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de Liége, une fois à payer pour l'horloge qui ornait la façade, et de 100 florins 5 sous de rente annuelle pour la propriété (1). La maison provenant des Paquot fut aussi vendue, et il ne resta, pour tenir l'école, que la maison des Palenge, contiguë au cimetière. Chose étrange, cette maison était sans doute prédestinée à devenir école, car c'est précisément la même qui est déjà assignée à cette destination par le testament de Jeanne de Spontin.

Les filles, ayant perdu le local qui leur était destiné, furent réunies aux garçons, et il n'y eut qu'une école pour les deux sexes. On lisait dans le testament de 1712 « Notre intention est qu'il y ait deux personnes » pour cette leçon, un prêtre de bonne vie pour les >> garçons et une femme ou fille irréprochable pour les » filles ;... ces deux personnes demeureront dans une >> même maison, sçavoir dans celle provenant des Palenge et mangeront ensemble afin d'éviter les dépens de deux ménages, n'ayant qu'une servante » pour eux deux... Le prêtre sera obligé d'assister le » révérend sieur pasteur de Modave à chanter à l'église >> les dimanches et fêtes tant à la messe qu'aux vêpres » et pour ce qui touche les autres devoirs concernant » la charge d'âmes, il lui sera libre d'assister le dit » révérend sieur pasteur lorsqu'il en sera requis, sans

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(1) Cette maison, une des plus belles de Modave, fut construite par les Delmelle. Elle porte le chronogramme suivant qui donne l'année 1686 comme date de la construction: PAX SIT DOMVI, PAX SIT INCOLIS EIVS. L'aile droite fut ajoutée plus tard; elle porte la date de 1698. On y voit aussi les armes des Delmelle: d'argent au chevron de gueules avec trois coquilles de même et la devise: «< Sola virtus sibi mellificat. » On lit au-dessus d'une autre porte cette belle pensée : « In parvis requies. » La maison fut vendue par le curé Colin à la famille Paludé. Les demoiselles Paludé étaient en rapports d'amitié avec les Montmorency. Elles louaient une partie de la pêche, et leurs hôtes avaient la permission de chasser sur les terres de la seigneurie. La maison Delmelle devint à cette époque comme le petit château de Modave. Cette maison fut ensuite achetée par l'avocat Nicolet, puis elle passa à la famille de sa femme, née van den Steen. Elle fut enfin revendue à M. Rigaux, puis à M. Bihain, propriétaire actuel.

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>> toutefois négliger la dite leçon et sans y être obligé. >> La dite desservitude sera amovible et ne pourra servir » de titre presbytéral... Le dit prêtre et la femme ou >> fille qui auront la dite desservitude ne dépendront » pas du curé du lieu au regard de la présente fonda>>tion et devront seulement avoir la permission et approbation des supérieurs ecclésiastiques à qui il >> incombe de la donner en pareil cas, lesquels supé>> rieurs ecclésiastiques ne pourront se mêler en au>> cune autre chose de la présente fondation, ni des >> biens annexés. Afin d'éviter les inconvénients qui » pourroient arriver si les garçons et les filles se >> trouvoient ensemble, l'intention des fondateurs est » que la leçon des filles finisse toujours un quart >> d'heure avant celle des garçons et qu'ils n'aient pas » de communication ensemble. A quel effet, les jours » de récréation, les garçons iront sur le bâtis joindant » la drève du château et les filles sur le thier de bon temps où elles ne pourront aller qu'un quart d'heure » après que les garçons se seront rendus sur le dit » bâtis. » Ces minutieuses précautions touchant le genre de vie des personnes préposées à la fondation, leur indépendance et la surveillance qu'elles devaient exercer sur les enfants, attestent les bonnes intentions de l'avocat Delmelle. Ces dispositions ne purent être qu'imparfaitement exécutées, les filles se trouvant réunies aux garçons sous la direction, comme instituteur, du seul vicaire de la paroisse.

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Le testament détermine aussi le programme restreint de l'enseignement et les conditions d'admission à l'école « Le pouvoir de ces deux personnes sera d'enseigner à lire et à écrire... et ce gratis aux >> pauvres comme aux riches, à la réserve seulement » que chaque enfant qui viendra à la dite leçon devra >> donner un escalin ou quinze sous, s'il est nécessaire, » pour le chauffage pendant l'hiver..., voir toutefois » que ceux qui seront tellement pauvres qu'ils ne sau

>> ront donner le dit escalin sans s'incommoder ne >> donneront rien. A laquelle leçon auront droit de >> venir non seulement les enfants de Grand et Petit>> Modave, mais aussi ceux des villages circonvoisins >> et notamment de Vyle, Limet, Vierset, Linxhet, » Ramlot, Terwagne, Saint-Jean-Rappart, Les Avens,

Survillers, Ellevaux, Pailhe et hameaux en dépen» dans et ceux des villages plus éloignés qui y vou» dront venir... A la fin de chaque leçon, le dit » prestre ou la dite femme seront obligés d'instruire » les dits enfants dans la doctrine chrétienne, apostolique et romaine, sçavoir l'espace d'une demi heure » ou tout au moins d'un quart d'heure au matin et >> autant après-midi, en leur faisant un catéchisme » selon leur portée. »

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Quant aux ressources assurées au maître et à la maîtresse d'école, le testament détermine uniquement que «<le susdit prêtre aura ses aliments hors de la dite >> fondation de même que la dite femme avec une ser» vante, voir qu'ils devront vivre frugalement sans » superflus et comme on fait à la campagne. »>

L'école fut tenue successivement par les vicaires Boudson (1), Wibren, Mercier, Cellier et Wathour. Il paraît que l'abbé Lecomte la tint aussi pendant deux ans avant de devenir chapelain du château, et que le curé Hastir continua à y enseigner jusqu'en 1818.

En 1807, au temps du vicaire Wathour, l'école était fréquentée par dix garçons et douze filles. On leur apprenait à lire et à écrire. Les revenus consistaient en deux rentes montant à 99 fr. 52 et une pièce de terre évaluée à 10 francs. Le maire-adjoint H. Smal note qu'un avantage pour l'instituteur est qu'il serve de vicaire et marguiller, ce qui peut lui rapporter 150 francs (2).

(1) D'après la visite archidiaconale de 1726.

(2) Archives de la sous-préfecture, au commissariat d'arrondissement de Huy.

Nous avons peu de renseignements certains sur les résultats de l'enseignement. Nous voyons seulement, d'après les registres communaux, qu'au commencement de ce siècle, un peu plus de la moitié des habitants savaient signer (1).

(1) Nous n'avons malheureusement pas retrouvé les minutes du notaire chargé des affaires de la communauté de Modave, ce qui nous eût fourni plus de renseignements sur le degré d'instruction des habitants. Les minutes du notaire Body, conservées chez M. le notaire Loumaye à Pair, nous donnent plusieurs constitutions des manants de communautés voisines, où nous voyons apposées des signatures et des croix dans la proportion suivante :

Comm. de Fraiture, 1754, 20 octob., 8 signatures, 11 croix.

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TROISIÈME PARTIE

LA COMMUNAUTÉ DE MODAVE

AUX SIÈCLES PASSÉS.

LIMITES.

POPULATION.

Les limites de la juridiction donnèrent lieu à de nombreux conflits entre les seigneurs de Modave et leurs voisins.

Le 27 mai 1394, le maire et les échevins de la haute cour et justice de Grand-Modave, à la requête de Walther, leur seigneur, émirent un record attestant que >> tot la cour del eawe de Hoyoul et denviron ou assez » pres delle grosse piere delle maison Johan Gobier » de vile molin jusqua environ ou assez pres delle croi>> sette desos de Soviller estoit ou est delle hauteur et >> sangneurie le dit messire Wathier. » Ils rappellent un différend surgi à ce propos environ treize ans auparavant entre le seigneur Walther et Henri de Berneau, seigneur de Petit-Modave (1).

Au siècle suivant s'élevèrent entre le seigneur de Modave et le propriétaire de Survillers des difficultés que nous exposerons plus loin. Le 25 mai 1461, le maire et les échevins de la haute cour et justice de Modave recordèrent, à la requête de Jean Hustin, que

(1) Archives du château de Modave, no 9 de l'Inventaire général.

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