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>> les questions du père Lhoneux, que je sçais être dic»tées par le cœur et l'intérêt (1). »

Cette bienveillance, pleine de franche et simple cordialité, nous dit assez ce que devaient être les rapports de cette noble famille avec les pauvres habitants de Modave.

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<< Le pauvre Lambert, mon paroissien de Modave, »> écrit la baronne de Ville, « vient d'arriver, mon cher » Lhoneux, et me présente votre certificat et celuy de » mon mayeur Jamaigne sur le triste accident qu'il a essuyé. J'en suis vraiment touchée; je vous donne >>mes ordres pour l'assister en tout ce que vous pour» rez pour réparer la perte qu'il peut avoir faite. Vous pouviez dispenser ce pauvre homme de faire le » voyage, en m'écrivant vous-même son malheur. >> Vous sçavez que je suis toujours disposée à faire du >> bien à mes bons habitants de Modave (2). »

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« Hélas! » écrit-elle une autre fois, « de quoy s'est >> avisé le pauvre abbé Michotte, mon ancien chapelain, de me léguer cinq cents livres pendant qu'il a de pauvres parents; quand même on pourrait réali>> ser cette somme, je ne pourrois en faire un meilleur employ que de la leur remettre (3). »

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Enfin, nous voyons par diverses lettres que le peuple de Modave participait aux joies de ses puissants châtelains. Quand une naissance survenait dans la famille de Montmorency, on chantait le Te Deum à l'église de Modave, et ces actions de grâces étaient accompagnées d'une distribution faite aux pauvres de deux cents livres de pain (). Mais voici une autre lettre qui dépeint mieux les coutumes du temps et les relations des seigneurs avec les habitants. La famille de Montmorency doit arriver prochainement à Modave;

(1) Archives du château de Modave, no 24.

(2) Ibidem, t. VIII; Correspondance, no 27. (3) Ibidem, no 28.

(4) Ibidem, nos 30, 33, 34.

la duchesse y vient pour la première fois. Le duc écrit à Lhoneux : « Nous comptons toujours vous arriver » le 26, 27 ou 28... Comme le 28 est la Sainte-Anne,

qui est notre fête à tous, tâchez d'arranger quelques >> jeunes filles de Modave qui au moyen de quelques >> rubans et leurs habits blancs viendront présenter un » bouquet à Madame le samedi après-midi. En un >> mot arrangez un peu cela comme le pays le com» porte et sans beaucoup d'apprêt, mais de votre >> mieux; cela l'amusera toujours un petit moment (1).

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La famille de Montmorency aimait beaucoup le peuple de Modave. Le duc préférait Modave à Biesmerée où il avait éprouvé plusieurs désagréments et dont il désirait vendre la propriété. « Modave, » écrivait-il, « est tout différent; il est bien bâti, ce sont » de bonnes gens, et je ne suis pas fâché de le con>> server (2).

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Il ne faut donc point s'étonner si les Montmorency emportèrent dans l'exil la sympathie reconnaissante des habitants de Modave. On vendit les biens des émigrés. C'était une occasion facile de s'enrichir à leurs dépens. Personne ne se présenta, sauf un habitant de Huy. Acquéreur déjà du couvent des Ursulines et de celui des Célestines dans sa ville natale, il vint acheter la seule ferme dont la famille de Montmorency fut dépouillée à Modave. On vendit à l'encan les meubles qui garnissaient le château, et il n'y eut de nouveau qu'un Hutois, ancien protégé des Montmorency, acheteur à Huy du refuge d'Orval et du couvent des Récollectines, pour oublier, en cette circonstance, la gratitude qu'il devait à cette noble famille. Il s'en excusa plus tard dans une lettre qui nous est conservée (3). Le peuple de Modave resta fidèle, dans le malheur, à ceux dont il avait, dans la prospérité,

(1) Archives du château de Modave, t. VIII; Correspondance, no 25. (2) Ibidem, no 41.

(3) Ibidem, no 117.

recueilli tant de bienfaits. Honneur à lui, car les habitants de ce paisible et pittoresque village n'ont point dégénéré de leurs ancêtres; la reconnaissance est restée chez eux une vertu traditionnelle. Celui qui écrit ces lignes en a gardé le souvenir ému, et les quelques années qu'il eut le bonheur de passer au milieu de ses chers ouvriers de Modave, en goûtant les tranquilles jouissances que procure l'étude, resteront toujours parmi les plus belles années de sa vie.

ANNEXES

N° 1.

1233, 26 août.

Accord conclu, au sujet de la dime de Modave,
entre le seigneur Walther de Modave

et le chapitre de Saint-Denis à Liége.

I Dei gratia Leodiensis episcopus uniuersis presens scriptum inspecturis imperpetuum notum facimus quod cum nos causam que inter ecclesiam beati Dyonisii in Leodio ex una parte et Walterum de Mondale ex altera uertebatur uiris discretis Sebodoni et Herberto canonicis maioris ecclesie in Leodio audiendam commisissemus et fine canonico terminandam, ipsi prout ex litteris eorum exinde confectis cognouimus in eadem causa iuris ordine obseruato procedentes dicte ecclesie quartam partem decime de Mondale tam in culturis quam locis et rebus aliis per sententiam diffinitiuam adiudicarunt et super aduocatia, talliis, inuesturis, requisitionibus siue exactionibus dicto W., quantum ad mansionarios predicte ecclesie, nec non et super incisione silue de qua lis erat, predicto W. perpetuum silentium imposuerunt, eundem W. ipsi ecclesie pro dampnis eidem ecclesie irrogatis in decem marcis leodiensibus condempnantes. Nos igitur dictam eorum sententiam auctoritate nostra latam iustam esse attendentes approbamus et confirmamus inhibentes sub pena excommunicationis ne quis sepedictam ecclesiam super premissis inposterum molestare presumat; quod si fecerit, excommunicationis penam se nouerit incursurum. Actum

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