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Dès que cette nouvelle fut parvenue à la connaissance de l'Université de Paris, le recteur, accompagné d'une députation de docteurs, alla trouver le roi, et le pria instamment de persister dans ses bonnes résolutions. Un docteur en théologie, nommé Jean Courtecuisse, soutint cette cause dans un éloquent discours. Il démontra longuement qu'il résultait beaucoup de dommages et d'inconvénients des dîmes et de la collation des bénéfices ecclésiastiques que s'attribuait la cour d'Avignon. Il affirma que c'était la principale cause des refus que le pape opposait à la cession, et supplia instamment le roi de lui retirer la collation des bénéfices ecclésiastiques du royaume. Le roi écouta ce discours avec faveur; mais comme il ne prenait aucune détermination sans Y avoir mûrement réfléchi, il fixa un délai de plusieurs jours, pour que l'évêque d'Arras, chancelier du duc de Bourgogne, l'évêque de Poitiers, chancelier du duc de Berri, maître Oudard des Moulins, et maître Pierre Plaon se préparassent à défendre publiquement en sa présence le parti du pape, et à faire valoir les raisons qu'on pouvait opposer à la mesure demandée. Il désigna d'un autre côté un pareil nombre de docteurs en théologie, pour soutenir la cause contraire et répondre aux arguments de la partie adverse. La discussion dura plusieurs jours de suite. On conclut enfin que la soustraction était une mesure raisonnable. Je ne développerai point toutes les raisons qui furent données à l'appui de cette conclusion; je craindrais de fatiguer le lecteur et de nuire à la brièveté dont je me suis fait une loi.

CHAPITRE XXXII.

Violence des vents.

Pendant tout le temps que durèrent ces débats, les vents ne cessèrent de souffler avec violence. Le mauvais temps ne fut pas si désastreux

nec tanta nec tam generalis fuerit, in dyocesi tamen Parisiensi et patria adjacenti intulit multa dampna.

CAPITULUM XXXIII.

Nuncii regis mittuntur ad ambos qui se pro summis pontificibus gerebant.

Die dedicacionis ecclesie beati Dyonisii, rex Karolus ad eamdem ecclesiam more solito accedens, non in habitu regali, more progenitorum suorum, in processione et missa interfuit, cum jam egritudine consueta inciperet molestari, qua usque secundam ebdomadam mensis jullii, modo quo superius dictum fuit, vexatus est.

Et quia cum rege Anglie Richardo nuper tractando de unione Ecclesie, ipsi duo ad ambos qui pro summis pontificibus se gerebant nuncios constituerant destinare, auctoritate ipsius Egidius de Campis et Johannes Brevis Coxe, in sacra pagina excellentissimi professores, cum quibusdam militibus hac legacione functi sunt. Tot eciam numero parte Castelle et Anglie regum missi sunt ambassiatores solemnes; et hii primo, nomine regis Francie, dominum Benedictum requisierunt humiliter et obnixe ut, pro Dei reverencia proque tam mortifera fuganda peste scismatica, viam cessionis acceptare ac sic egroto gregi Domini mederi misericorditer dignaretur. Quam cum multis subterfugiis improbasset, mox nuncii summaverunt seu requisierunt eumdem illa vice pro omnibus, ut infra certum terminum ipse et adversarius ejus taliter laborarent, ut Ecclesia sancta Dei sub unico, vero et indubitato papa maneret in pulcritudine pacis. Verbis eciam addiderunt quod, casu quo sic actum non foret et ad effectum deductum, predictorum regum intencionis existere pro ipso scismate sopiendo effectualiter

ni si général que l'année précédente. Cependant il causa beaucoup de dégâts dans le diocèse de Paris et dans le pays d'alentour.

CHAPITRE XXXIII.

Le roi envoie des ambassadeurs aux deux prétendus papes.

Le jour de la dédicace de l'église de Saint-Denys, le roi Charles se rendit, suivant sa coutume, à l'abbaye; mais il n'assista point à la messe ni à la procession en habit royal, comme le pratiquaient ses prédécesseurs; car il venait d'éprouver une nouvelle atteinte de sa maladie : les accidents que nous avons déjà rapportés plus haut se reproduisirent, et durèrent jusqu'à la seconde semaine du mois de juillet.

Dans les dernières conférences qui avaient eu lieu avec le roi Richard au sujet de l'union, les deux rois étaient convenus d'envoyer des ambassadeurs aux deux prétendus papes. Le roi de France chargea de cette mission Gilles des Champs et Jean Courtecuisse, fameux docteurs en théologie, ainsi que plusieurs chevaliers. Les rois de Castille et d'Angleterre envoyèrent également des députés en leur nom. Les ambassadeurs s'adressèrent d'abord à monseigneur Benoît et le supplièrent humblement et instamment, de la part du roi de France, d'accepter la voie de cession, pour l'honneur de Dieu et pour l'extinction de l'exécrable schisme, et de daigner prendre en pitié les souffrances du troupeau du Seigneur. Mais quand ils virent que le pape éludait leur demande par toutes sortes de subterfuges, ils le sommèrent et le requirent une fois pour toutes de pourvoir, de concert avec son compétiteur, à ce que la sainte Église de Dieu jouît, dans un délai déterminé, d'une paix profonde sous l'obéissance d'un seul et véritable pape. Ils ajoutèrent que, au cas où ce qu'on leur demandait n'aurait pas été réglé et accompli, lesdits rois avaient l'intention. d'aviser efficacement à l'extinction du schisme, de chercher et d'employer toutes les voies et tous les moyens propres à rétablir sans plus de retard l'union de l'Église, et de travailler de tout leur pouvoir à

providere, querere et procurare omnes vias et modos quod sine ampliori dispendio ipsa Ecclesia uniretur; iterum et quod procurarent toto posse, ut cessarent omnia quibus et per que presupponebatur et poterat verissimiliter presupponi induracionem ipsius pestilentis scismatis usque nunc fuisse protensam.

Ipse autem, in duricia solita perseverans, dixit non sibi satis sufficienter persuasum quod deberet acceptare viam illam cessionis, cum fratribus tamen suis iterum de materia ista lacius loqueretur, et inde regibus suum significaret intentum. Ambassiatores vero, adversarium adeuntes, cum, predicta intimantes, ab ore Anglicorum supplicatum fuisset ut viam cessionis ассерtaret pro assequenda Ecclesie unitate, tandem rogatus ab aliis, quasi una lingua cum Benedicto respondens in substancia dixit: Tam brevi tempore super tam gravi materia deliberare non « possem ; quamprimum tamen potero, cum fratribus meis et << aliquibus principibus tam presentibus quam absentibus super

«

<< hac deliberare intendo, et ipsis regibus meam intencionem

<< nunciare. >>

Sic ambassiatores predicti redeuntes, et nichil utilitatis penitus referentes ad propositum unionis, in presencia regum constituti, id solum asseruerunt, quod ambo qui Petri cathedram occupabant, ambicione nimia excecati, in auctoritate sua intendebant pertinaciter permanere.

CAPITULUM XXXIV.

Ad honorem regni aliqua consiliarii regii decreverunt.

Qui regni disponendis arduis ex officio incumbebant, circumspectorum virorum attendentes sentenciam, quod propter

faire cesser les obstacles qu'on supposait ou qu'on pouvait vraisemblablement supposer avoir contribué jusqu'ici à la prolongation de ce déplorable schisme.

Benoît, persévérant dans son endurcissement, répondit qu'il n'était pas suffisamment convaincu qu'il dût accepter la voie de cession; que toutefois il en délibérerait plus à fond avec ses frères, et qu'il ferait connaître son intention aux rois. Les ambassadeurs allèrent ensuite trouver son compétiteur et lui firent les mêmes demandes. Les envoyés d'Angleterre, qui portèrent la parole, le supplièrent d'accepter la voie de cession dans l'intérêt de l'union de l'Église. Les autres se joignirent à eux pour le presser. Il leur tint le même langage que Benoit : « Je <«< ne pourrais, leur dit-il, prendre une décision en si peu de temps <«< dans une affaire si importante. Toutefois, dès que je le pourrai, j'en «< conférerai avec mes frères et quelques princes de mon obédience, << présents et absents, et je ferai connaître mon intention aux rois. »

Les ambassadeurs partirent donc sans avoir réussi dan sleurs efforts en faveur de l'union. Lorsqu'ils furent de retour auprès de leurs maîtres, ils n'eurent rien autre chose à leur annoncer, sinon que les deux personnages qui occupaient la chaire de saint Pierre, aveuglés par leur excessive ambition, ne songeaient qu'à se maintenir obstinément en possession de leur autorité.

CHAPITRE XXXIV.

Mesures prises par les conseillers du roi dans l'intérêt du royaume.

Ceux qui étaient à la tête du gouvernement pensèrent, conformément à l'avis des personnes sages, que c'était en raison des crimes

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