que nous roucé, répondit : « Vous êtes nos sujets, et nous sommes votre maître ; «< nous sommes le maître de tous les mortels, et c'est à Dieu «rendrons compte de notre conduite. » Il se fit alors remettre la cédule; après l'avoir lue, il leur déclara qu'il la trouvait pernicieuse, et leur défendit, sous les peines ci-dessus mentionnées, d'y apposer leur signature. Il retint cette cédule par devers lui, et au lieu de rendre aux cardinaux celle qu'ils avaient faite au conclave, il leur en présenta une autre, qui contenait les inhibitions et défenses dont nous avons parlé, et qui renversait tous les projets des ducs. Cependant il ajouta en finissant que, si les seigneurs de France voulaient accepter la voie raisonnable qu'il proposait, il les comblerait de plus d'honneurs qu'ils n'en avaient reçu de ses prédécesseurs, et leur abandonnerait la conquête et la possession des pays qui formaient le patrimoine de l'Église en Italie. Les cardinaux rapportèrent ces paroles aux envoyés du roi. Les ducs furent peu touchés des offres du pape, et répondirent qu'ils n'avaient pas besoin de son appui pour faire cette conquête. Le 4 juillet, ils convoquèrent les cardinaux et les députés de l'Université. L'assemblée décida à l'unanimité qu'on engagerait encore une fois le pape à accepter la voie de cession, ou à donner l'audience publique qu'il avait jusqu'alors refusée. Elle arrêta aussi qu'on le supplierait de révoquer comme injustes les inhibitions et défenses faites aux cardinaux, et d'annuler la dernière cédule qu'il leur avait remise, parce qu'elle était contraire à l'union et à son premier serment. Quelques uns des plus nobles chevaliers furent envoyés en députation afin de prendre jour pour une entrevue. Le pape les reçut avec bonté, et sur leurs instantes prières, il fixa l'audience au mardi suivant. Dans l'intervalle il envoya aux ducs une cédule dans laquelle il disait, pour les rassurer, qu'il n'avait pas l'intention de suspendre par ses deux cédules l'effet de celle qui avait été rédigée au conclave, d'y ajouter quelque condition nouvelle, ou de rien changer aux engagements qu'elle stipulait. Lecture faite de cette cédule, on décida qu'elle était de nul effet, parce qu'au lieu de rien poser affirmativement, elle était toute sous forme négative. cedula, um perlecta fuisset, nullius efficacie reputata est, quia nil ponebat affirmative, sed solum negative. CAPITULUM XIII. De ultima responsione pape data dominis ducibus. Per hec et dilaciones similes papa solum intendebat tempus in vanum terere, ut sic duces mentem et propositum mutarent; ipsisque audienciam concessam iterum procrastinavit. Quapropter merito attediati, cum jam eos rex litteris propter quedam ardua emergencia revocasset, concluserunt die jovis papam iterum adire, ut ultimam responsionem obtinerent. Ad cameram ergo pape cum deputatis Universitatis accedentes, post impensum debite salutacionis affatum, dominus dux Biturie ipsi instantissime supplicavit ut super expedicione unionis dominos cardinales vellet publice interrogare et audire. Hoc papa, primo renuit, et reiteratis vicibus; sed tandem velut victus importunis precibus dominorum: «Quamvis, inquit, in << veritate Jhesu Christi, indecens et inhonestum nobis videatur << ut cardinales publice intencionem suam proferant, vobis << tamen nunc obtemperando loquentur. Sed si nil aliud profe«< rant, quam quod nobis heri et nudiustercius protulerunt, <<< vobis et ipsis sine dilacione respondebo. >> Rogati igitur domini cardinales, omnium consensu unanimi cardinalis Florencie reverenter cum magna humilitate et prolixiori sermone domino pape modum intrandi conclave ad futuram electionem recitans, tenorem cedule et juramentum factum a cunctis cardinalibus allegavit, addens quod nullus debebat in papam eligi, nisi prius secundum formam cedule CHAPITRE XIII. Dernière réponse faite par le pape à messeigneurs les dues. Par toutes ces manoeuvres et tous ces délais le pape ne cherchait qu'à gagner du temps, dans l'espoir que les ducs changeraient d'avis et de résolution. Il ajourna donc encore l'audience qu'il leur avait accordée. Justement fatigués de tous ces retards, et impatients de retourner auprès du roi, qui les avait rappelés par un message à cause des graves événements survenus dans le royaume, ils résolurent de se rendre encore une fois le jeudi au palais pontifical, afin d'obtenir du pape une dernière réponse. Ils se présentèrent dans sa chambre avec les députés de l'Université. Monseigneur le duc de Berri, après lui avoir offert l'hommage de ses salutations, le supplia instamment d'interroger publiquement messeigneurs les cardinaux sur les moyens d'assurer l'union, et de vouloir bien écouter leur réponse. Le pape s'y refusa d'abord avec obstination. Mais enfin, cédant aux instances réitérées des ducs : « Par le Dieu de vérité, dit-il, bien qu'il «< nous semble injurieux et malséant que les cardinaux déclarent publiquement leur intention, je les laisserai parler cependant pour « vous complaire; mais s'ils ne disent pas autre chose que ce qu'ils nous <<< ont dit hier et il y a trois jours, je vous répondrai sans délai à vous << et à eux. » Sur l'invitation qui fut faite à messeigneurs les cardinaux de s'expliquer, le cardinal de Florence prit la parole au nom de tous ses collègues. Dans un long discours, il rappela respectueusement et en toute humilité à monseigneur le pape la manière dont on avait procédé dans le conclave à l'élection future, et cita les termes de la cédule et du serment prêté par tous les cardinaux, ajoutant que personne ne devait être promu au pontificat sans avoir prété serment selon la forme juramentum fecisset. Ulterius retulit quod papa, post creacionem de la cédule. Il rappela encore que le pape, après son exaltation, avait arrêté que messeigneurs les cardinaux, tant en général qu'en particulier, aviseraient aux moyens d'extirper ce schisme funeste; qu'on avait proposé la voie d'un concile général, celle de cession et celle d'un compromis et d'une conférence entre les deux compétiteurs; mais que, comme on ne pouvait s'accorder, dix arbitres avaient été désignés d'après son ordre, pour en délibérer, et qu'après avoir discuté les divers moyens proposés, ils avaient déclaré que la voie de cession leur paraissait la plus convenable. Le cardinal dit aussi que le pape, en apprenant l'arrivée des ducs, avait réuni les cardinaux, et les avait priés d'imaginer un moyen pour contenter les seigneurs de France; qu'alors messeigneurs les cardinaux avaient déclaré qu'ils approuvaient la voie d'une conférence, sous la réserve toutefois qu'elle serait agréée par lesdits seigneurs ; que comme les ducs ne l'avaient point agréée, et l'avaient même réprouvée par beaucoup de raisons et par des motifs suffisants, les cardinaux avaient adopté et soutenaient avec eux la voie de cession, comme la meilleure et la plus expéditive pour extirper le déplorable schisme. Il ajouta que tous les cardinaux, à l'exception du cardinal de Pampelune, avaient supplié le pape à diverses reprises d'adopter cette voie, et l'en suppliaient encore, au nom du respect qu'il devait à Dieu et de l'honneur de la sainte Église, s'il voulait la faire jouir pendant son pontificat des douceurs de la paix, en détruisant un schisme invétéré qui dégénérait en hérésie; qu'ils l'avaient prié de rendre aux cardinaux la cédule dressée au conclave, et de daigner révoquer les défenses et injonctions à eux faites, comme étant injurieuses pour eux tous, particulièrement en ce qu'il leur ordonnait, en vertu de la sainte obédience, d'appuyer la voie qu'il proposait, et de ne point signer la cédule qu'ils avaient rédigée en présence des ducs; qu'ils le lui avaient demandé, attendu que le sacré collège est toujours et n'a pas cessé d'être investi du privilége de délibérer librement et d'après les inspirations de sa conscience sur toutes les choses qui intéressent l'Église et la foi. Il cita à l'appui de ce fait un décret, où la liberté du collège est plusieurs fois mentionnée. |