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CAPITULUM II.

Regis sanitas per supersticiosos homines procuratur.

Ante tractatum predictum, cum decuriones nobiles solitam regis egritudinem curare licitis et illicitis indifferenter procurarent, dominus Ludovicus Sacri Cesaris, Francie marescallus, duos supersticiosos viros ab oris Guienne destinavit Parisius, et, ut fama publica referebat, in medicina et arte magica quamplurimum eruditos. Antiquiori Petrus nomen erat, alter vero Lancelotus vocabatur. Et quamvis ambo ordinis fratrum heremitarum sancti Augustini se professores dicerent, nichilominus armati sub laycali habitu publice incedebant, apostasiam taliter excusando, ut sic viarum vitarent pericula, et ne invidorum circumvenirentur insidiis. Parisius igitur cum venissent, in regio castro sancti Antonii jussi sunt habitare, ad eorum custodiam cliente regio constituto, qui victum cotidianum sumptibus regiis ministraret dapsiliter. Ad conspectum quoque ducis Burgundie sepius accedentes, firmiter asserebant quod infirm itas regia non naturaliter, sed per extrinseca maleficia procedebat, spondentes quod in proximo eorum ope ac industria incolumitatem integram obtineret. Quamvis, ministerium suum inchoantes, aque cum pulverisatis gemmis distillate potu et cibo regis eorum consilio miscerentur, que secundum medicos cuiquam nocere non poterant, ulterius tamen adipiscendum intentum magicis artibus intendebant; quod multi sane doctrine reprobabant, asserentes regem non posse sanari nisi divina gracia mediante.

Ad hanc sane cicius impetrandam, totus populus Francie incessanter devotas oraciones fundebat ad Dominum. Pluries

CHAPITRE II.

On essaie de rendre la santé au roi par l'entremise des sorciers.

par

Les seigneurs de la cour cherchaient à guérir la maladie du roi tous les moyens possibles, licites ou illicites. Avant le susdit traité, messire Louis de Sancerre, maréchal de France, avait envoyé des marches de Guienne à Paris deux sorciers qui passaient pour fort habiles en médecine et en magie. Le plus âgé s'appelait Pierre, l'autre Lancelot. Ils se disaient tous deux professeurs de l'ordre des frères ermites de Saint-Augustin. Cependant ils se montraient en public avec des armes et sous des habits séculiers, s'excusant de cette apostasie sur la nécessité où ils étaient de se garantir des périls du voyage et d'échapper aux piéges de leurs ennemis. Lorsqu'ils furent arrivés à Paris, on les logea au château royal de Saint-Antoine, et on les plaça sous la garde d'un sergent qui était chargé de leur fournir, aux frais du roi, toutes les choses nécessaires à leur subsistance de chaque jour. Ils allaient souvent trouver le duc de Bourgogne, et lui soutenaient avec assurance que la maladie du roi n'était pas naturelle, et qu'elle provenait de maléfices extérieurs. Ils promirent que dans peu le roi recouvrerait entièrement la santé, grâce à leur art et à leurs soins. Ils se mirent donc à l'oeuvre. Ils firent d'abord mêler à la boisson et aux aliments du roi de l'eau distillée avec des perles qu'on avait réduites en poudre; remède qui, au dire des médecins, ne pouvait faire aucun mal. Ils voulurent ensuite procéder par la magie; mais bien des gens sages réprouvèrent ce moyen, disant que le roi ne pouvait être guéri que par la grâce divine.

Pour hâter le moment de cette guérison, tout le peuple de France ne cessait d'adresser à Dieu de ferventes prières. Plusieurs fois aussi

eciam isto mense viri ecclesiastici cum utriusque sexus plebis innumerabili copia, solemnes et devotas processiones facientes Parisius, , per ambitum domus regie sancti Pauli summum medicum corpus Christi detulerunt. Sicque tandem Deus ex alto miseratus, secunda ebdomada jullii, regi contulit sanitatem. Unde ne ingratus videretur, die sequenti, qui fuit dies lune, ad Nostram Dominam Parisiensem in habitu regali peregre profectus est, et inter missarum solemnia Deo gracias persolvit. Qua die eciam et ob hanc causam ecclesie beati Dyonisii venerabilis conventus peregit processionem solemnem apud Stratam.

Ab hac die usque ad diem veneris sequentis ebdomade sani intellectus et conversacionis honeste capax fuit, sed sequenti die mente se alienari senciens, jussit sibi cultellum amoveri, et avunculo suo duci Burgundie precepit ut sic omnes facerent curiales. Tot angustiis pressus est illa die, quod sequenti luce, cum prefatum ducem et aulicos accersisset, eis lacrimabiliter fassus est, quod mortem avidius appetebat quam taliter cruciari, omnesque circumstantes movens ad lacrimas, pluries fertur dixisse : « Amore Jhesu Christi, si sint aliqui conscii hujus mali, oro ut me non torqueant amplius, sed cito diem <«< ultimum faciant me signare. »

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Dum sic intollerabiliter premeretur, quidam ex curialibus predictos apostatas adeuntes, tanquam Belsebuth consulturi, quesierunt cur rex sic recidivasset. Qui, qua conjectura ignoramus, consuluerunt ut barbitonsor regis, vocatus Mellinus, qui die precedente comam ejus aptaverat, et quidam alter qui domum ducis Aurelianis custodiebat, caperentur et ergastulis ponerentur. Aulici mandato mox paruerunt; et quamvis supersticionibus minime credendum sit, inde tamen plurimi

dans le courant du mois, le clergé de Paris, accompagné d'un nombreux concours d'hommes et de femmes, fit de solennelles et pieuses processions, et promena autour de l'hôtel royal de Saint-Paul le sacré corps de Notre-Seigneur comme le plus souverain de tous les remèdes. Enfin Dieu jeta du haut des cieux un regard de miséricorde sur la France, et rendit la santé au roi la seconde semaine de juillet. Le lendemain, qui était un lundi, le roi, pour reconnaître ce bienfait, fit un pélerinage à Notre-Dame de Paris, en habit royal, y entendit la messe et offrit des actions de grâces à Dieu. Le même jour et pour la même cause, les vénérables religieux de l'abbaye de Saint-Denys allèrent en procession solennelle au prieuré de l'Estrée.

Depuis ce jour jusqu'au vendredi de la semaine suivante, le roi jouit de son bon sens et fut en état de s'occuper de choses sérieuses. Mais le lendemain, sentant revenir ses accès de démence, il demanda qu'on lui ôtât son couteau, et donna ordre au duc de Bourgogne qu'on en fit autant à tous les gens de la cour. Il avait éprouvé ce jour-là de telles souffrances, que le lendemain il fit venir ledit duc et d'autres seigneurs, et leur déclara en pleurant qu'il préférait la mort à de pareils tourments; il arracha des larmes à tous les assistants, en leur répétant plusieurs fois, dit-on : « Au nom de Jésus-Christ, s'il en est parmi vous « qui soient complices du mal que j'endure, je les supplie de ne point « me torturer plus longtemps et de me faire promptement mourir. »

Pendant que le roi était en proie à ces souffrances insupportables, quelques seigneurs allèrent consulter les deux apostats, comme s'ils se fussent adressés à Belzébut, et leur demandèrent à qui l'on pouvait attribuer cette rechute. Ceux-ci leur conseillèrent, sur je ne sais quel fondement, de faire arrêter et jeter en prison le barbier du roi, nommé Mellin, qui l'avait coiffé la veille, et un autre homme qui était concierge de l'hôtel du duc d'Orléans. Les seigneurs suivirent ce conseil. Quoiqu'il ne faille pas ajouter foi à la sorcellerie, beaucoup de personnes espérèrent qu'on pourrait par ces gens-là connaître la vérité au sujet

quo

letati sunt, credentes per istos posse sciri veritas maleficii, vexari regem indubitanter credebant. Per tactum namque solummodo, ut ipsi asserebant, poterat quis ad amenciam deduci; et, ut communiter dicebatur, pluries barbitonsorem illum solum et hora suspecta in patibulo Parisiensi viderant. Quare suspicabantur ne aliquid ibi caperet, unde posset aliquod sortilegium facere vel conficere venenum. Quicquid tamen vulgus obloqutus fuerit contra istos, mendacio ascribimus; nam scimus quod, post diuturnum perpessum ergastulum, immunes abire libere permissi sunt, et absque corporis jactura vel bonorum cum convicaneis sicut antea habitare.

CAPITULUM VIII.

De promocione quorumdam aulicorum in regis curia.

Circa finem hujus mensis, rex incolumis effectus, quosdam officiales aulicos de novo instituens, dominum Jacobum de Borbonio, cognatum ducis Borboniensis, loco domini Inguerranni de Couciaco, qui de Hungaria rediens obierat, buticularium Francie ordinavit; et hic more solito vicesima septima die jullii solemne juramentum fecit de fidelitate servanda in officio predicto. Dominum eciam Hutinum Dosmont loco domini Guillelmi de Bordis, utique fidelissimi militis, et qui vulgo male pocionatus obierat, statuit vexilliferum suum, et ut ferret auriflammam; et hic publice in domo regia sancti Pauli fidelitatis prestitit juramentum, in presencia regum Francie et Navarre, Biturie, Burgundie et Borbonnensis ducum, aliorumque baronum multitudine copiosa. Verum quia prefatus dominus Guillermus vexillum illud retinuerat penes se, nec a tenpore quo sibi traditum fuerat, non fuerat deplicatum, hoc rex

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