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elle fut adjugée au citoyen G.-A. Cerexhe « fondé de pouvoir de Marie-Agnès Forêt, ex-religieuse. » En réalité, l'acquisition était faite au profit du citoyen Cerexhe lui-même, qui devint peu de temps après agent municipal de la commune de Vivegnis et installa dans les locaux du monastère une fabrique de chicorée; dans une requête qu'il adressa le 23 brumaire an VII, aux administrateurs du département de l'Ourthe, pour obtenir un brevet d'invention, il déclare que c'est lui qui a découvert les propriétés de ce succédané du café.

On ne possède pas de renseignements sur le nombre des religieuses de Vivegnis avant le XVIIe siècle. En 1686, il était de treize dames, y compris l'abbesse et la prieure, plus huit sœurs converses (1).

En 1738, époque de la publication des Délices du pays de Liége, le personnel du monastère était assez restreint ; «< ce monastère, » dit Saumery, «< paraît >> aujourd'hui déchu de ce qu'il a été, et de vingt-cinq religieuses qui l'ont habité, il n'y en a plus que >> huit (2), gouvernées par une abbesse et dirigées quant » à la conscience par un religieux du même ordre (3) >> tiré du monastère de Cambron (4). »

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Le 3 septembre 1759, l'abbaye de Vivegnis comprenait l'abbesse et onze dames de choeur dont l'une était prieure, d'autres, sous-prieure, chantre et boursière; plus cinq sœurs converses; le directeur spirituel était dom Paul Deschamps, religieux au Val-Saint-Lambert, le vicaire de la communauté, dom Nivard de Herve (5). Lors de sa suppression, le monastère de Vivegnis était occupé par douze religieuses, y compris l'abbesse plus trois sœurs converses (6).

(1) LEOD, art. cit.

(2) Non compris, sans doute, les sœurs converses.

(3) L'ordre de Cîteaux.

(4) SAUMERY, Délices du pays de Liége, t. IV, p. 50.

(5) Abbaye de Vivegnis, reg. no 1471.

(6) Tableau dressé le 4 frimaire an V, en vertu de la loi du 15 fructidor

Les possessions de l'abbaye, d'abord limitées à l'enceinte du couvent et à quelques immeubles, s'augmentèrent rapidement par des donations et par des achats; rien n'indique que le prieur de Beaufays ait cédé aux religieuses d'autres biens que ceux situés à Vivegnis même. La plupart des titres de propriété de l'abbaye sont perdus; des archives du couvent, il ne reste qu'une soixantaine de chartes et documents sur parchemin des années 1230 à 1682, dix-neuf registres aux actes, baux, paies, comptes de 1392 à 1775 et quelques fardes de pièces de procédures (1). Le reste fut pillé à l'époque de la révolution ou emporté au delà du Rhin. Peut-être en retrouvera-t-on un jour une partie dans un des dépôts d'archives de l'empire d'Allemagne. Nous publions ci-après les chartes qui présentent de l'intérêt.

Au XIIIe siècle, les propriétés rurales de la communauté de Vivegnis, étaient, suivant l'usage adopté dans les abbayes de cisterciennes, exploitées par un ou des frères convers, qui portaient, parfois, le nom de maîtres de l'abbaye. On trouve cité « frère Johan de >> Hermalle, maistre de Viez vengnis, » le 15 mai 1 286 (2) et le 14 septembre 1298 (3). On ne fait plus mention de frères convers à Vivegnis après le XIIIe siècle.

an IV. La communauté se composait à ce moment de l'abbesse Isabelle Romedenne; des dames de choeur: Marie-Françoise Sougnet, qui résidait depuis plusieurs années au couvent des Récollectines du quai SaintLéonard, Jeanne-Catherine Wathieu, Josèphe Meaux, retirée depuis quelques années au béguinage de Saint-Christophe, Anne-Joseph Marbaise, prieure, Marie-Elisabeth Delhez, Béatrice Warimont, Marie-Agnès Forêt, Marie-Sainte Delhez, Marie-Catherine Grégoire, Marie-Catherine Gilson, Marie-Hélène-Victoire Dupont, professe de l'an 1782. Il n'y eut point de profession à Vivegnis de 1782 à 1796. Les sœurs converses étaient Marie-Elisabeth Lhoest, Marie-Anne Sprimont et Marie-Joseph Simonis.

(1) Tous ces documents appartiennent au dépôt des archives de l'Etat, à Liége.

(2) Abbaye de Robermont, charte originale.

(3) Abbaye de Vivegnis, charte originale.

Parmi les registres de l'ancienne abbaye de Vivegnis, il ne nous en reste aucun renfermant les comptes généraux du monastère; on n'a donc pas d'indications sur l'importance de ses revenus, avant le relevé qui en fut dressé lors de sa suppression.

On a conservé quelques registres mentionnant des revenus partiels en argent, chapons, poules, cire, poivre, vin, dîmes de vignes, droits de pressoir ou stordage (1). Voici le nom des localités où se trouvaient, en 1726, les biens-fonds chargés de ces rentes ou redevances: Anixhe, Hermalle-sous-Argenteau, Haren, Herstal, Liége, Lhoenne, Milmorte, Othée, Villers-Saint-Siméon, Vivegnis; les vignes dont l'abbaye percevait la dime étaient situées en lieux dits: Wérixhas, Angisange, Tessenier, Lombar, Avroy ou Bordeaux et Abhooz (2).

Le monastère avait aussi des redevances à acquitter, savoir aux huissiers du chapitre d'Aix-la-Chapelle, au seigneur d'Argenteau, au forestier et au marguillier de Cheratte, à plusieurs curés, églises et justices.

Dès le XIVe siècle, l'abbaye de Vivegnis avait une Cour jurée devant laquelle se passaient les actes de juridiction volontaire, ventes et cessions, relatifs à ses biens (3).

D'après le relevé dressé après la révolution, les revenus annuels de l'abbaye s'élevaient à 15,421 francs. Les biens immeubles, fermes et terres situées à Slins, Anixhe, Pontis, Vivegnis, Vottem, Fexhe, Oupeye, Milmort, Hermée, Lantin, Glons, Oreye et Herstal comportaient 396 bonniers et 17 1/2 verges, rapportant

(1) Abbaye de Vivegnis, reg. no 1473, intitulé : « Registre des cens, >> chapons, rentes en vin, dime et stordage appartenants à l'église et >> monastère de la Vigne Nostre Dame, dit de Vivegnis, escheus pour » lan 1726 et suivants et des treffonds que ledit monastère doit annuel

>> lement. >>

(2) Abhooz. Au xive siècle et jusqu'au xvii, on n'écrivait pas Abhooz, mais à Beho, à Behol, en thier de Beho, etc.

(3) Abbaye de Vivegnis, document original du 5 février 1386.

annuellement 1,051 muids et 7 setiers évalués en argent à une somme de 10,518 florins, 15 sous ou 12,846 livres de France, 3 sous, 3 deniers 12/13.

Les rentes, créances et dettes actives, en argent et en nature, valaient 2,872 livres de France, 8 sous, 9 deniers 6/13.

Quant aux dettes passives, à acquitter annuellement par la communauté, elles s'élevaient à la somme de 1,503 livres de France, sans compter les petites rentes seigneuriales ou servitude abolies par la Constitution.

Parmi ces redevances, il s'en trouvait une de 3 muids et 6 stiers perçue chaque année par le prieuré de Beaufays (1).

SEIGNEURIE DE VIVEGNIS.

La charte du 7 avril 1225, mentionnée ci-dessus, prouve qu'à cette époque la métairie et les terres qui formèrent l'abbaye de Vivegnis et son premier douaire dépendaient du chapitre de Saint-Pierre, à Liége: un chanoine de cette collégiale était prévôt ou administrateur de la curia de Vivegnis.

D'autre part, la famille des ducs de Lotharingie exerçait les droits seigneuriaux à Vivegnis dès le XIIIe siècle (2); il y eut d'ailleurs, entre cette maison et le chapitre de Saint-Pierre, divers actes d'échanges et de transactions au sujet de la terre de Vivegnis (3).

(1) « Tableau des biens immeubles de la corporation de Vivegnis >> en date du 4 frimaire an V.

(2) Voy. la charte du 18 août 1252 publiée ci-après. En 1223, Jacques de Clermont résigna entre les mains de Henri, duc de Lotharingie, l'avouerie de Vivegnis et la pêcherie de Herstal. BUTKENS, Trophées de Brabant, t. I, preuves, p. 70.

(3) Dans un ancien inventaire des titres de la collégiale Saint-Pierre, on trouve à la rubrique Vivegnis, l'indication des documents suivants dont la plupart sont perdus : «< Lettre de la brassine banale que doivent >> avoir les seigneurs de Saint-Pierre, 1245. » «Littera sedis et » molendini Herstalliensis ad opus ecclesie S. Petri Leod. de uno solo » denario census, 1147, indict. 10. » - «< Lettre d'échange des cens de

A partir de la seconde moitié du XIVe siècle, la seigneurie de Vivegnis passa aux mains des seigneurs d'Oupeye et resta jointe à cette dernière terre; elle fut relevée à la Cour féodale de Liége en même temps qu'Oupeye, depuis le xve siècle jusqu'à la fin de l'ancien régime (1). Dès le xve siècle, il n'y avait qu'une cour de justice pour ces deux seigneuries ou, plutôt, les échevins nommés par le seigneur se dédoublaient et servaient en même temps pour Oupeye et pour Vivegnis, mais les mayeurs étaient différents.

Les deux terres n'étant venues entre les mains des mêmes seigneurs que fortuitement, il n'y avait entre elles qu'une union personnelle rendue plus étroite par le voisinage.

En fait, Oupeye et Vivegnis étaient et restèrent toujours deux seigneuries et deux communes distinctes ayant leur territoire bien déterminé par les anciens records; chacune avait ses pâtures, ses biens communaux, ses charges, ses revenus et ses privilèges particuliers; leurs plaids généraux se tenaient dans des endroits différents.

Les habitants d'Oupeye portaient leur blé au moulin banal de leur juridiction, ceux de Vivegnis aux moulins de Vivegnis, qui ne jouissaient pas des privi

» Vivegnis par dame Béatrix de Louvain, avec les seigneurs de Saint>> Pierre, 1334, veille de la Saint-Remi. » — « Différend au sujet des cens » de Vivegnis entre les chanoines et l'abbesse, 1472. » - « Privilegium » hominum de Wivegnis. Simile illis de Herstallio datum per ducem Lotharingie, 1224. » «< Littera super jurisdictione de Veteri Vi»neto, 1237. » » — « Item una permutatio advocatiae de Wivegnis.

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« Record de la cour de Vivegnis au sujet des limites de sa juridiction, » 24 novembre 1471. » — Collégiale Saint-Pierre, reg. no 10, fol. 13.

(1) Le 8 janvier 1386, on trouve cité Adam d'Upeye, chevalier, sire de Herstal et de Vivegnis, qui de présent est en viage d'Utremeir. Le FORT, 3o partie, Vo Oupeye. Un autre acte, du 27 février 1394, mentionne encore Adam d'Oupeye, sire de Herstal et de Vivegnis. Abbaye de Vivegnis, reg. n° 2, fol. 5. Il est probable que les seigneurs d'Oupeye acquirent la seigneurie de Vivegnis, en 1370, en même temps que la terre de Herstal; ils conservèrent Vivegnis, tandis que Herstal sortit de leurs mains. DE RYCKEL, Les communes de la province de Liége, p. 276.

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