. MONOGRAPHIES. — E. GÖLLER, Die Einnahmen, etc. L'introduction contient une excellente étude sur les taxes pontificales. G. MOLLAT et CH. SAMARAN, La Fiscalité pontificale. J. DoizÉ, Les finances du Saint-Siège au temps d'Avignon dans les Etudes, t. CXI (1907), p. 467484, 639-654. E. HENNIG, Die päpstlichen Zehnten aus Deutschland im Zeitalter des avignonesischen Papsttums und während des grossen Schismas, Halle, 1909. A. CLERGEAC, La curie et les bénéfices consistoriaux. Etude sur les communs et menus services 1300-1600, Paris, 1911. - J. B. SÄGMÜLLER, Die Visitatio liminum SS. Apostolorum bis Bonifaz VIII, dans Theologische Quartalschrift, t. LXXXII (1900), p. 69-117. P. FABRE, Etude sur le Liber censuum de l'Eglise Romaine, Paris, 1892. J. HALLER, Papsttum und Kirchenreform, Berlin, 1903, t. [er. E. GÖLLER, Der liber taxarum der päpstlichen Kammer, eine Studie über seine Entstehung und Anlage, Rome, 1905. 0. JENSEN, Der englische Peterspfennig und die Lehenssteuer aus England und Irland an den Papsistuhl im Mittelalter, Heidelberg, 1903. C. DAUX, Le denier de. Saint-Pierre; ses origines; ses raisons et convenances, Paris, 1907 — U. BERLIÈRE, Inventaire analytique des libri Obligationum et Solutionum, Paris, 1904. - J. P. KIRSCH, L'administration des finances pontificales au XIV• siècle dans RHE, t. I(1900), p. 274-296; Die Verwal tung der Annaten unter Clemens VI. dans Römische Quartalschrift, t. XVI (1902), p. 125-151. licæ sæculo XIII, Rennes, 1909. -E. JORDAN, De mercatoribus Cameræ Aposto

étaient payés directement par les contribuables au siège de la curie; ceux qui étaient levés sur place par les agents du fisc pontical.

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A.-Les services communs (servitia communia). On appelait ainsi les droits acquittés par les évêques et les abbés à la Chambre Apostolique à l'occasion de leur nomination directe, de la confirmation de leur élection, de leur consécration, de leur translation à un autre siège ou à une autre abbaye par le souverain pontife.

De simple don gracieux et facultatif, le service commun devint, à une époque antérieure à la moitié du XIII° siècle, une taxe obligatoire et équivalant, dès Boniface VIII, au tiers du revenu annuel des menses épiscopales ou abbatiales. A partir du 23 décembre 1334 la Chambre Apostolique et la Chambre du SacréCollège se la partagèrent définitivement par moitié.

Au paiement de cette taxe n'étaient assujettis que les prélats dont les évêchés et les abbayes rapportaient des revenus supérieurs à cent florins d'or et avaient été frappés de réserves spéciales ou générales. En pratique, bien peu y échappèrent, tant les papes d'Avignon étendirent leur droit de réserve.

En

B. Les menus services (servitia minuta). plus des services communs, les nouveaux évêques et abbés payaient obligatoirement des menus services, dons ou gratifications au personnel de la cour et aux familiers des cardinaux. Au XIVe siècle, les menus services étaient au nombre de cinq. Chacun d'eux équivalait à la part des services communs que recevait tout cardinal présent à la curie; d'où il s'ensuivait que le

taux en était d'autant plus élevé que le nombre des cardinaux présents à la curie était moins grand.

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C. La sacra, le subdiaconum et droits de quittance. A l'occasion de leur consécration ou de leur bénédiction à la cour pontificale les évêques et les abbés acquittaient certains droits : la sacra ou cadeau de consécration, représentant le vingtième de la taxe totale des services communs et partagé entre le Camérier, les clercs de la Chambre et les sergents d'armes; le subdiaconum, dévolu exclusivement aux sous-diacres du pape et calculé au tiers de la sacra; des droits de quittance proportionnels aux diverses sommes d'argent versées tant à la Chambre Apostolique qu'à celle des cardinaux.

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D. Droits de chancellerie exigés pour l'expédition des lettres de grâce et de justice, leur scellement (emolumentum bulla) et leur enregistrement. Le tarif des honoraires des scribes, des abréviateurs et des registreurs, d'abord fixé par Jean XXII dans les constitutions Cum ad sacrosanctae (10 décembre 1316) et Pater familias (16 novembre 1331), subit quelques modifications sous les papes suivants et prit place dans le manuel en usage à la chancellerie, dans le Liber taxarum cancellariæ1.

E. Visites ad limina (visitationes ad limina). On donnait le nom de visites ad limina non seulement aux pèlerinages effectués aux tombeaux des apôtres Pierre et Paul à Rome, mais encore aux redevances payables primitivement à cette occasion.

Ces redevances étaient strictement exigibles au moment des visites que certains évêques et abbés faisaient obligatoirement à la curie, à des intervalles réguliers et bien déterminés. Sur autorisation spéciale elles

1. Voyez supra, p. 317-325.

pouvaient être transmises à la cour pontificale par des procureurs.

F. Droits de pallium, « sommes peu importantes payées pour l'expédition des bulles par lesquelles le pape conférait le pallium ».

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G. Les cens des royaumes vassaux de l'Église Romaine. Le royaume de Naples payait annuellement 8.000 onces d'or, la Sicile (Trinacrie) 3.000 onces d'or, l'Aragon 2.000 marcs sterling d'argent pour la Corse et la Sardaigne, le roi d'Angleterre 700 marcs sterling d'argent pour l'Angleterre et 300 pour l'Irlande.

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H. Legs et dons spontanés faits aux papes, succession des gens morts intestats à la cour pontificale.

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1. Amendes auxquelles les tribunaux pontificaux condamnaient les clercs ou les laïcs ayant commis quelque délit; sommes d'argent provenant des commutations de vœux et des pénitences imposées par les pénitenciers; droits de monnayage; revenus de l'évêché d'Avignon tenu en commende par les papes; autres menus gains.

$ 2.

Les impôts levés dans le pays même des contribuables par les agents de la curie.

Plus importantes, plus nombreuses, plus lourdes étaient les taxes levées sur place, dans le pays même des contribuables, primitivement par des envoyés extraordinaires, et ensuite par des fonctionnaires spéciaux appelés collecteurs (collectores). On comptait sept espèces de taxes de ce genre: les décimes, les annates, les procurations, le droit de dépouilles, les subsides caritatifs, les cens, les vacants.

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