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injurieux qu'elle avait déjà plusieurs fois essuyés. Elle n'ignorait pas qu'en rejetant ses propositions, le roi et les princes de sa famille n'avaient pas obéi à leurs propres inspirations, mais qu'ils avaient cédé aux conseils de certaines personnes de la cour. Les professeurs, mettant donc de côté tout amour-propre, s'exhortèrent mutuellement à la persévé– rance. Ils se disaient qu'en reproduisant sans cesse la même question, ils pourraient arriver à convaincre les princes, de même qu'à force de lancer des flèches on finit par atteindre le but. Pleins d'espoir et forts de leurs bonnes intentions, ils envoyèrent en députation auprès du roi, qui était alors à Saint-Germain-en-Laye, le recteur et les principaux professeurs des quatre facultés. Le roi avait auprès de lui un grand nombre d'illustres barons, entre autres les maréchaux et l'amiral de France, et plusieurs princes du sang, parmi lesquels on distinguait le duc d'Orléans, son frère, et ses oncles les ducs de Bourbon, de Berri et de Bourgogne.

Les députés demandèrent et obtinrent une audience. L'un d'entre eux, qui était docteur en théologie, prit la parole, et commença par remercier Dieu de la guérison du roi. Il déclara que, si le Seigneur avait enfin daigné exaucer les voeux et les supplications de la France, s'il avait entendu les prières des habitants du royaume, c'était pour que le roi pût désormais veiller aux intérêts de son peuple et de la sainte Église catholique. Il maudit ensuite l'exécrable schisme, et fit un éloquent tableau des malheurs enfantés par ce fléau, dont on ne connaissait que trop les suites funestes. Il rappela qu'à l'occasion de ce schisme, le monde depuis long-temps malheureux, marchant sur une pente dangereuse et entraîné vers le mal, avait mis de côté tout respect de Dieu et des hommes, s'attachait à ce qui lui était nuisible, et évitait ce qui lui était salutaire. Après avoir présenté toutes ces considérations avec un talent remarquable, il termina en suppliant le roi, de la part de l'Université, sa fille bien aimée, de travailler au plus tôt à déraciner le schisme. Il lui prouva jusqu'à la dernière évidence que c'était un devoir pour lui, s'il ne voulait pas perdre le titre de roi trèschrétien.

Le duc de Berri était, en vertu de son droit d'aînesse, celui des princes

ore domini ducis Biturie responsum regium dependebat; merito ergo timendum, cum hucusque pugil pro papa Clemente extitisset precipuus. Sed aliter quam sperabatur contigit, eo sic in substancia auctoritate regia respondente : « Ad domini mei regis <<< et cognacionis regalis ignominiam credimus nephandissimum << scisma tantum viguisse, et quia cunctis displicet, ut illud ad <«< laudem regni sopiatur viam aliquam studeatis; que si bona <«< consilio domini mei videatur, hanc procul dubio exequucioni << dabimus diligenter. >>

Hucusque domus Francie ad unionem non visa fuerat affectata. Quare ab Universitate deputati, cum regi et assistentibus immenses gracias reddidissent, iisdem valedixissent, ceteris cum leticia ingenti que obtinuerant retulerunt.

CAPITULUM X.

Vias Universitas practicavit ad extirpandum scisma Ecclesie.

De dominorum Francie inopinato consensu ut Deo debite gracie refferrentur, die Conversionis sancti Pauli processionem faciens Universitas alma mater, stacionem habuit apud Sanctum Martinum de Campis; et interim dum missam de Spiritu Sancto Sancti Dyonisii venerabilis abbas, dictus Guido Moncelli, celebraret, ejusdem monasterii prior reverendus, Guillelmus Barraut vocatus, magister in theologia, in claustro publicam predicacionem fecit. Tunc elegantissime, judicio audiencium, mentem regis et dominorum Francie promptam ad unionem divulgans, eamque multis laudibus efferens, omnes monuit Dominum exorare ut in proposito starent. Nam procul dubio, nec immerito verebatur ne per dominum papam Clementem aliter induce

rentur.

du sang qui devait porter la parole au nom du roi. Aussi les députés n'étaient-ils pas sans inquiétude; car le duc avait toujours été le champion le plus zélé du pape Clément. Mais leurs craintes cessèrent, lorsqu'ils l'entendirent répondre à peu près en ces termes : « Nous pensons << que la durée si prolongée de cet exécrable schisme est une tache pour «<le roi et pour sa royale famille. Puisque tout le monde en est égale<< ment fatigué, cherchez un moyen d'y mettre un terme pour l'honneur «< du royaume. Si vous proposez une voie qui reçoive l'approbation du «< conseil, soyez sûrs que nous nous empresserons de la mettre à «<< exécution. >>

La maison royale de France n'avait point paru jusqu'alors très zélée pour le rétablissement de l'union. Les députés de l'Université adressèrent mille remercîments au roi et à l'assemblée, et après avoir pris congé d'eux, ils retournèrent pleins de joie vers leurs collègues pour leur faire part de ce qu'ils avaient obtenu.

CHAPITRE X.

L'Université avise aux moyens d'extirper le schisme de l'Église.

La vénérable Université, voulant rendre grâce à Dieu de l'accueil inespéré fait à sa demande par les seigneurs de France, alla en procession à Saint-Martin-des-Champs, le jour de la Conversion de saint Paul, et y fit une station. Le vénérable abbé de Saint-Denys, Guy de Monceaux, y célébra la messe du Saint-Esprit, et le révérend Guillaume Barrault, prieur de l'abbaye et docteur en théologie, prêcha dans le cloître. Dans ce sermon, que chacun trouva fort éloquent, il fit connaître les intentions du roi et des seigneurs de France en faveur de l'union, les loua hautement de leurs bonnes dispositions, et engagea tous les assistants à prier Dieu de les y maintenir. Il craignait sans doute, et avec raison, que monseigneur le pape Clément ne les fit changer de résolution.

Ut autem regio obtemperaretur precepto, et ut uniuscujusque animus diffiniendo liber esset, in Universitate iterum publice divulgatum est ut quod cujuslibet mens dictaret pro unione habenda notaret in cedula, quam et infra unam archam fortiter obseratam et in claustro Sancti Maturini repositam quasi in gazofilacium mitteret, nemine compellente. Ad hoc certus dierum numerus prefixus est. Quo transacto, doctorum et magistrorum decreto, quatuordecim in sacra pagina professores, decem et octo in jure canonico, et in artibus duo et viginti statuuntur, qui cedulas repertas, que decem mille numerum excedebant, studio legerent diligenti, et omnium sub compendio media scriptis notarent. Quamvis in cedulis ipsis quisque propositum suum variis racionibus corroborare conaretur, deputatorum tamen judicio, ad viam cessionis et renunciacionis plenarie utriusque de summo pontificatu contendentis vel ad viam mutue compromissionis amborum in aliquos eligendos, vel ad determinacionem consilii generalis omnes se determinabant. Que cum in generali congregacione celebrata retulissent, unanimi omnium assistencium consensu decretum est ut hee vie in formam epistole regi offerentur; quam et venerabilis vir magister Nycholaus de Clamengiis, campanus nacione, in theologia bachalarius, vir utique meo judicio tulliana facundia singulariter pollens, coloribus rethoricis tunc exornandam suscepit.

CAPITULUM XI.

Rex temptavit pacem componere inter ducem Britanie et Oliverum de Clichon.

Rex, concordie zelator, cum peregrinacionis votum beato Michaeli emissum persolveret, episcopum Lingonensem, dominum Herveum Lecoch militem, magistrum Ludovicum Blan

Cependant, afin de se conformer aux ordres du roi et de laisser en même temps aux esprits toute liberté de discussion, l'Université fit annoncer publiquement qu'elle engageait tous ceux qui imagineraient un moyen de rétablir l'union, à le mettre par écrit, et à déposer leur cédule dans une boîte solidement fermée, placée en guise de tronc dans le cloître de Saint-Mathurin, mais que personne ne devait agir en cela par contrainte. On fixa pour délai un certain nombre de jours. Ce terme écoulé, quatorze professeurs de théologie, dix-huit professeurs de droit canon, et vingt-deux maîtres ès arts furent chargés, par décision des docteurs et professeurs de l'Université, de lire attentivement les cédules dont on avait fait le dépôt et qui étaient au nombre de plus de dix mille, et de prendre note par écrit de tous les moyens proposés. Chacun avait appuyé son projet de raisons différentes; tous néanmoins s'accordaient, au dire des commissaires, à proposer la voie de cession et de renonciation pleine et entière des deux prétendants à la papauté, ou la voie d'un compromis en vertu duquel les deux compétiteurs choisiraient des arbitres, ou enfin la voie de décision par un concile universel. Ils exposèrent ces conclusions dans un rapport fait en assemblée générale, et il fut réglé, d'un consentement unanime, qu'on soumettrait ces trois moyens au roi sous forme de lettre. On chargea de la rédaction de cette lettre le vénérable maître Nicolas de Clémengis, originaire de Champagne, bachelier en théologie, qui surpassait, à mon avis, tous les orateurs de son temps par son éloquence cicéronienne.

CHAPITRE XI.

Le roi essaie de rétablir la paix entre le duc de Bretagne et Olivier de Clisson.

Le roi, dans son zèle ardent pour la paix, profita de l'occasion de son pèlerinage au mont Saint-Michel, pour envoyer en Bretagne l'évêque de Langres, messire Hervé Lecoch, chevalier, et maître Louis

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