Imágenes de páginas
PDF
EPUB

I.

Nous parlerons d'abord de la démolition du grand jubé, d'ordre ionique, en marbre de différentes nuances. En enlevant les marbres dont il était revêtu, on a trouvé des débris et des frontons feuillagés en grès. Le nouveau jubé plus petit et voûté consiste en une riche façade ornée d'arcatures et de colonnettes en pierre bleue, semblables à celles des parois de la tour. L'ancienne porte en cuivre donnée par Paul de Simonis, doyen de Saint-Paul, en 1643, a été conservée au centre, l'encadrement est surmonté de l'effigie sculptée du roi David, des armoiries de Monseigneur l'Evêque et de celles de la ville de Liége, derrière lesquelles se croisent les clefs pontificales, qui se rapportent à la belle devise inscrite au-dessus: Sancta Legia Romanæ ecclesiæ filia. Cette tribune a été rétablie plus en arrière que l'ancienne, de manière à porter à 82 mètres la longueur du vaisseau principal de l'église. Voici le dessin de la gracieuse clôture en fer forgé qui couronne l'œuvre.

[ocr errors][merged small][merged small][merged small]

les cils pratiqués dans les montants. Les brindelles en fer plat rivées aux petites traverses diagonales des

compartiments, sont soudées à leur plis médiant, de manière à en faire sortir des feuillages de deux dessins différents. L'ensemble de ce travail, très pur de style, repose agréablement le regard qui s'arrête au fond de l'incomparable nef de notre église-mère.

Le buffet des grandes orgues de l'ancien jubé a été enlevé pour être placé dans l'église des Salésiens à Liége. La partie postérieure de ce jubé était supportée par deux colonnes en marbre noir que l'on a utilisées pour appuyer le baldaquin du nouvel autel du SaintSépulcre près de celui de saint Théodore. Les murs intérieurs de la tour sont tapissés de quatre grands tableaux représentant : 1° la conversion de saint Paul; 2o l'assomption de la Sainte-Vierge; 3o la résurrection de Notre-Seigneur, par Ansiaux; 4° le martyre de saint Lambert, par Tahan.

Les statues colossales de saint Pierre et de saint Paul qui se trouvaient aux deux côtés du jubé, au fond des bas-côtés, ont disparu; les murs qu'elles dominaient ont été de part et d'autre recouverts d'arcatures en grès, sous lesquelles s'ouvrent des portes à pentures du XIVe siècle.

En poursuivant la visite de l'église par le bas-côté nord, on trouvait entre le porche et le transept deux chapelles construites entre les années 1397 à 1409; l'une ouverte dédiée aux saints Fabien et Sébastien, l'autre fermée consacrée à Notre-Dame-aux-Neiges; ces deux chapelles sont aujourd'hui réunies en une seule par la démolition du mur qui les séparait. Elle a reçu en 1888 le titre de Chapelle du Saint-Sacrement. Son sanctuaire est fermé littéralement par un grillage en fer forgé d'un dessin élégant.

Dans le mur latéral du transept nord, derrière cet autel, on a mis à jour une ancienne piscine décorée et établie dans l'œuvre même. Elle a 1 m. 50 de hauteur sur 1 mètre de largeur et autant de profondeur, encadrée par des moulures en pierre bleue de Castein,

s'arrondissant dans le haut, autour d'un fronton en plein cintre et au milieu de ce fronton, entre deux écoinçons trèfles, un oculus trilobe, devant lequel est un roseau en ferronnerie ajourée et repoussée du meilleur effet. Elle présente une excavation carrée occupant entièrement la tablette inférieure de la pierre, dont le milieu s'ouvre au-dessus d'un tuyau de décharge qui fait coude sous le pavé du transept; un joli grillage en fer doit bientôt clôturer cette piscine. A côté, on a découvert une autre ouverture qui a dû servir d'armoire pour conserver l'eau et le vin du sacrifice, les burettes, etc.; comme elle était peu intéressante, elle a été clôturée.

En face de l'entrée principale de l'église, au bascôté sud, s'ouvrait une chapelle du Saint-Sépulcre qui a été entièrement transformée en 1894. Son autel moderne en marbre noir et blanc a disparu et l'on a enlevé la maçonnerie masquant la fenêtre du fond, laquelle a été remise dans son état primitif. De plus, par la démolition du mur de gauche, cette chapelle a été réunie à celle dédiée à saint Paul et l'on a obtenu un spacieux sanctuaire à trois fenêtres. Le Christ au tombeau, grandeur nature, en marbre blanc, chefd'œuvre de Delcour, ainsi que les deux anges adorateurs en bois sculpté ont été replacés sous un dais de pierre ciselé, à l'endroit occupé ci-devant par le triptyque de Remacle de Lymborch.

La dernière chapelle du fond de l'église, bas-côté nord, dite de saint Calixte, jadis fermée d'une porte encadrée de marbres de diverses couleurs (1) et surmontée d'un médaillon portant un des docteurs de l'Eglise, a été ouverte la même année, tant du côté de

(1) La fête de saint Calixte a été de tout temps solennisée avec éclat à Saint-Paul. Voy. les Propres du diocèse, 14 octobre; Cartulaire de Saint-Paul, p. 95; le poème de Lymborch, intitulé Fundatio Sancti Pauli, reproduit p. 319 de la re édition de l'Histoire de Saint-Paul.

la basse nef que vers la chapelle supérieure. Ici encore on a créé, de la sorte, un sanctuaire à trois lumières, en faisant disparaître la muraille de séparation (1). Le remarquable autel dit des Oranus, a été transféré au fond du collatéral sud du choeur. La porte du cloître vis-à-vis de cette chapelle, décorée comme sa correspondante, a été aussi démolie. Derrière un de ses montants de marbre, on a trouvé un bénitier ancien, brisé, qui a été reproduit en pierre.

On a aussi fait disparaître les lambris en marbre noir qui garnissaient, à 1 mètre de hauteur, les murs intérieurs de l'église dans les chapelles des bas-côtés, pour y rétablir les arcatures écoinçonnées garnies de feuillages, partiellement mutilées, et reconstruire la barre des jambages ainsi que les banquettes qui les portaient.

En 1895, cinq nouvelles portes intérieures dont trois à deux vantaux, furent placées aux entrées des cloîtres et de Vinâve-d'Ile et deux autres, à un vantail, au fond des bas-côtés. Ces portes sont faites en assemblage de chêne de o m. o5 d'épaisseur, recouvertes de planches de chêne de premier choix. Le couvre-joint sculpté est d'une seule pièce et taillé hors d'une pièce de o m. 12 d'équarrissage. Leurs pentures sont imitées de riches ferronneries du XIVe siècle qui décorent la devanture de l'ancienne armoire à reliques de l'église Saint-Jean-en-lle, ferronneries que l'on retrouve presque identiques au Musée diocésain sur le grand bahut provenant de la sacristie de l'ancienne collégiale de Saint-Paul. Ces pentures figurant des rinceaux de feuilles de renoncule sont estampées, c'està-dire travaillées en relief, au moyen de matrice de fer trempé, système caractéristique du commencement de la période ogivale et qui, en Belgique, persista au

(1) Les marbres et la plupart des ornements de l'intérieur de l'église étaient du XVIIIe siècle.

XIVe siècle. Ci-joint le tracé de ces belles pentures faites par M. Ledent (1).

[graphic][subsumed][subsumed]

La nouvelle cloison de la sacristie est toute en chêne sculpté en panneaux à feuilles de parchemin, avec partie supérieure vitrée; la plate-forme avec dessous apparent en chêne à rubans, est faite à tasseaux avec crochets forgés et galvanisés. Du côté de Vinâved'Ile, une double porte en chêne sculpté et de bon goût a été placée en 1896; elle permet de voir au-dessus le célèbre Christ de Delcour. En déplaçant l'ancienne, on a découvert deux riches consoles du XIVe siècle supportant le linteau à l'intérieur de la baie.

(1) L'art du forgeron, tombé dans le mépris depuis la découverte de la fonte, semble avoir reconquis la faveur publique et attire l'attention spéciale de ceux qui s'intéressent à la restauration des édifices élevés par nos ancêtres. Grâce aux écoles professionnelles de Saint-Luc, qui ont pour but l'enseignement de l'art dans le métier, nous voyons aujourd'hui un souffle de résurrection ranimer tous les arts anciens pour leur rendre la vitalité et l'éclat qu'ils atteignirent à un si haut degré pendant tout le moyen âge.

« AnteriorContinuar »