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dérable qui exigera certainement, pour être menée à bonne fin, le travail continu de plusieurs générations. Sous le titre de Documents pour servir à l'histoire de la ville de SaintQuentin et de l'ancienne province de Vermandois, notre Compagnie a entrepris de mettre au jour les pièces les plus intéressantes qui se trouvent conservées dans nos archives communales et dont la longue série s'étend du XIIe siècle à la Révolution. Nous avons trouvé dans l'Administration et dans le Conseil municipal de SaintQuentin un appui sympathique et une aide efficace pour lesquels je dois exprimer ici la reconnaissance de notre Société.

Voilà, Messieurs, le genre d'études qui doit surtout solliciter notre activité, car il est le plus directement utile, et il ne peut être cultivé avec succès que par les savants du pays. Pour y réussir, il suffit d'une grande patience et d'un amour ardent et absolu de la vérité, et ce sont là des qualités que peut posséder tout homme laborieux et de bonne foi.

Mais, nous ne devons pas nous interdire tous autres travaux, et la philosophie, les sciences, les œuvres d'imagination, l'histoire de l'art ne sont pas écartées par nous : notre concours de poésie, qui remonte à 1826, montre assez, d'ailleurs, que loin d'approuver Platon, nous ne voulons pas bannir les poètes de notre République. Aussi, nous ne passerons pas sous silence une publication remarquable, inspirée par un sentiment élevé de l'art et par une admiration profonde pour l'un des grands artistes du siècle dernier, que notre ville et les amis de tout ce qui est éternellement jeune et beau, devront à l'initiative de l'un de nos confrères. M. A. Patoux a entrepris, avec la collaboration d'un graveur distingué, M. Lalauze, de reproduire par l'eau-forte la série des 80 pastels de M.-Q. De Latour,

que possède le Musée de notre ville. Nous avons la ferme confiance que cette œuvre artistique, digne d'ètre placée à côté des plus beaux livres de notre époque, recevra des admirateurs du grand peintre saint-quentinois l'accueil qu'elle mérite.

Notre Société s'est toujours intéressée aux progrès de l'instruction populaire et nos Cours d'adultes, qui fonctionnent sans interruption depuis 1864, ont rendu et continuent de rendre de réels services dont tout l'honneur revient à MM. les Professeurs. MM. Black-Tonnoir, Pierre Bénard, Delavenne et Jamart sont d'infatigables pionniers chez lesquels le dévouement à la grande cause de l'instruction populaire n'a d'égal que le désintéressement. Avec eux, je dois remercier, au nom de tous, ceux de nos confrères qui, au commencement de cette année, ont fait des conférences publiques : l'empressement de nos concitoyens, la faveur universelle qui les a accueillies nous font un devoir de continuer ces réunions littéraires et scientifiques, car elles répondent à ce désir universel d'apprendre et de savoir, symptôme excellent et de nature, en dépit de bien des espérances déçues, à nous donner confiance encore dans l'avenir de notre pays.

J'aurais fini, Messieurs, cette trop longue allocution, si je n'avais à saluer de nos regrets ceux des membres de notre Société que nous avons perdus depuis notre dernière. séance publique, MM. Philippy d'Estrées et Jules Lecocq, membres correspondants, Duclos et Léon Magnier, membres associés. M. Jules Lecocq, longtemps membre titulaire, nous a donné des travaux scientifiques qui ont été remarqués; M. le docteur Duclos, d'abord membre titulaire, mais que les exigences de sa profession éloignérent trop tôt de nos séances, fut le rapporteur du concours de littérature en 1874; M. Léon Magnier, entré dans

notre Société comme membre résidant en 1841, était l'un de nos doyens. Je n'ai pas à retracer ici la vie de cet homme de bien, de ce travailleur modeste qui, pendant plus de quarante années, tint la plume du journaliste et mourut sans avoir eu un ennemi. D'autres plus autorisés diront quelle place lui appartient, comme poète, dans le mouvement littéraire contemporain pour nous, nous ne voulons rappeler ici qu'une strophe, extraite presqu'au hasard du riche écrin de ses œuvres, parce qu'elle nous a semblé peindre l'homme tout entier, avec son ardent amour du bien, son esprit religieux élevé, sa foi inébranlable dans le triomphe de la justice et de la vérité :

Voici le vrai progrès, la réelle science :
Laisser libres toujours la foi, la conscience,
L'espoir en la Divinité.

Car ne l'oublions pas si la force peut vaincre,
Elle ne sait jamais éclairer et convaincre,
Ni conduire l'Humanité !

N'est-ce pas là une éloquente paraphrase des paroles de Voltaire, lorsque Franklin le pria de bénir son petit-fils : « Dieu et liberté ! s'écria le vieux philosophe en étendant les mains sur la tête de l'enfant, c'est la bénédiction qui convient au petit-fils de Monsieur Franklin! » C'est également la devise, Messieurs, à laquelle notre Société Académique est fière d'être restée fidèle depuis cinquante-sept années.

RAPPORT DE M. ALBERT CAPLAIN

SUR LE CONCOURS D'HISTOIRE LOCALE

SUJET PROPOSÉ :

Raconter la vie et apprécier les travaux d'un personnage célèbre de l'ancien Vermandois ou du département de l'Aisne.

La Commission était composée de MM. P. BENARD, LEMAIRE, JAMART, PINCHON et Albert CAPLAIN, rapporteur.

MESSIEURS,

Depuis nombre d'années déjà qu'elle a institué son concours de biographies, la Société Académique a eu bien rarement l'occasion d'être entièrement satisfaite. Ce n'est pas, vous le savez, que ses Commissions se montrent bien difficiles, et nous serions heureux s'il nous était donné de couvrir de fleurs tous les concurrents, sans exception, qui nous font l'honneur de s'adresser à nous.

S'il nous est impossible d'être moins avares des récompenses que nous décernons, c'est que les mémoires qui nous sont remis sont parfois, il faut le reconnaître, d'une trop grande insuffisance; et l'une des causes de cette insuffisance est, je le crois du moins, la façon dont se trouve compris notre programme.

Les travaux que nous voulons susciter surtout, Messieurs, sont des travaux d'histoire locale: il nous suffit que nos concurrents s'attachent à raconter la vie, à apprécier les œuvres de personnages de notoriété moyenne, même purement locale, qui sans doute n'ont point laissé sur leur siècle l'empreinte des génies puissants, mais dont le rôle plus modeste dans notre Vermandois suffit amplement pour les tirer de l'oubli.

Ce n'est pas à dire que nous excluions les travaux de plus grande importance, les biographies d'hommes célèbres, illustres même que l'histoire générale, politique ou littéraire, a pris soin de montrer à la postérité, tout resplendissants de gloire : nous serions même très fiers de pouvoir couronner de telles œuvres, s'il nous en était envoyé de bonnes. Mais nous recommandons plutôt l'étude des astres de moindre grandeur, persuadés que cette étude exige moins de connaissances, moins de temps, et moins de recherches.

concurrents

Malheureusement, beaucoup parmi nos croient devoir s'ingénier à découvrir, parmi les personnalités les plus marquantes de l'histoire générale, celles qu'un lien quelconque rattache au département de l'Aisne ou au moins à l'ancien Vermandois. Leur sujet découvert, ils se trouvent fort embarrassés pour le traiter convenablement; les documents leur font défaut, les connaissances historiques peut-être bien aussi; ils se réfugient alors dans l'histoire générale, parfois sans se donner la peine de recourir aux sources, trop longues à consulter; ils présentent enfin à la Société Académique des compilations où, sans la moindre idée originale, sans la moindre trouvaille personnelle, on rencontre quoi? Ce qui se trouve dans tous les traités d'histoire, dans tous les manuels, dans tous les dictionnaires.

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