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NOTES SUR LES SEPULTURES TROUVÉES A SAINT-ÉTIENNE

Pendant les travaux de restauration exécutés en 1900

ans le courant de l'année qui vient de s'écouler, au cours des travaux de restauration de l'église de Saint-Etienne, ma vieille voisine, comme on pratiquait des fouilles pour en déblayer l'entrée, je profitai de l'occasion qui m'était offerte de faire quelques observations archéologiques, espérant une heureuse découverte et pouvoir ainsi apporter ma petite part de labeurs à notre chère Société. Si toutes mes espérances n'ont pas été réalisées, on voudra bien me pardonner en raison de ma bonne volonté.

Tout d'abord, rien à noter au commencement des déblaiements que la mise à jour des murs de l'ancien porche; mais quand on fut parvenu environ à un mètre de profondeur, la pioche mit à découvert, du côté nord du porche, dans la direction de la rue du Charnier, une certaine quantité de cercueils de pierre, superposés les uns sur les autres et placés là sans ordre et sans orientation aucune. Ce qui me surprend le plus, c'est que ces cercueils, que je croyais taillés dans un seul bloc, comme ceux découverts à Saint-Arigle et sur d'autres points de Nevers, sont composés de plusieurs fragments de pierres plates, juxtaposés les uns à côté des autres, sans être reliés par un mortier ni ciment quelconque. Tous ces morceaux posés symétriquement sont en pierres de nos carrières voisines, assez grossièrement taillés; mais ces cercueils n'ont point de fond, bien qu'ils aient un couvercle composé de plusieurs morceaux. Ils sont plus larges aux épaules qu'aux pieds, et, chose curieuse, la partie qui renferme la tête se trouve dégagée de celle qui renferme le reste du corps; en outre, deux sortes de petites cases sont entaillées dans la pierre : l'une à gauche de la tête, à la hauteur des épaules, l'autre à droite vers le milieu du corps, et contiennent des vases remplis de charbon (voir la planche ci-jointe). Certains de ces vases sont troués comme ceux recueillis à Saint-Arigle; mais d'autres sont pleins, à panse assez large et d'une terre différente de celle des premiers. J'ai pu en recueillir deux ou trois encore intacts, mais le plus grand nombre a été brisé par la pioche des travailleurs peu soucieux de conserver

CERCUEIL EN PIERRE

trouvé dans les fouilles pratiquées autour de l'Eglise St Etienne de Nevers.

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ces débris funéraires. Ce qu'il y a de plus regrettable encore, c'est que les pierres de ces cercueils ont été presque immédiatement brisées, mises en tas et emportées à la voirie, sans qu'il ait été possible de les étudier aussi exactement que je l'eusse voulu. Je n'y ai remarqué aucunes traces d'inscriptions; je crois pourtant qu'il y en avait une ou deux.

Comme on le voit, les cadavres reposaient sur le sol, et par conséquent avaient dû être apportés dans ces cercueils enveloppés dans leur suaire. Les squelettes étaient intacts, ce qui prouve que ce cimetière n'avait pas encore été fouillé. Un de ces squelettes était encore enveloppé d'une sorte de vêtement d'étoffe grossière brune et presque complètement brûlée. Ces cercueils, ai-je dit, formaient plusieurs rangs superposés et, détail des plus importants à retenir, plusieurs d'entre eux étaient engagés sous les fondations des murs de l'ancien porche, ce qui prouve indubitablement qu'ils avaient été placés là avant la construction de cette église; et comme celle-ci se place entre 1063 et 1097, époque de sa consécration définitive, il faut bien admettre que ces tombeaux sont tout au moins du XI siècle ou antérieurs à ce siècle, ce qui me paraît plus probable. Leur uniformité, le respect que l'on a eu pour ces sépultures en construisant l'église me permet de penser en outre qu'il s'agit là de sépultures de moines ou de religieuses du monastère fondé par saint Colomban et que l'on venait de restaurer. D'autre part, ces cercueils formés de pierres juxtaposées et non taillées dans un seul bloc, comme ceux que l'on rencontre communément du VII® au XII® siècle, me paraissent indiquer qu'on se trouvait alors à une époque troublée, que les communications étaient difficiles ou impossibles, et que les moines de Saint-Etienne avaient tout au plus l'argent nécessaire pour se pourvoir des cercueils alors en usage; voulant néanmoins obéir à la coutume, ils les avaient fait fabriquer économiquement.

Je crois ce mode de sépulture assez rare dans le Nivernais.

Quoi qu'il en soit, et en attendant que des études plus complètes me permettent d'être bien fixé à ce sujet, il me semble qu'il s'agit ici des moines de Saint-Etienne, et que c'est là que devait être la tombe de Hugues III, qui voulut revêtir leur habit en mourant et être enterré au milieu d'eux.

Notons en passant que, pour marquer l'emplacement de l'ancien porche, dont les murs de fondation furent dégagés au cours de ces travaux, l'architecte chargé de la restauration de l'église, M. Camuzat, a marqué par des dalles spéciales l'emplacement exact et la forme de ce porche.

LOUIS JOLIVET.

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DEUX DÉCOUVERTES ARCHÉOLOGIQUES

es dernières pages de ce Bulletin étaient sous presse et nous en préparions la table alphabétique quand deux découvertes des plus intéressantes arrivées en même temps vinrent nous forcer à reprendre la plume et à retarder de quelques jours notre publication.

La première est l'exhumation de nombreux cercueils de pierre trouvés dans les fouilles exécutées par l'honorable M. Mégret, dans un terrain qu'il venait d'acquérir de la ville, terrain qui faisait partie jadis de celui qu'avait occupé l'ancienne gendarmerie et, avant elle, l'abbaye de Saint-Martin et son église.

La seconde est celle de quatre cippes funéraires exhumés au lieu dit le Champ-dela-Garenne, commune de Poil, canton de Luzy.

Disons-en bien vite quelques mots que nous tâcherons de compléter dans notre prochain Bulletin.

Résumons tout d'abord brièvement l'histoire de la célèbre abbaye de Saint-Martin qui tient, comme on le sait, une place assez importante dans les affaires de notre vie communale.

Les comtes de Nevers en étaient, en effet, chanoines d'honneur; c'est là qu'étaient déposés le trésor et le chartrier de la ville; là aussi se tenaient les assemblées de la communauté; c'est au clocher de Saint-Martin qu'était le guet ou sentinelle qui veillait sur la ville; c'est encore la cloche de Saint-Martin qui annonçait l'ouverture et la fermeture des portes; enfin, c'est à l'abbaye de Saint-Martin que venaient souper et coucher les évêques avant de faire leur entrée solennelle dans la ville sur les épaules de leurs quatre barons.

Son origine, comme celle de nos antiques monastères, reste des plus obscures. D'après la France pontificale (Gallia Christiana), c'est vers le commencement du VIII siècle, en 742, qu'on en parlerait pour la première fois. Saint Jérôme, dont le pontificat paraît remonter à 796, aurait réédifié ce monastère et aurait été inhumé dans son église en 815. Donc église et monastère existaient avant saint Jérôme, ce qui permet de supposer qu'avant l'abbaye, il y aurait eu là quelque prieuré ou quelque

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