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sant les formules des vieilles oraisons ou des bulles antiques : gloriam consequamur, precibus adjuvemur, audeat atten

tare.

CONCLUSION.

Il y a dans l'histoire du cursus des faits indiscutables et extrêmement faciles à constater.

Qu'on ouvre au hasard les discours de Cicéron, on constatera dans les clausules la présence presque exclusive du dichorée, du crétique, du péon, du spondée, l'absence ordinaire du dactyle, du choriambe, du procéleusmatique.

Qu'on ouvre au hasard le sacramentaire léonien, on constatera la présence des quatre cursus: planus, tardus, velox, dispondaïque.

Qu'on ouvre au hasard les bulles d'Innocent III, on constatera la présence des trois cursus: planus, tardus, velox.

Une étude plus approfondie ferait connaître d'autres faits, moins évidents, mais cependant certains telles sont, par exemple, les variations dans le soin donné aux clausules par Cicéron suivant les époques de sa vie, suivant les discours ou les parties de discours. Telles sont aussi les transformations qui, de Cicéron à saint Léon, rendent les lois de plus en plus sévères et qui donnent à l'accent une importance de plus en plus grande.

Mais le détail des transformations, les nuances infinies du cursus aux différentes époques et dans chacun des auteurs qui l'ont observé, fourniront longtemps encore une matière inépuisable de recherches.

LES TROIS PREMIÈRES TRADUCTIONS

DU

DE ORTHODOXA FIDE

PAR

E. HOCEDEZ

professeur au collège théologique et philologique S. J.

Dans un savant article (1), le Père de Ghellinck a attiré l'attention sur trois traductions inédites du De orthodoxa fide de saint Jean Damascène : la traduction de Burgundio, celle de Robert Grossetête et celle d'un anonyme dont les manuscrits de Reun et d'Admont ont conservé huit chapitres (I à VIII du livre III) (2).

A notre tour, nous voudrions signaler dans cette courte note quelques particularités que la comparaison nécessairement limitée à ces huit chapitres des trois traductions met en lumière, et esquisser ainsi, provisoirement, le procédé littéraire de l'évêque de Lincoln (3); du même coup le lecteur comprendra, croyons-nous, l'intérêt philologique que présenterait une édition de l'oeuvre de Grossetête (4).

(1) Byzantinische Zeitschrift, t. XXI, p. 448 et sq.

(2) Pour la littérature du sujet, qu'on nous permette de renvoyer à cet article.

(3) En parlant ainsi, nous ne prétendons nullement trancher la difficile question de savoir quelle est la part de Robert lui-même et quelle est la part de son groupe.

Cf. FRANCIS SEYMOUR STEVENSON, Robert Grossetete, Bishop of Lincoln. London, 1899.

(4) Nous ne désespérons pas de pouvoir donner un jour cette édition.

I.

Une rubrique (1) placée en tête de l'oeuvre à la suite de la table des chapitres caractérise à merveille le travail de l'évêque Robert :

Expliciunt capitula libri Johannis Damasceni numero centum et unum. Correxit autem dominus R. Grossetete lincolniensis episcopus veterem translationem et inseruit multa que transtulit ex greco exemplari, que in veteri translatione non habentur... Incipit liber Johannis Damasceni secundum correctam translationem domini R. Lincolniensis episcopi (2).

La comparaison minutieuse des deux traductions confirme la rubrique Grossetête n'a pas traduit à nouveau le De orthodoxa fide, comme il avait fait pour le De divinis nominibus de Denys l'Areopagite (3) il s'est contenté de corriger la traduction existante, celle de Burgundio. Les exemples que nous donnerons plus loin suffiront à convaincre le lecteur.

En quoi consiste au juste ce travail de correction?

Un mot peut résumer toute la réponse: le souci de l'exactitude même matérielle a dirigé l'évêque dans son œuvre de revision: il explique jusqu'à ses défauts.

Déjà Burgundio avait visé à donner une traduction aussi littérale que possible. Grossetéte s'est efforcé de serrer le grec de plus près encore et de rendre jusqu'à la nuance des expressions et l'allure de la phrase.

1. Le rocabulaire arrêtera d'abord notre attention.

(1) Nous suivrons dans ce travail un excellent manuscrit en vélin du XIIe siècle, conservé à Pembroke College (Cambridge). L'écriture, généralement soignée, court sur deux colonnes de 53 à 54 lignes chacune. Ce manuscrit porte le n° 20 au catalogue de Montague RHODES JAMES (A des criptive catalogue of the manuscripts in the library of Pembroke College,Cambridge, 1905, p. 17). Nous le désignerons par le sigle msc. 20. 2) Cette même notice est reproduite dans un autre manuscrit du XIVe siècle du même collège (le no 31 cf. M. R. James, l. c., p. 36) avec une variante insignifiante.

(3 L. BAUR, Das philosophische Lebenswerke des Robert Grossetete dans la Dritte Vereinschrift für 1910 de la Görresgesellschaft. Köln. 1910, p. 66.

a) En comparant les deux oeuvres on est frappé immédiatement de ce fait que bon nombre des termes grecs qui émaillent la prose de Burgundio ont été supprimés.

Neque secundum prosopeiam, id est, personalem, vel secundum chemcham, i. e., habitudinalem vel secundum katanasiam. i. e, dignitatem, vel tautoboliam. i. e., eamdem voluntatem, vel homotimiam, i. e., cohequalitatem honoris, vel homonimiam, i. e.. equivocationem. vel eudochiami. e., acceptionem (1).. (Burgundio, ms M. 711, fol. 28) (2)

neque personalem, vel habitudinalem, vel secundum dignitatem, vel eamdem voluntatem, vel coequalitatem honoris vel equivocacionem vel beneplacitum.

(Grossetête, ms. C. 20, fol. 13v G.)

Quelques mots grecs néanmoins sont restés, soit que l'auteur crût important de les conserver, comme any postaton, id est, insubsistens... sed enypostaton, id est, subsistens (3); soit qu'il considérât ces termes comme ayant droit de cité dans les écoles: tels ypostasis, caracteristicus, fantasma. problema, etc. (4).

Comme le professeur Baur l'a remarqué (5), Grossetête possède un vrai talent pour rendre par des composés latins équivalents les mots grecs composés ainsi :

(1) De orthodoxa fide, III, 3 (dans MIGNE, Patrologie grecque, t. XCIV, col. 993).

(2) Nous suivrons un manuscrit du XIIe siècle, généralement correct de la Bibliothèque Mazarine, catalogué no 711. Nous le désignerons par le sigle ms M. 711. Cf. AUGUSTE MOLINIER, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Mazarine, Paris, 1885, t. I, p. 326. Nous l'avons collationné avec le ms 893-8 de la Bibliothèque royale de Bruxelles. Cf. J. VAN DEN GHEYN, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique, 1902, t. II, p. 301, no 1368. [= Ms B 893]

(3) Ms. C. 20, fol. 2, 2o col., A. P. G., col. 804; ou bien encore fol. 13R, le col. E= = P. G.. col. 934: cf aussi PIERRE LOMBARD, III sent. d. 3, p. 1, c 1; dans l'édition des S. Bonaventurae opera omnia. Quaracchi, t. III, p. 58.

(4) Dans ce cas, Grossetête laisse tomber généralement la traduction latine du terme grec, qui suit régulièrement chez Burgundio. Le lecteur en trouvera des exemples classiques dans les citations du Lombard; bien que celui-ci prenne de larges libertés avec le texte de Burgundio, il a conservé parfois ce procédé : p. ex., I sent. d. 19, p. 2, c. 9 (p. 339); III d. 7, c. 2 (p. 167).

(5) L. c., p. 65, la note.

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